Premier roman d'une jamaïco-canadienne, La ronde des esprits mélange anticipation et fantastique.

Lorsqu'en cette fin de XXe siècle, Toronto ne rime plus qu'avec ghetto, la loi, les droits et devoirs, l'argent et le pouvoir se sont réfugiés avec ceux qui les possèdent dans les banlieues. Cette cité aujourd'hui en train de pourrir, repliée sur elle-même, se dévore les entrailles comme un cancer géant où les humains qui y survivent encore sont autant de métastases.

Combat de sorciers...

Dans cette violence et cet état de non droit absolu, la meute - comme toujours dans ces cas là - y fait régner sa loi. Tony, toxico et ex-infirmier, veut tout quitter pour reprendre sa vie à zéro avec Ti-Jeanne, la petite fille de la sorcière-guérisseuse. Mais pour cela, il faut qu'il échappe à Rudy, le parrain local qui paraît-il, tire sa force d'un commerce plus que douteux avec les esprits des morts. Il décide de réaliser avant de fuir une dernière mission pour le boss : trouver un cœur neuf pour un politique peu délicat qui a de quoi se payer une pompe toute neuve. S 'engage alors un combat entre sorciers des temps futurs à coups d'envoûtements, de possessions et d'incantations.

Houssin-light

Méchamment, on pourrait qualifier ce livre de Houssin-pour-fille ou Houssin-Light tant on trouve d'éléments nous rappelant les œuvres que l'auteur français a commis. Tout d'abord, la recherche d'un cœur et les moyens peu honnêtes pour le trouver est traité dans Les Vautours (terme que Nalo Hopkinson reprend d'ailleurs pour désigner les mêmes individus). Ajoutez à cela que le concept de cité autarcique, pourrissant sur place et exploitée par ceux du dehors est un récurrent chez Houssin (cf Blue, City et Argentine). On en est presque prêt à crier au plagiat. Heureusement, on a échappé à la petite virée en Buick Electra spacio-temporelle pour aller serrer la pince à Jimmy Page himse^lf…1

En étant plus indulgent, on peut ranger ce premier roman dans la catégorie des faciles à lire, pas un instant effrayant (rien ne reste dans l'ombre, invoquer des esprits à l'air d'une banalité consternante, il n'y aurait pas eu plus de tension à les voir faire un bras de fer chinois) et beaucoup trop cher (91.85FF TTC) pour la qualité. Bref, circulez en attendant le prochain Hopkinson qui a été, nous annonce J'ai Lu dès la quatrième de couv, nominé au Hugo 2001 et sans doute à paraître chez Millénaires dans un futur proche.