La migration annuelle des nuages est un roman de Premee Mohamed, publié par L’Atalante en début d’année. Il fait partie d’une série en 3 tomes, dont le second vient de paraître en mars toujours chez L’Atalante, Ce qui se dit par la montagne. Un tome 3 The first Thousant Trees doit sortir en langue anglaise fin septembre. La traduction française est signée Marie Surgers.
Futur proche, dans un monde post-apocalyptique, les humains essayent de se reconstruire en vivant reclus dans de petites communautés en autarcie. L’extérieur est un monde inconnu dont les gens connaissent seulement quelques bribes. Beaucoup de personnes sont infectées par un virus appelé le Cad, venant d’un parasite qui modifie le comportement de son hôte. Reid, une jeune fille vivant seule avec sa mère, est porteuse de ce parasite. Sa vie va être bouleversée par l’arrivée d’une lettre d’admission à l’Université, loin de sa communauté, dans une ville construite sous un dôme. L’heure des questionnements pour Reid est arrivée : est-elle prête à quitter sa communauté pour une nouvelle vie ?
Le monde proposé par l’autrice est vu au travers des yeux de son héroïne, qui sait assez peu de choses du passé, de l’extérieur, de la vie en dehors de ce qu’elle a toujours connu. On apprend ainsi par bribes ce qui constitue la communauté, et ce qu’était le monde auparavant, essayant peu à peu d’assembler toutes les pièces du puzzle. Le récit est calme et posé, presque introspectif, intime. C’est une histoire sur la réflexion, les tiraillements existentiels d’une jeune femme sur le passage à l’âge adulte dans un monde qui ne le permet pas. L’autrice prend son temps pour parler de la vie de Reid, de tout ce qui l’inquiète. C’est peut-être un peu long pour une novella, surtout quand on se dit qu’il faudra attendre la suite pour connaître l’impact de la décision de Reid.
Les réflexions sur notre monde actuel sont nombreuses, notamment sur nos valeurs et ce qui a amené à la catastrophe. Il est appelé « le monde d'avant » dans le récit. Ce qui a trait au parasitisme est aussi fort intéressant. Ce parasite se transmet par filiation entre autre. La question de l’impact qu’il aura sur l’avenir de Reid est intrigante, on se demande quelle est vraiment l’influence du parasite. On pense à The last of Us notamment, même si le parasite n’agit pas à la même vitesse. L’écriture de Premee Mohamed est fluide, douce, introspective et juste. Les personnages sont bien construits et intéressants à suivre.
La migration annuelle des nuages est une belle lecture immersive qui porte à la réflexion. Le roman est court et laisse un peu sur sa faim, mais les thématiques sont passionnantes.