- le  

La machine à bonheur

James Gunn ( Auteur), Prudence Bakouny (Traducteur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/11/1997  -  livre
voir l'oeuvre
Commenter

La machine à bonheur

James E. Gunn fait partie de ces auteurs injustement considérés comme mineurs, alors qu’ils ont abondamment contribué au genre. Novelliste prolifique, James Gunn a souvent figuré, en France, au sommaire des vieux numéros de Fiction et Galaxie. Absent des rayonnages de nos librairies depuis trop longtemps, la récente réédition de deux de ses romans (Les magiciens et Le pont sur les étoiles) annonce, espérons-le, une redécouverte... Comme nombre de ses confrères, de Robert Sheckley à Greg Bear, James Gunn a prêté sa plume à l’excellente série télévisée Star Trek. Cette fois, il s’agit de l’exploitation d’un des scénarios proposés dans les années soixante par, excusez du peu, le grand Theodore Sturgeon, et refusé par la production sous le couvert d’abracadabrants prétextes budgétaires... James Gunn rattrape ce rendez-vous manqué en tirant élégamment profit du sujet, un thème idéal pour cette rentrée de septembre après de longues vacances au soleil...

Starfleet, contre la dictature immorale du travail salarié...


Les choses ont bien changé sur Timsha, la planète sur laquelle Starfleet a envoyé le capitaine Kirk en mission. La population y est désormais munie d’un bracelet qui procure à chaque individu qui le porte un bonheur parfait, à condition de se soumettre à ses obligations sociales car selon l’ordinateur qui le dispense, le bonheur est le compagnon inséparable du travail. Pour un membre de la Fédération, c’est une véritable aberration : effectué en vue d’une récompense, le travail perd tout son sens ! Il y a pire encore : ce grave danger, peut-être le plus terrible auquel elle ait jamais eu à faire face, menace à présent toute la Fédération Intergalactique... En effet, le bonheur généré par la machine des Timshelliens est sur le point de contaminer tous les quadrants de la galaxie comme un virus fatal... Qui aura le courage de se rebeller contre la félicité obligatoire ?

En avant toute, distorsion 8 !

C’est avec un petit rictus condescendant que l’on aborde parfois les novellisations et adaptations de films et séries. Pourtant, ces romans souvent aussi vite écrits que lus méritent parfois de retenir l’attention, lorsqu’ils ne se contentent pas de n’être que des produits dérivés destinés à exploiter un créneau commercial. C’est le cas de La machine à bonheur, un roman qui fait honneur à la série dont il est tiré. L’un des avantages à écrire un récit qui se déroule dans un univers déjà bien balisé réside en grande partie dans la psychologie des personnages. Tous les familiers de l’Entreprise connaissent le bouillant capitaine Kirk, l’ingénieur Scotty et son air naïf, ce vieux ronchon de docteur Mac Coy, l’officier des communications Uhura : pour nous, ils vivent déjà… James Gunn, dans ce récit, concentre ses forces sur James T. Kirk et c’est avec plaisir que nous retrouvons notre vieux baroudeur, toujours aussi prompt à l’action et bien-aimé des plus jolies créatures du quadrant Alpha. L’intrigue du roman reste parfaitement conforme à ce que l’on attend d’un épisode de la série originale, avec un dosage savant d’action et de réflexion. N’oublions pas que le concept des séries de cet univers attachant, loin de n’être qu’un vulgaire divertissement, saturé d’action et d’effets spéciaux, nous parle surtout d’utopie, d’éthique et de philosophie ! Des vaisseaux comme l’Entreprise, ou Voyager, symbolisent l’unité et la fraternité entre espèces humaines et extraterrestres, une image bienvenue dans les États-Unis de la fin des années soixante où la ségrégation était sur le point d’être abolie... Un seul regret après avoir refermé ce livre, c’est la relative discrétion de Monsieur Spock. Serait-ce parce que le bonheur parfait n’appartient pas au domaine de la logique ?

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?