Avec Rite de passage, son premier roman, Alexei Panshin décrocha le prix Nebula en 1968 mais avant cela, ce furent ses activités de critique qui le rendirent célèbre dans les milieux de la science-fiction américaine avec Heinlein in dimension, un ouvrage sur l'auteur de Révolte sur la Lune qui lui fit obtenir le prix Hugo (best fan writer) ainsi que l'inimitié de son sujet d'étude, qui tenta de s'opposer à la parution du livre. Il est également l'auteur d'une histoire de la science-fiction, The World Beyond the Hill : Science Fiction and the Quest for Transcendance, qui remporta le Hugo en 1990. Second tome de la série après Source étoilée, La Révolution Thurb devait faire partie d'une tétralogie dont le dernier volume n'a jamais été écrit et dont le troisième, Le Monde masque, n'a toujours pas été publié en français. Il peut néanmoins se lire indépendamment, même si la lecture du premier tome éclaire certains aspects des personnages.
Les vacances cosmicopolites d'un dandy de l'espace.
Alors qu'il se trouve en transit à l'astrogare de Shiawassee, le Vicomte Anthony Villiers décide au dernier moment de ne pas se rendre sur Madracœur où il était invité à séjourner dans le château de Lord Broccoli. En compagnie de Torve le trapaud, un extra-terrestre velu qui voyage sans papiers, et de Fred, Manitou des Grands Castors, il préfèrera camper quelques jours sur l'île Binkin de la planète Pewamo. Torve pratique le Frob, une forme d'art sibylline qui fascine de jeunes yagouts au point que ceux-ci décident de suivre les trois amis et de s'installer dans l'unique auberge des environs. La relative quiétude du séjour de tous ces personnages sera pourtant troublée par un censeur acharné et par le mystérieux tueur à gages qui poursuit Lord Charteris pour des raisons nébuleuses...
A quoi bon lire ce roman ?
La révolution Thurb présente la particularité d'être bâti à l'aide d'une intrigue plutôt discrète, hantée par une galerie de personnages dont les préoccupations, aussi futiles qu'elles puissent sembler au lecteur, n'en constituent pas moins le moteur de leurs existences respectives. Rares sont les protagonistes de ce livre qui exercent une activité plus sérieuse que voyager, répondre à des invitations, se déplacer à des années-lumière afin de participer à des jeux aussi curieux que celui du Grand Chat Perché ou s'efforcer de former les futurs Grands Castors... Alors à quoi bon lire ce roman ? Tout simplement parce que cette vie aux couleurs hédonistes et que certains qualifieraient d'oisive pourrait bien être en réalité l'expression la plus aboutie de la civilisation : Lord Charteris, Fred, et même les jeunes yagouts sont tous adeptes de ce qu'Alexei Panshin a baptisé pour l'occasion La Haute Culture et qui semble faire autorité dans ce domaine...
Le suprême raffinement résiderait finalement dans la capacité de s'adapter à n'importe quelle situation sans pour autant se départir d'une indispensable élégance, d'un véritable recul aristocratique face aux évènements les plus triviaux. Peu importe la nature de l'activité, c'est le style avec lequel on l'accomplit qui en constitue la véritable mesure, et tant pis si cette occupation recouvre parfois ce que le vulgare pecus nomme travail. Véritable abomination des temps modernes qui masque en réalité et sous le couvert d'une illusoire indépendance économique une forme de servitude volontaire bien réelle, la condition de créature salariée constitue l'un des thèmes du roman, avec celui de la fuite qui lui est consubstantiel. Si Anthony Villiers condescend parfois à travailler, sa condition de gentleman cosmique le retient de le reconnaitre devant ses pairs.
Dans son article sur Alexei Panshin (Bifrost N°5), André-François Ruaud n'avait pas manqué de noter une parenté entre les personnages de la série consacrée à Anthony Villiers et ceux qui gravitent au sein de l'univers créé par P. G. Wodehouse. Les romans de ces deux auteurs sont en effet assez proches et les admirateurs du plus grand des humoristes britanniques apprécieront certainement La Révolution Thurb et Source étoilée, un très agréable diptyque dont la lecture est recommandée à tout yagout digne de ce nom...
Les vacances cosmicopolites d'un dandy de l'espace.
Alors qu'il se trouve en transit à l'astrogare de Shiawassee, le Vicomte Anthony Villiers décide au dernier moment de ne pas se rendre sur Madracœur où il était invité à séjourner dans le château de Lord Broccoli. En compagnie de Torve le trapaud, un extra-terrestre velu qui voyage sans papiers, et de Fred, Manitou des Grands Castors, il préfèrera camper quelques jours sur l'île Binkin de la planète Pewamo. Torve pratique le Frob, une forme d'art sibylline qui fascine de jeunes yagouts au point que ceux-ci décident de suivre les trois amis et de s'installer dans l'unique auberge des environs. La relative quiétude du séjour de tous ces personnages sera pourtant troublée par un censeur acharné et par le mystérieux tueur à gages qui poursuit Lord Charteris pour des raisons nébuleuses...
A quoi bon lire ce roman ?
La révolution Thurb présente la particularité d'être bâti à l'aide d'une intrigue plutôt discrète, hantée par une galerie de personnages dont les préoccupations, aussi futiles qu'elles puissent sembler au lecteur, n'en constituent pas moins le moteur de leurs existences respectives. Rares sont les protagonistes de ce livre qui exercent une activité plus sérieuse que voyager, répondre à des invitations, se déplacer à des années-lumière afin de participer à des jeux aussi curieux que celui du Grand Chat Perché ou s'efforcer de former les futurs Grands Castors... Alors à quoi bon lire ce roman ? Tout simplement parce que cette vie aux couleurs hédonistes et que certains qualifieraient d'oisive pourrait bien être en réalité l'expression la plus aboutie de la civilisation : Lord Charteris, Fred, et même les jeunes yagouts sont tous adeptes de ce qu'Alexei Panshin a baptisé pour l'occasion La Haute Culture et qui semble faire autorité dans ce domaine...
Le suprême raffinement résiderait finalement dans la capacité de s'adapter à n'importe quelle situation sans pour autant se départir d'une indispensable élégance, d'un véritable recul aristocratique face aux évènements les plus triviaux. Peu importe la nature de l'activité, c'est le style avec lequel on l'accomplit qui en constitue la véritable mesure, et tant pis si cette occupation recouvre parfois ce que le vulgare pecus nomme travail. Véritable abomination des temps modernes qui masque en réalité et sous le couvert d'une illusoire indépendance économique une forme de servitude volontaire bien réelle, la condition de créature salariée constitue l'un des thèmes du roman, avec celui de la fuite qui lui est consubstantiel. Si Anthony Villiers condescend parfois à travailler, sa condition de gentleman cosmique le retient de le reconnaitre devant ses pairs.
Dans son article sur Alexei Panshin (Bifrost N°5), André-François Ruaud n'avait pas manqué de noter une parenté entre les personnages de la série consacrée à Anthony Villiers et ceux qui gravitent au sein de l'univers créé par P. G. Wodehouse. Les romans de ces deux auteurs sont en effet assez proches et les admirateurs du plus grand des humoristes britanniques apprécieront certainement La Révolution Thurb et Source étoilée, un très agréable diptyque dont la lecture est recommandée à tout yagout digne de ce nom...