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La Tour du silence

Sylviane Corgiat (Scénariste), Christelle Pécout (Dessinateur), Delphine Lacroix (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/01/2005  -  bd
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La Tour du silence

Sylviane Corgiat, auparavant romancière pour enfants – elle a notamment gagné le Grand Prix du Livre Jeunesse pour son roman Les Trafiquants de Mémoire (Editions de l’Amitié) – est entrée dans le monde de la bande dessinée par la grande porte en publiant coup sur coup trois nouvelles séries, toutes parues aux Humanoïdes Associés. La première, Elias le Maudit, retrace la vie d’un homme et lorgne du côté de la fantasy. La deuxième, Stellaire nous entraîne sur les chemins de la science-fiction avec des disparitions similaires à des époques fort éloignées les unes des autres, une série sur laquelle collabore également Pécout. Et enfin la troisième, Lune d’Ombre, narre les aventures fantastiques de Soledad, jeune femme qui parvient à maîtriser et à façonner les ombres projetées par la lune.
La dessinatrice Christelle Pécout a prouvé que la persévérance, outre le fait d’être une vertu, paie. Après un an d’envois réguliers de planches aux Humanoïdes Associés, elle décroche enfin le projet Lune d’Ombre dont le premier tome est sorti l’année dernière. Une deuxième série voit rapidement le jour, Stellaire qu’elle dessine avec Alberto Ponticelli.

"La piraterie est un exil que tu t’infliges pour fuir une terrible souffrance."

Dans le premier tome, nous avions fait la connaissance de Soledad, la femme pirate surnommée l’Andalouse et qui écume les mers d’Arabie au XIIème siècle. Cette terrible meneuse d’hommes a été une grande d’Espagne mais le destin, en lui enlevant tous les êtres qui lui étaient chers, en a décidé autrement. Après s’être enfuie de chez le sultan Ibn-Al-Mutarif, elle est recueillie par une ancienne prostituée, Balibar, qui a ouvert ses portes aux femmes rejetées du monde des hommes. Mais la femme n’est peut-être pas si charitable… Pourtant, il faut laisser là la narration de ces souvenirs, des problèmes plus urgents appellent la belle héroïne. Elle a toujours en sa possession un précieux otage qu’elle doit échanger contre une colossale fortune. Pourtant, pressentant un piège, elle décide de se rendre dans le camp ennemi à la recherche de la fameuse rançon.

Tentative de séduction du public féminin

Voilà donc le deuxième tome de cette série entièrement réalisée par des femmes. Avec elle, les Humanos doivent avoir derrière la tête l’idée de conquérir un public féminin, bien que la bande dessinée l’ait déjà acquis à sa cause. Mais laissons là ces considérations purement commerciales afin de nous concentrer sur ce deuxième opus que l’on attendait avec impatience. Premier constat, on ne change pas une recette qui marche, et tout comme dans le premier tome, le lecteur suit deux aventures en parallèle, celle de l’histoire personnelle de Soledad où il découvre comment elle est devenue la farouche pirate d’aujourd’hui et celle des événements actuels.

La Tour du silence est d’ailleurs plus axé sur la vengeance de la belle Andalouse, ses cauchemars et sa haine infinie d’Ibrahim. Corgiat livre une nouvelle fois une intrigue très romanesque et pleine d’aventures où brille Soledad. Elle est réellement l’élément moteur du récit et l’on prend beaucoup plus de plaisir à découvrir son passé qu’à suivre ses aventures actuelles. Du côté des dessins, c’est une grosse déception avec une question qui reste en suspens, pourquoi diable la qualité du dessin chute violemment après le premier quart de l’album ? Les traits s’épaississent, se fardent d’un noir de khôl outrancier et aguicheur qui enlaidit les belles pages de Christelle Pécoult. Son trait auparavant si fin et gracile, est devenu à cause d’un encrage chargé gros et gras. Du coup, ce deuxième tome laisse un goût amer en bouche, une sorte de fausse promesse. On achève la lecture avec difficulté, en espérant secrètement que le troisième opus sera de meilleure facture. Un second tome en demi-teinte donc après un premier qui nous avait emballé.

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