- le  

La Saison des singes

Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 28/02/2007  -  livre
voir l'oeuvre
Commenter

La Saison des singes

Sylvie Denis est une auteur rare. Depuis ses débuts dans les années 90, elle a publié une trentaine de nouvelles et quatre livres dont les excellents Haute Ecole et Jardins Virtuels. Une production qu’on pourrait juger assez peu importante si Sylvie Denis ne partageait pas son temps avec la traduction. On lui doit notamment les versions françaises de plusieurs romans de Greg Egan. A noter enfin que Sylvie Denis a également été anthologiste pour Escales 2001 et Histoires de cochons et de science-fiction.
 
Une petite planète perdue dans l’univers
 
Aleshka est une jeune fille pleine d’enthousiasme et de volonté. Malgré l’obscurantisme imposé par l’Eglise, elle a découvert que sa planète allait connaître des bouleversements climatiques importants. L’hiver vient ! Et avec quelques amis savants elle s’obstine au risque de sa vie à vouloir faire connaître la vérité à ses contemporains.
 
Ce qu’elle ne sait pas, c’est que sur sa planète vivent également les Ninhsis, un peuple d’humanoïdes se rapprochant des singes. Ce qu’elle ne sait pas non plus c’est que quelque part dort depuis des siècles en hibernation un détective qui a survécu à la destruction de son vaisseau spatial et qui a échoué sur cette planète sur un haut plateau neigeux et isolé. Et à quelques kilomètres de lui, sa pire ennemie, qui a survécu elle aussi, tente de fonder une communauté avec ses clones...
 
Plusieurs lignes de narration
 
Avec ce diptyque (un deuxième roman est donc en préparation), Sylvie Denis a choisi une intrigue plutôt ambitieuse, multipliant les lignes de narration et les décors. On passe ainsi simultanément d’un monde presque moyenâgeux (celui d’Aleshka) au monde arboricole des Ninhsis en passant par l’univers futuriste de Gabriel (le détective plongé dans un sommeil artificiel) avec ses vaisseaux spatiaux et ses nanotechnologies, sans oublier quelques chapitres sur la base des clones de Kiris T. Kiris. Et plutôt que d’alterner les chapitres, Sylvie Denis a décidé de présenter longuement ses personnages dans des parties indépendantes. Les conséquences sont doubles. La première, la positive, c’est de prendre le temps de découvrir chacun des protagonistes. La seconde, la négative, c’est que l’on met longtemps avant de voir le schéma global se dessiner. Du coup on est un peu perdu le temps de cette longue mise en place et les éléments nous semblent trop disparates pour vraiment nous accrocher. C’en est même frustrant au début de laisser de côté Aleshka pour passer à Gabriel, le changement de décor étant un peu brutal.
 
Des ambiances très différentes
 
Passer ces premiers moments, la lecture devient d’autant plus aisée que l’on comprend que Gabriel, Aleshka, les Ninhsis et Kiris T.Kiris sont sur la même planète. Cela correspond également au moment où les intrigues s’emballent un peu. La colonie de Kiris se développe, les Ninhsis entreprennent de prendre contact avec les humains et Aleshka devient l’égérie de la connaissance contre l’Eglise et ses croyances aveugles.
 
Sauf que baladé d’un personnage à l’autre dans les différents niveaux d’évolution et de technologies qui coexistent dans ce livre, on peine à entrer pleinement dans le récit. Sachant qu’il existe une technologie très évoluée, on se doute que son irruption dans la société traditionnelle d’Aleshka va sérieusement changer la donne. Et on attend ce choc brutal. Résultat le combat de l’héroïne et de ses amis pour faire admettre que la Terre est ronde paraît parfois un peu vain, sachant que quelque part à quelques milliers de kilomètres existe une colonie de clones dont l’original vient de l’espace et vit toujours.
 
La dernière page tournée de La Saison des singes, le sentiment est mitigé. Il y a de très beaux passages et de très belles images (notamment de la société des Ninhsis) qui méritent qu’on s’y attarde. Malheureusement on a longtemps été embrouillé entre les différentes lignes de narration pour y prendre vraiment du plaisir. Néanmoins il reste un espoir, et il est de taille. Il s’agit, on l’a déjà dit, d’un diptyque. Maintenant que tous les éléments sont en place, et ils sont prometteurs, on attend sereinement le second tome. Il a tout pour être exceptionnel. Du moins on l’espère.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?