Jusqu'au 10 décembre, participez au nouveau projet des Saisons de l'Etrange sur Ulule, La Ligue des Ecrivaines Extraordinaires - La relève.
Actusf : Vous venez de lancer la deuxième édition de votre Ligue des Ecrivaines Extraordinaires, avec de nouveaux personnages mais aussi de nouveaux monstres. D’où vient cette idée à l’origine ?
Démona : Une idée née d’un bavardage, les êtres humains bavardent beaucoup, parfois une idée s’incruste dans la conversation.
Christine Luce : Mais…
Démona : Ne bavarde pas !
Actusf : Pouvez-vous présenter le projet en quelques mots ?
Démona : Un projet phénoménal ! Question suivante.
Christine Luce : Peut-être puis-je un peu développer, Démona ? Oui ? Merci, ô glorieuse ! Alors notre collection est tout à la fois un ensemble de courts romans d’évasion, de pulps en hommage à notre culture de l’imaginaire et de création littéraire ouverte aux femmes dans ce domaine encore peu fréquenté par elles.
Actusf : Selma Lagerlöf, Virginia Woolf, Renée Dunan... Trois écrivaines géniales, mais pourquoi les avoir choisies elles en particulier ?
Démona : Tant d’écrivaines talentueuses attendent dans le purgatoire de la littérature ! Pourquoi pas celles-ci parmi les autres ?
Christine Luce : C’est vrai que le choix aurait pu être différent. Cependant, outre des tempéraments particuliers et de solides individualités, ces trois femmes de lettres du début du XXe siècle possèdent une qualité supplémentaire à nos yeux : elles ont écrit de la littérature de genre. Inutile de rappeler le roman d’initiation, Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, de Selma Lagerlöf, mais nouvelliste de talent, elle a aussi narré de prodigieuses histoires fantastiques et exploré Le Monde des Trolls. Orlando, qualifié de la plus longue lettre d’amour par le fils de la poétesse à qui Virginia Woolf le dédia, s’empare de l’étrange et son personnage masculin s’éveille en femme à mi-chemin pour achever sa quête de littérature. Renée Dunan, personnalité forte qui impressionna ses contemporains, anticonformiste, n’hésita pas à se lancer dans les mauvais genres avec le plus bel aplomb, dont un cycle entier de science-fiction : Le Roman de la fin des Hommes.
Actusf : Les aventures de ces trois femmes, devenues personnages fictifs sous la plume de vos autrices, sont-elles directement liées à ce qu’elles ont vécu à leur époque ou à leur univers narratif ?
Démona : Bien entendu ! Me croiriez-vous capable de raconter des histoires ?!
Christine Luce : Je me garderai bien de contredire Démona, vous n’imaginez pas les suites après l’entretien… Les événements sont survenus lors d’un « passage blanc » au cours de leur vie publique et privée, qu’aucun biographe n’a jamais pu identifier, car la Ligue des écrivaines extraordinaires en a protégé le secret jusqu’à l’an dernier.
Actusf : Vous présentez cette ligue comme ayant été inspirée par les pulps d’antan, les histoires d’horreur et les séries B... Quelles ont été les plus grandes inspirations de cette collection ?
Démona : Morticia et Wednesday sont des amies intimes, vous connaissez la Famille Addams, je l’espère ? Mon cousin, le Maître de l’étrange préfère les Contes de la crypte, question d’os crochus, je pense.
Christine Luce : Les inspirations sont multiples, chacune apporte sa pierre (tombale) à la Ligue pour bâtir un « Universe » façon comics, elles sont issues de l’extraordinaire réservoir de monstres depuis la Bête de Madame Leprince de Beaumont. Des monstres qui ont hanté la littérature puis l’illustration, le cinéma et la télévision, la bande dessinée, les jeux vidéo, aujourd’hui indissociables de nos cultures : loups-garous, vampires, créature de Frankenstein, momies, trolls, entités lovecraftiennes, mutants.
Actusf : Finalement, il s’agit d’une série écrite par des femmes, plaçant des femmes au cœur de la narration, mais s’adressant à un lectorat plus vaste. Quelle est la motivation derrière cette démarche ?
Démona : Pourquoi donc me priverait-on d’une moitié de l’humanité lectrice ?
Christine Luce : Démona parle juste ! Oui, nos personnages principaux sont des femmes, et nous sommes une équipe de femmes à la conception, à la rédaction, et même à la promotion comme vous le constatez. Notre motivation est simple : nous aimons le pulp, nous en écrivons, et nous le proposons à toutes et tous, quoi de plus naturel ?
Estelle Hamelin & Marine Rencelot