A l'occasion de la sortie le 26 juin du 3ème tome du Projet Starpoint aux éditions La Belle Colère, Marie-Lorna Vaconsin revient sur l'écriture du 13e pêcheur.
Actusf : Pouvez-vous nous un petit retour sur les débuts de Starpoint. Comment est née cette idée ?
Marie-Lorna Vaconsin : Au début, je voulais juste recréer le monde imaginaire dans lequel je jouais avec ma soeur quand j’étais petite. Ce monde était imbriqué dans la réalité des adultes mais accessible à ceux qui en connaissaient les codes. C’est pour ça que dans Starpoint, le monde parallèle est « superposé » à notre réalité. On y accède en changeant de fréquence. Pas besoin de voyager, il suffit d’avaler quelques peptines bleues et de passer par l’angle mort des miroirs.
Ensuite, il y a eu l’impulsion des personnages principaux : Louise et Pythagore – deux lycéens presque ordinaires qui rentrent en seconde. Ils sont nés de mon adolescence : Pythagore ressemble à l’étudiante que j’étais au lycée, un peu en retrait, dans l’observation ; Louise est très similaire à ma sœur, passionnée de technique et de plomberie. Pour Foresta qui vient de l’autre monde, j’ai pris modèle sur les filles qui m’impressionnaient quand j’avais quinze ans.
Enfin, pour ce qui est du propos un peu plus philosophique qui sous-tend les trois tomes – le secret de la matière – j’avais envie d’expliquer pourquoi tel ou tel être humain devient un artiste : comment il ou elle est amené à se dépasser pour créer. C’est comme ça que sont nés les Adjinns, ces êtres sublimes et torturés à cheval entre les deux mondes, qui sont la clé de voute de la trilogie.
Actusf : Avec le recul, racontez nous comment vous avez vécu la sortie du tome 1 en librairie début 2017 ?
Marie-Lorna Vaconsin : Le tome 1 a bénéficié d’une super mise en place en librairie, j’ai eu beaucoup de signatures, de rencontres, de festivals, c’était génial. J’en ai profité autant que je pouvais mais j’étais aussi très consciente de la nécessité de tenir mes engagements et avancer sur le tome 2. Maintenant que la trilogie est finie, je me rends compte à quel point j’étais anxieuse de ne pas y arriver.
Actusf : Vous portiez cet univers en vous depuis longtemps. Est-ce que le fait de le voir publié et offert aux regards des autres a changé votre rapport à ce monde et à vos personnages ?
Marie-Lorna Vaconsin : Oui, bien sûr. Pendant l’écriture, les personnages ne sont qu’une extension de ma tête – un millefeuille d’images, de scènes gardées ou jetées. Et puis, à chaque fois qu’un tome est publié, les personnages deviennent soudainement réels. Je suis toujours étonnée quand j’entends les lecteurs prononcer leur nom, j’ai l’impression qu’ils prennent leur indépendance, qu’ils existent « pour de vrai ».
Actusf : Comment avez-vous vécu les retours sur vos deux premiers livres, ces visions extérieures de votre univers ?
Marie-Lorna Vaconsin : Plutôt bien… J’adore être surprise par les réflexions des uns et des autres. Une remarque d’une lectrice du tome 1 m’a même indirectement inspiré l’apparition du personnage d’Attila. Et même lorsqu’il s’agit de critiques – par exemple, lorsque Pythagore devient à moitié Adjinn dans le tome 2, certaines personnes l’ont trouvé trop agressif – je préfère que l’histoire déclenche des réactions plutôt que rien.
Actusf : Les lecteurs et lectrices ont dû attendre deux ans entre le tome 2 et le tome 3. Il a été plus long et plus difficile à écrire ?
Marie-Lorna Vaconsin : En fait, c’est le tome 2 qui a été le plus difficile à écrire. Avant de me lancer dans la trilogie, je savais quel était mon début et quelle serait – plus ou moins – ma fin. En revanche, j’ai vraiment bataillé pour trouver le bon chemin qui relie les deux points…
Actusf : Le tome 3 arrive. Est-ce que vous pouvez nous dire un mot sur son intrigue ?
Marie-Lorna Vaconsin : Le tome 3 boucle toutes les questions laissées en suspens. C’était une volonté de ma part, pas de fin ouverte dans lequel le lecteur choisit ce qui arrive. Moi-même, en tant que lectrice, je préfère quand le romancier boucle ses sujets.
Après avoir découvert le monde parallèle dans le 1, les Adjinns dans le 2, le lecteur va plonger dans la forêt d’Emerlynd, au cœur de la géographie entremêlée des deux mondes. Pythagore, Louise, Foresta et Attila vont s’y retrouver et s’y perdre… Personne ne restera indemne.
Actusf : Le résumé nous promet l'arrivée d'une nouvelle personnage, Atttila. Est-ce que vous pouvez nous la présenter ?
Marie-Lorna Vaconsin : Attila fait partie des Adjinns, elle a donc le sang ultra-violet. C’est une informaticienne surdouée, hackeuse de réseaux. Elle est très mystérieuse, androgyne, avec des yeux de loup. Ses penchants bisexuels vont troubler tous les personnages principaux et son audace va permettre à l’action d’avancer
Actusf : C'est la fin de la trilogie... C'est vraiment la fin ? Est-ce que vous avez envie d'y retourner un jour ?
Marie-Lorna Vaconsin : Peut-être un jour… mais ce serait pour créer un nouveau cycle. Pour l’instant, j’ai besoin de fermer la boucle et de laisser reposer l’histoire.
Actusf : Le livre sera en librairie le 26 juin. Comment vivez-vous l'attente de ces dernières semaines ?
Marie-Lorna Vaconsin : Je n’en peux plus ! Il devait sortir le 24 avril mais le confinement a repoussé la fête. J’ai vraiment hâte – hâte surtout d’avoir le retour des lecteurs.
Actusf : Enfin quels sont vos projets ? Qu'avez-vous envie d'écrire désormais ?
Marie-Lorna Vaconsin : Je suis en train de débroussailler un nouveau projet… C’est encore au stade expérimental mais je peux déjà dire que la musique et la science y auront une place importante. A priori, pas de monde parallèle, j’ai besoin de me replonger dans la réalité – pour le moment (rires).
Propos recueillis par Jérôme Vincent