Né en 1969 dans les Hauts de Seine, Manu Larcenet a toujours aimé la bande dessinée. Dès l’âge de 10 ans, il exerce ses pinceaux et ses crayons. Après quelques aventures dans la musique, il commence à travailler à Fluide Glacial en 1994 à 25 ans. Depuis, il enchaîne les albums et les séries (Les Cosmonautes du futur, Les Entre-Mondes, Le Retour à la terre, Donjon Parade) jusqu’à recevoir le Grand prix d’Angoulême cette année pour Le Combat ordinaire dont la suite vient de paraître. Entre temps, il vient de sortir La Ligne de Front. Un drôle d’uchronie avec Vincent Van Gogh en personnage principal en pleine première guerre mondiale (alors que le vrai est mort en 1890).
Vincent, Morancet, les soldats et les autres…
En pleine première guerre mondiale, le Président de la République française a bien du mal à comprendre ses soldats. Mais pourquoi diable sont-ils aussi nombreux à déserter ? Quelqu’un a alors une idée simple et géniale : envoyer Vincent Van Gogh au front pour qu’il peigne « l’esprit » de la guerre. Des tableaux pour que le Président puisse se faire une idée de ce qu’il se passe pendant les combats. Le peintre, dont la mort avait été simulée pour étouffer une sale affaire d’espionnage en 1890, n’a pas d’autre choix que d’accepter. Il sera accompagné de l’incompétent général Morancet avec l’horreur au bout de leur voyage.
Du talent pour une belle réussite
La Ligne de front est tout simplement un excellent album qui confirme tout le talent de Manu Larcenet. Encore une fois, en 48 pages, il arrive à nous faire rire (jaune) et à nous émouvoir. Et pas seulement ! Au-delà de la simple histoire de Van Gogh au front (avec sa rocambolesque explication sur sa fausse mort et sa passion pour les tournesols), on trouve une extrême richesse dans ce récit et de nombreuses pistes de réflexion, que ce soit sur la guerre ou sur les différences de points de vues entre les trouffions qui meurent au combat et les dirigeants politiques qui aiment l’idée de sacrifice lorsqu’elle ne s’applique pas à eux. Un scénario dense illustré parfaitement par les dessins. C’est fou comme ces derniers servent bien l’histoire, Larcenet jouant à merveille des expressions sur les visages, des silences dans les discussions et dans les cases, des couleurs pour marquer les ambiances… Il y a ici du talent pour réussir aussi bien cet album tant au niveau graphique qu’au niveau scénaristique. En résumé, entre dénonciation de la guerre, rire et émotion, voilà une BD qui vous prend aux tripes. Une des meilleures qu’il m’ait été donnée de lire ces derniers temps. A lire absolument !!!
Clive Barker