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La vie à ses rêves

Michel Pagel ( Auteur), Mandy (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2011  -  livre
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La vie à ses rêves

Vieux briscard du Fleuve Noir, Michel Pagel compose depuis des années de ces romans que l'on ne lâche qu'une fois la dernière page tournée. Aussi à l'aise en fantasy, avec Les flammes de la nuit, qu'avec la science-fiction (Casino perdu), l'humour (Les escargots se cachent pour mourir) ou le fantastique (La comédie inhumaine), il n'est pas exclu que pour faire preuve d'une telle versatilité, il n'ait réellement passé un contrat avec qui-vous-savez... Également traducteur, Michel Pagel a transposé en français des auteurs aussi incontournables que Neil Gaiman, Peter Straub ou Joe Haldeman.
 
Du fantastique, tendance cruelle...
 
Ce qui caractérise avant tout La vie à ses rêves, c'est son éclectisme. C'est d'ailleurs, en dépit de l'absence de récit fantasy, le reflet de l'œuvre romanesque de l'auteur, qui passe avec aisance d'une ambiance fantastique oppressante à des récits de science-fiction qui, bien que variés, dénotent un goût certain pour l'uchronie. Ses derniers romans, Le roi d'août et le cycle en cours des Immortels, font d'ailleurs la part belle à l'histoire. Débutons donc cette chronique en mentionnant rapidement, dans un souci d'exhaustivité, quelques textes qui, bien que d'un intérêt moindre, ne doivent pas décourager le lecteur potentiel : un pastiche holmésien, un hommage à Jules Vernes écrit sur commande et une pochade que l'auteur nous dit aimer pour sa bêtise, un aveu qui constitue des circonstances atténuantes et nous suffit pour lui pardonner. Le reste du recueil vaut bien mieux.
 
Côté fantastique, Les mains de Farah Yole et Le syndrome de Bahrengenstein sont deux nouvelles qui appartiennent au cycle de La comédie inhumaine. La première est plutôt sanglante et comblera les amateurs de Clive Barker. La seconde, qui met en scène certains personnages du cycle de La comédie inhumaine, reste dans le domaine de la plus abominable cruauté. Une troisième histoire, Bonsoir Maman, est quand à elle liée à l'excellent recueil Orages en terre de France, une dystopie uchronique dans laquelle les zombies éveillent chez le lecteur une compassion mêlée d'horreur. Une belle réussite, sensible et originale, comme Adieu, Prince Charmant, qui nous emmène cette fois braconner sur les terres du polar et de la solitude pathétique des laissés-pour-compte de l'amour.
 
De la science-fiction, tendance rebelle...
 
 La science-fiction constitue la matière de plus de la moitié du recueil, qui s'ouvre avec Pour être un homme, une parabole teintée d'insolence sur les inévitables déceptions du passage à l'âge adulte, de la stupidité des traditions et de leurs gardiens souvent obtus. Il s'agit là d'un appel à une insoumission raisonnée qui nous rend d'emblée l'auteur sympathique. La route de Memphis est une nouvelle pleine d'humour et tirée d'une anthologie mêlant SF et rock'n'roll, ce qui semble  être un des centres d'intérêt de l'auteur (bien que pour un puriste, l'attribution de Diving duck blues à Sleepy John Estes soit plutôt conjecturale...) Le petit coup d'épée de Maurevert est un récit se déroulant dans un XVIIème siècle qui nous console du fait qu'Alexandre Dumas ne se soit jamais décidé à s'essayer à l'uchronie. Michel Pagel n'en fait pas moins là un bel enfant à l'histoire dans ce texte truffé de références classiques et qu'il a visiblement pris plaisir à écrire. Le recueil comporte enfin un texte inédit, Les hérauts d'hier, que l'on ne devra manquer sous aucun prétexte ! Les allusions à la musique psychédélique, à Philip K. Dick, le tout assorti d'une ambiance très Flower power sont assez irrésistibles et, pour tout dire... Wagnériennes !
 
Agrémenté d'une préface de l'auteur et d'une postface, justement, de son vieux camarade Roland Wagner, qui évoque le bon vieux temps passé à écumer les eaux troubles du Fleuve Noir, La vie à ses rêves contient également une bibliographie complète. Toutes les nouvelles sont présentées par Michel Pagel en personne, ce qui est toujours agréable (en plus d'être utile aux éventuels chroniqueurs) et permet d'approcher d'encore plus près l'univers de cet écrivain qui possède deux qualités essentielles : il déçoit assez rarement et procure parfois de ces réjouissants moments de lecture qui donnent envie de se coucher tard, ou de rester bouquiner au lit au lieu d'aller travailler. Lorsqu'en prime ces récits se trouvent imprimés sur le beau papier de la Rivière Blanche, nous aurions bien tort de nous en priver...
 

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