Bernard Lenteric a eu un parcours hors norme avant d’être producteur de film et écrivain. En 1980, il écrit son premier roman La Gagne, avant de sortir en 1981 son roman culte La Nuit des Enfants Rois. Jusqu’en 2005, il écrira une vingtaine de roman avant de contracter la maladie de Charcot et de mourir en 2009.
La mathématique des esprits
Jimbo Farrar est un génie. Travaillant pour le compte de Killian Incorporated, il a créé Fozzy, un ordinateur doué d’une intelligence artificielle hors du commun, conçu pour effectuer des calculs complexes, et trouver des génies dans tout le territoire américain. Alors que de nombreuses années passent sans succès, un soir, Jimbo Farrar les trouve enfin ; il discerne, entre des fragments de chiffres, les génies, les Sept qu’il cherchait et qui se cherchent sans le savoir. Et Jimbo les réunira car il faut qu‘ils sachent : « Vous n‘estes pas seul ». 10 ans après, Les Sept vont être réunis pour la première fois, mais alors qu’ils devaient savourer cet instant de bonheur dans leur vie, leur nuit va basculer dans l’horreur. Leur haine sera tournée vers ce monde qui les a privés de cet apaisement qu’ils auraient dû avoir. Leur vengeance sera froide, calculatrice et éternelle. Mais de génie à génie qui saura arrêter l’autre ?…
Un jeu d’enfant
La Nuit des Enfants Rois est un livre culte des années 80. On doit sa réédition à son adaptation cinématographique, The Prodigies, un animé 3D sorti en juin 2011 et réalisé par Antoine Charreyron. Le film survole à sa façon le roman. N'ayant pas été convaincue par cette adaptation plus fantastique, je vous invite si vous êtes curieux ou fan de ce livre, d'aller le voir mais en oubliant totalement le roman de Bernard Lenteric. Si les couvertures des livres de poche reprennent l’affiche du film, on sera agréablement surpris, pour les formats romans, de retrouver ou de découvrir sous une première couverture, la pochette originale du roman, bien plus éloquente.
Ce roman nous parle de cette notion de bien et de mal que n’ont pas les enfants. Pour eux, il n’y a pas de distinction entre écraser des fourmis ou tuer un être humain de sang-froid. L’enfance est dépourvue de morale et la conception de la mort que nous connaissons n’existe pas encore, ce qui fait des enfants les pires bourreaux qu’une société puisse connaître. Sous ce flot de violence, La Nuit des Enfants Rois montre des personnages seuls, tous à la recherche d’un même sentiment : être aimé. C’est ce besoin individuel qui pousse les Sept à tuer pour se rapprocher de celui qui les a réunis, qui les aime, et c’est ce besoin qui pousse le héros, Jimbo Farrar, à protéger ces enfants. Mais comme pour le bien et le mal, il n’y a qu’un pas entre l’amour et la haine… Et un enfant est égoïste.
Avant-gardiste sur bien des points pour son époque, La Nuit des Enfants Rois est un livre qu’on peut considérer comme un classique de la littérature SF Française. Adolescents et adultes seront pris par ce polar mathématique qui soulève bien des questions sur la psychologie de l’être humain. Seul point négatif du roman : quelques fautes de frappe qui n’ont pas été corrigées avant l’impression. Dommage, ceci gâche quelque peu la lecture.