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La Lune seule le sait

Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 01/02/2016  -  livre
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La Lune seule le sait

Johan Heliot, né en 1970, est un écrivain français de science-fiction également professeur de français et d'histoire-géographie dans la Haute-Saône. Il fait partie de la nouvelle génération d'auteurs français de l'imaginaire apparue au tournant du millénaire. Il a publié aux éditions Mnémos plusieurs uchronies d'ambiance steampunk dont le cycle de la Lune. Il a également publié d'autres romans dans différents genres, et se tourne de plus en plus vers l'écriture pour la jeunesse. Il a écrit des ouvrages avec Xavier Mauméjean. La Lune seule le sait a reçu le prix Rosny-Aîné 2001.
 
Luttes socialistes et extraterrestres
 
Le Paris de 1889 a vu débarquer les Ishkiss, des extra-humains. Ceux-ci deviennent les alliés de l'empereur Louis Napoléon, un tyran qui censure les libertés et réprime les socialistes dans le sang.
 
Pourtant la révolte gronde, depuis Guernesey où se cache Babiroussa et depuis le bagne installé sur la Lune où est enfermée Louise Michel. Jules Verne va sortir des Caraïbes et faire le lien entre les deux. Ce faisant, il va dévoiler les véritables intentions de Louis Napoléon et déclencher une révolution qui va changer les relations entre humains et Ishkiss, et modifier l'avenir de l'humanité entière.
 
Un roman à multiples facettes
 
Ce livre est une uchronie steampunk qui cache bien son jeu et, sous couvert d'une aventure vécue par Jules Verne en personne, nous fait aller de surprises en découvertes et enchaîne des trouvailles absolument géniales. Pêle-mêle : les 9 cercles de l'Enfer de Dante, l'ingénierie biologique, l'alliance du métal et du vivant, les autres formes de communication et d'organisation sociale extra-humaines ; l'auteur ne s'arrête plus et dévoile ses idées aux lecteurs à la fois horrifiés et fascinés que nous sommes.
 
En effet, il y a de tout dans ce livre à facettes multiples : du policier et de l'espionnage, de l'aventure, de la critique sociale et politique, et de la SF pure de haut niveau. C'est ce qui fait la richesse de cette histoire qui en contient plusieurs.
Le roman commence sur la soif d'aventure et de liberté de Jules Verne qui fait partie des intellectuels socialistes en lutte contre la tyrannie instaurée par Louis Napoléon dans une France marquée par l'horreur des combats entre la Commune et les Versaillais. Cette lutte politique et sociale, menée par Jules Verne, le mystérieux Babiroussa, Louise Michel et Isidore Bautrelet, fonde l'intrigue principale du roman.
 
Des extraterrestres mystérieux
 
Petit à petit, les extraterrestres débarqués à Paris en 1889 font leur apparition dans le roman qui commence une dizaine d'années plus tard. C'est un parti-pris de l'auteur : au lieu de décrire l'arrivée extraterrestre de manière objective, il nous montre ces extra-humains déjà implantés dans le décor, face à des humains à la fois habitués (les Parisiens), stupéfaits (Jules Verne) et horrifiés (les policiers Jaume et Andrieux). C'est à travers le regard des personnages qu'on part à la découverte de ces êtres radicalement différents.
 
Les extra-humains décrits ici relèvent de l'ingénierie biologique, ainsi que de l'association entre le vivant et le métal au moyen de la technologie humaine. Cela fait penser à d'autres créations de science-fiction comme les Zergs de la trilogie StarCraft, les vaisseaux (vivants ?) Cylons de Battlestar Galactica, le "mécanhumanimal" d'Enki Bilal, ou, dans une moindre mesure, les recréations génétiques des scientifiques d'Alien 4 résurrection. L'œuvre de Johan Heliot se place donc dans ce qui est en train de devenir un courant de la SF : la maîtrise technologique et la restructuration du vivant, du biologique, avec l'appui du métal. On est ici dans du post-humanisme ou du transhumanisme, car les personnages du roman vont eux aussi expérimenter ces transformations.
 
Les Ishkiss se caractérisent aussi par leur méta-conscience, qui regroupe les consciences de tous les êtres, toutes origines confondues, dont la réunion forme le collectif Ishkiss. Dans cette société, les individus s'effacent devant le bien commun. Et on arrive à un point de convergence entre l'utopie socialiste du XIXe siècle développée par le roman, et le modèle du "bien collectif" que proposent les Ishkiss. La boucle est bouclée.
 
Dans un style riche, à la fois précis et poétique, l'auteur nous emmène sur les traces de Jules Verne qui vit une aventure qui va bien au-delà de tout ce qu'il a pu imaginer. L'auteur fait preuve d'ambition en se présentant comme meilleur écrivain de science-fiction que Jules Verne en personne, mais il n'a pas tort car ce livre est vraiment extraordinaire. À découvrir sans hésiter. 

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