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La porte des mondes

Robert Silverberg ( Auteur), Manchu (Illustrateur de couverture), Patrick Berthon (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 31/12/1998  -  livre
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La porte des mondes

En 1967, avant qu'il n'entame sa longue période d'introspection, Robert Silverberg livre un roman de pur divertissement, et conjugue avec bonheur sa passion du passé et son amour des thèmes classiques de la science fiction. Avec La porte des mondes, il signe l'une de ses premières (si ce n'est sa première) incursion réussie dans genre de l'uchronie.

Uchronie

Quoi de plus naturel en somme pour un jeune anglais, en 1963, de partir à la découverte des merveilles du Nouveau Monde.

Un périple qui n'est pourtant pas si simple qu'il n'y paraît, dans cette réalité alternative, où la Grande Peste de 1348 n'a pas tué un tiers, mais les trois-quarts de la population. Ainsi affaibli l'Occident chrétien n'a pu résister à la pression des troupes ottomanes, qui ont envahi toute l'Europe. Et c'est pour fuir le régime colonial honni, que Dan Beauchamps décide de quitter New Istanbul, que dans son cœur il n'a jamais appelé autrement que… Londres.

Son journal de bord, débute alors qu'il embarque pour un long voyage qui devra le mener jusqu'à Tenochtitlan, la capitale du puissant empire aztèque.

Autre conséquence de la Grande Peste, nul ne fût en mesure d'entreprendre la traversée de l'Atlantique avant le XVIème siècle. Lorsque les colonisateurs arrivèrent dans la vallée de Mexico, ils ne trouvèrent pas un Moctezuma II convaincu d'avoir affaire à la réincarnation de Quetzalcóatl, mais un monarque déterminé, et violent, son successeur, Moctezuma III.

Arrivé à son tour sur les rives du Lac Texcoco, Dan Beauchamps va partir à la découverte d'un pays totalement étranger, apprendre les règles de l'amitié et de l'amour, et découvrir le pouvoir de ces drogues étranges, dont certaines, dit-on, peuvent même vous faire entrevoir d'autres mondes. Des mondes, par exemples, où la Grande Peste n'a tué qu'un tiers de la population de l'Occident…

La drôle d'alchimie de l'uchronie fonctionne à plein

On n'est encore assez proche des productions standard dont Silverberg a inondé le marché tout au long des années 60, même si Jon Davis, son webmaster quasi officiel nous apprend qu'il avait , à l'époque, envisagé d'en faire le premier volume d'une trilogie. Pour les habitués d'œuvres plus tardives, les personnages manqueront singulièrement de profondeur. Pour un peu, le monolithisme de leur caractère nous ferait croire que l'on est dans un roman de Jack Vance (autre auteur pour lequel Silverberg n'a jamais caché son admiration). Toutefois, malgré ces défauts, la drôle d'alchimie de l'uchronie fonctionne à plein. On se laisse prendre à ce petit jeu presque enfantin du "Et si…". D'autant plus, qu'en conteur subtil, Robert Silverberg sait nous guider comme il convient au long des rues et des canaux de Tenochtitlan.

Un petit bonheur qui ne se renouvellera pas tout à fait dans Tombouctou à l'heure du lion, novella qui se situe dans la même univers et que l'on retrouve dans Le nez de Cléopatre, anthologie hâtive déjà chroniquée ici. Alors ne nous reste qu'à attendre avec une certaine impatience la traduction de Roma Æterna, long cycle de nouvelles uchroniques à paraître prochainement, pour voir si Silverberg n'a pas perdu la main.

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