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La Grande Pluie
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La Grande Pluie

Inconnu en France en dehors du roman La Grande Pluie, John Bowen reste pour nos voisins britanniques l’auteur de nombreuses pièces pour le théâtre et la télévision. Après une douzaine de romans et quatre recueils de nouvelles dont la plupart figurent dans un registre de « littérature générale », il publia son dernier livre, No Retreat, en 1994 (un récit dont l’action se déroule dans un monde où les nazis ont gagné la guerre, etc.) La Grande Pluie est paru en 1964 chez l’éditeur multiséculaire Le Mercure de France, connu des amateurs de SF pour avoir fait découvrir au lectorat hexagonal les œuvres de Herbert Georges Wells, il y a bien longtemps...


Le Royaume-Uni, son sens de l’humour, son climat…


Les scientifiques, on le sait, sont fréquemment pourvus d'un don inné et remarquable pour stimuler l'entropie et provoquer les pires catastrophes. Il suffira ici d’une tentative pour faire tomber la pluie au Texas en utilisant certaines propriétés électriques de l’atmosphère pour causer les pluies les plus torrentielles jamais répertoriées. Mais de là à noyer la Terre en quelques mois, même le plus desséché des Texans n’en demandait pas tant ! Le narrateur, journaliste pour un quotidien à sensations, parviendra à survivre assez longtemps au déluge pour intégrer l’équipage hétéroclite d’un radeau expérimental jadis financé par une grande marque d’aliments synthétiques… Un petit comptable binoclard mégalomane, un culturiste peut-être secrètement intelligent, un prêtre agnostique et bien d’autres personnages extravagants affronteront avec plus ou moins de courage la montée des eaux et ses conséquences. Mais quel type de civilisation pourrait bien émerger d’une telle assemblée ?


Le naufrage de l’humanité ?


Si Joseph Bowen se débarrasse en une pincée de chapitres des causes du déluge et de ses conséquences immédiates, c’est pour mieux concentrer l’action sur la micro société de survivants qui compose le radeau. Anxieux, souvent veules, les protagonistes sont toujours intéressants et, tous comptes faits, aussi humains que possible. Ce n’est peut-être pas un compliment, mais cela n’est pas non plus insultant, tout au plus un constat désabusé. Pour paraphraser Kurt Vonnegut (dont le frère, Bernard Vonnegut, fut l’inventeur d’une méthode encore utilisée pour générer artificiellement des averses), on pourrait se contenter de soupirer : « C’est la vie… » C’est en effet une expression qui illustre à merveille l’attitude des personnages, qui acceptent sans se poser de questions superflues tout ce que leur imposera leur leader autoproclamé. Cette insane soumission à l’autorité, stimulée par des conditions de survie malaisées dans un monde inondé, constitue le motif essentiel de La Grande Pluie. L’illustration qu’en fait l’auteur à travers le comportement des naufragés est remarquablement vivante, à la fois drôle, juste et un peu inquiétante : exactement le type de récit à réserver pour un long week-end humide, en espérant l'éventuel retour de la saison sèche… 

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