Ah, les voyages temporels et leurs cortèges de paradoxes... Cette manière de jouer dangereusement avec la réalité, de prendre le risque de la modifier, avec des conséquences qui peuvent s'avérer néfastes, voire catastrophiques... Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Isaac Asimov s'y frotte rarement, voire jamais. Son approche très "physicienne" de la science-fiction est assez éloignée de la poésie que requiert un récit de voyage dans le temps.

Une pincée d'Asimov...

Et bien il a trouvé le moyen de nous décrire Le Voyage Temporel à la Sauce Asimov, méticuleusement organisé, aux mains d'un organisme administratif secret qui modifie la Réalité pour le bien de l'Humanité - rien que pour son bien, promis juré.
Le personnage central, sorte de scientifique-fonctionnaire frustré et mal dans sa peau, nous sert de guide dans une micro-société toute puissante, autarcique et paranoïaque, justifiant tous ses actes grâce à son "devoir" de maintenir l'Humanité dans la "bonne" direction. Nous ne sommes pas si loin de l'Amérique de 1965 - date de parution originale du roman - où de grosses agences fédérales pensaient pouvoir imposer leur vision d'un monde parfait à l'échelle mondiale...

Et ça marche !

Ce roman, un peu terne au premier abord, démarre difficilement - nous sommes loin des personnages charismatiques et hauts en couleurs qui fourmillent chez Asimov - mais nous offre une histoire riche en rebondissements et diverses pirouettes "asimoviennes" assez jouissives.