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La Vengeance du Manchot

Alejandro Jodorowsky (Scénariste), François Boucq (Coloriste, Dessinateur), Sébastien Gérard (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/2005  -  bd
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La Vengeance du Manchot

François Boucq et Alessandro Jodorowsky mènent ensemble deux séries, la très poétique et pourtant cruelle Face de Lune (Casterman) et Bouncer, un western aux accents crépusculaires (Les Humanos). Avec Jérôme Charyn, Boucq a réalisé deux albums incontournables La Femme du Magicien, récemment réédité par Casterman, et Bouche du diable (Casterman). Jodorowsky est bien connu des amateurs de science-fiction grâce à son cycle de L’Incal (Les Humanos), celui de La Caste des Méta-Barons (Les Humanos) ou bien encore Les Technopères (Les Humanos). Fils d’émigrés russes venus s’établir au Chili, il quitte son pays pour s’installer en France. Se doutait-il qu’il rencontrerait quelques unes des figures les plus marquantes du paysage culturel du siècle dernier ? Le mime Marceau, Maurice Chevalier, Roland Topor ou bien encore Fernando Arrabal, pour ne citer qu’eux… Aujourd’hui, il peut se prévaloir d’être un auteur essentiel de la bande dessinée.

Révélations

La ferme des Malones est attaquée par les hommes de main de Clark Cooper, gros propriétaire terrien. Leur tort ? Ne pas vouloir vendre leurs terres. La famille se compose de deux vieillards, dont une autiste, une femme et un gamin, en face d’eux se dressent Garrack et sa bande. L’aide providentielle du Bouncer est plus que bienvenue, elle est salutaire.

Le héros manchot, fils d’un Indien et d’une prostituée, a juré de venger sa petite-amie injustement accusée du meurtre du fils de Clark Cooper. Propulsé bourreau de la petite ville de Barro-City, il s’est vu dans l’obligation de la pendre lui-même. La fusillade lui permet d’apprendre enfin la vérité, c’est le père en personne qui a ordonné à ses deux fils de s’entretuer. Déjà sous le coup de cette révélation, il va bientôt en apprendre une autre sur ses origines.

Un héros atypique pour un western crépusculaire

Ce quatrième tome du manchot le plus célèbre de la bande dessinée s’ouvre sur une fusillade magistrale. Il s’inscrit par là même directement dans les annales grâce à l’attaque de la ferme des Malones qui court sur près d’une vingtaine de pages, la plus longue de l’histoire de la bande dessinée. Le lecteur rentre de plein pied dans l’histoire avec cet assaut sanglant et épique. Avec une composition très cinématographique, Boucq donne toute sa mesure à cette scène d’anthologie digne des plus grands westerns filmés. Les décors sont du même acabit : magnifiques, ouverts aux quatre vents de l’immensité du Grand Ouest américain. Cela suffit à donner à la série une portée tragique.

Jodorowsky se régale avec le Bouncer, ce personnage tourmenté et parfait anti-héros. Loin d’un Lieutenant Blueberry sûr de lui et à qui personne ne résiste, il accumule les tares, son bras en moins, sa nouvelle obligation de bourreau, son aveuglement, une malchance à toute épreuve et alcoolique de surcroît depuis la mort de sa future femme. Videur à l’Infernio (l’Enfer), il est au cœur de ce monde désespéré et cruel. Mais dans ce tome, celui qui subissait sa vie se redresse, retrouve la fierté de ses ancêtres et sa tragique vengeance a le souffle de l’épopée. Cela va de pair avec la découverte de ses origines, qui bien entendue, sont troubles mais également empreintes d’amour.

Le trait rude de Boucq donne vie à l’Ouest américain sauvage et sanguinaire peuplé de personnages violents et sans morale imaginés par un Jodorowsky loin du monde de Face de Lune (Casterman). Bouncer redonne au western ses lettres de noblesse, entraîne le lecteur dans une spirale âpre et rêche. La fin de ce quatrième volet promet un cinquième tome où les cloches, encore une fois, sonneront le glas…

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