Poul Anderson a écrit une centaine de romans, principalement dans les années cinquante et soixante. De la même manière que le nom de Asimov est associé aux robots, celui d'Anderson fait écho aux voyages dans le temps. Avec une série de nouvelles et de courts romans racontant les aventures de Manse Everard, membre de la patrouille du Temps, il en explore les arcanes.
Maintenir l'Histoire en place
Manse Everard est encore sur la brèche. Des écrits datant de l'Empire romain, pourtant parfaitement connus, semblent soudain contenir des narrations différentes. Signe certain qu'une manipulation temporelle a eu lieu. Traversant les marches de l'empire, une étrange prêtresse exhorte les hordes nordiques à combattre Rome, leur promettant la victoire. Mais quelle est donc cette déesse qu'elle vénère ? Comment réparer la trame temporelle ? Où se situe la déchirure ? Le patrouilleur et une scientifique partent à la recherche des auteurs de ce forfait, sans se douter une seconde de ce qu'ils vont découvrir.
Ensuite, Manse va devoir partir à la recherche d'un appareil temporel, volé par un conquistador. Des pillards, cherchant à pirater la rançon du roi Incas, se sont fait doubler et voler leur engin. À travers le temps, jouant au chat et la souris, le patrouilleur et le soldat vont chercher, l'un à trouver des armes pour mieux conquérir le Nouveau Monde, l'autre à retrouver un scientifique pris en otage et, bien sûr, à ramener le temps dans le droit chemin.
Entre fiction et histoire
Poul Anderson, dans sa série sur la Patrouille du Temps, nous donne plus qu'un simple récit de science-fiction. Certes, les véhicules temporels, leurs accessoires sophistiqués et les armes venues du futur classent bien les ouvrages dans le style SF. La technologie et la science sont la base même de toute l'histoire, formant le socle de la série.
Mais c'est dans le texte, autour de la trame d'aventure, que se trouve la puissance du récit. Avec des mots simples, clairs, évocateurs, nous plongeons droit vers le passé, nous revivons des épisodes clés de l'Histoire. Dans ce troisième volet des aventures de Manse Everard, il s'agit de la fin de l'Empire Romain et de la conquête de l'Amérique du Sud. Avec quelques digressions dans l'Angleterre victorienne...
Une série qui s'essouffle
Malgré ses qualités d'écrivain et son génie, l'auteur commence, on le sent, à manquer un peu d'idées pour ses textes. Qu'il reprenne la même époque ou presque que pour une autre histoire en est un signe. Le fait qu'il n'apporte plus autant de rigueur dans le calcul des conséquences temporelles des actions des héros et des méchants en est un autre, bousculant parfois l'étonnante causalité qu'il a pourtant lui-même inventée.
Nous avons donc ici un tome intéressant, mais loin de la qualité époustouflante du premier.