
Telle a été le cas de Newcago, une cité qui a subit un traitement de choix, puisqu’elle est passée sous la férule d’un Epique puissance dix, le dénommé Cœur d’Acier. Quelques temps après son arrivée et la soumission des quelques Grands Epiques tels que Brasier, Confluence et Maître-Nuit, assurant désormais sa garde rapproché, Cœur d’Acier à procédé à la Grande Transfersion, transformant en acier grâce à ses formidables pouvoirs la majeure partie de la Vieille Ville, créant grâce a ses Tunneliers plusieurs niveaux de rues basses entièrement métalliques. Puis, il avait commencé à imposer son règne de terreur s’appuyant sur une oligarchie d’Epique, mais aussi d’humains assurant le fonctionnement administratif de la cité en contrepartie d’une relative aisance par rapport au reste de la population. Seul avantage dans l’histoire, à Newcago il y avait de l’électricité, de la nourriture et de l’eau, alors que le reste de la planète était soumis au chaos propagé par les divers Epiques qui se battaient pour des Territoires et des groupes militaires ou paramilitaires qui visaient le même but. Cependant Newcago possédait aussi son mouvement de résistance en la personne des Redresseurs. Ce groupe d’hommes et de femmes réunis dans la clandestinité avait consacré sa vie à étudier le point faible des Epiques afin de les détruire. Et c’est lors de l’exécution de Fortuité, l’un des plus vicieux d’entre eux, que le jeune David Charleston avait décidé de les rejoindre. Bien qu’il leur ait sauvé la mise dans ce cas précis, les Redresseurs étaient trop méfiants pour accueillir à bras ouvert cet inconnu que l’efficace Megan avait ramené dans leur cache. Pourtant, même le perspicace Prof, chef incontesté du réseau, finit par se laisser convaincre par le dernier argument avancé par David : il avait vu saigner Cœur d’Acier. Cela s’était passé dix ans auparavant, lors de l’arrivée de ce dernier à Newcago et durant son intervention dans une banque où il était venu mettre un terme aux agissements meurtriers de l’Exécuteur, un Epique qui marchait dangereusement sur ses plates-bandes. Et Cœur d’Acier avait tué le père de David, et David avait juré de se venger. L’intrigue ainsi posée ont peut compter sur le talent d’écrivain de Brandon Sanderson pour la développer et l’enrichir au fil des pages, laissant planer un voile de mystère sur tout ce qui entoure les Epiques, jouant avec habileté des « cliffhangers » en fin de chapitre, distillant les informations avec parcimonie pour captiver l’attention du lecteur et lui en dévoiler assez pour la compréhension globale du récit. De quoi donc cautionner cette nouvelle apparition de l’auteur de la série « Elantris » qui, en prenant à rebours la thématique des superhéros, un peu comme cela avait été fait dans la série des « Gardiens » (The Watchmen) d’Alan Moore et Dave Gibbons, adaptée au cinéma par Zach Snyder, nous dépeint un univers alternatif où les surhommes emploieraient leurs super-pouvoirs, non pour faire le bien, mais pour satisfaire leurs plus noirs penchants. Un point de départ original qui ne devrait pas tarder à intéresser les producteurs de films à gros budgets et à effets spéciaux sophistiqués.


A la fois rendu terriblement réaliste par l''aspect reportage incluant la réaction des autorités dépassées par l'événement, le récit nous oblige à une réflexion sur la thématique de la mort proprement dite ici abordée sans concession par le prisme d'une 'horreur qui ne porte pas de masque, mais avec une indéniable poésie et des moments d'intenses émotions qui ne peuvent pas laisser insensibles. Si avec son premier roman Lindqvist avait voulu revisiter les poncifs de la littérature vampirique, il démontre avec ce second livre tout son talent pour remettre au goût du jour un autre archétype de la veine fantastique que l'on aurait pu croire exploité jusqu'à l'épuisement et que son style narratif bien particulier dépoussière avec un brio et une hardiesse qui nous laisse attendre avec impatience quel sera le nouvel angle d'approche de son prochain roman. Enfin daux apartés jeunesse avec 2 publications de Gallimard Jeunesse. D’avord « Qui a peur des dragons » de l’excellent Philip Reeve. Ceux qui ont Les frères Grimm, film réalisé par Terry Gilliams en 2005, ne seront pas dépaysés dans ce roman, puisque l’idée de base part d’une mystification. Pour Jacob et Wilhelm Grimm, il s’agissait de captiver l’attention de villageois terrorisés jamais à court d’histoires extraordinaires et de leur proposer des remèdes farfelus pour déjouer des sortilèges, habiles mise en scène qu’ils réalisaient avec l’aide de deux complices. Et Brock, le célèbre chasseur de dragons auquel Ancel, le fils muet de l’aubergiste, est vendu pour une durée non déterminée, s’inscrit également dans cette logique. Il en impose cependant avec son armure étincelante, ses airs d’aventurier aguerri, sa cicatrice soigneusement mise en valeur et sa proportion légendaire à abreuver son entourage d’histoires faramineuses où il est question de traques et de combats sans merci contre le roi des prédateurs. Et cependant… les dragons n’existent pas. En guise de trophées Brock exhibe en vérité des crânes de crocodiles et ses homériques parties de chasse ne sont que de simples ballades en montagne. Ancel sait tout désormais, mais il ne peut rien dire, car il ne parle pas, d’où l’intérêt manifesté par Brock pour le prendre à son service. Dur pour le jeune garçon d’apprendre qu’il doit dorénavant servir un homme arrogant et cupide qui méprise tout son entourage et semble prêt à tout pour remplir sa bourse. Or, les événements vont prendre une tournure inattendue qui forceront Brock à se montrer sous son vrai jour. Car la nouvelle fausse mission qu’il vient de s’inventer débouche cette fois sur la découverte d’une créature effrayant qui les a choisi, lui et Ancel, comme gibier. La fuite est désormais leur seule chance de survie, mais pas seulement, car à présent Brock a enfin l’occasion de donner vie à ses racontars et de trouver la gloire dont il rêve tant en tuant un… dragon. Bien entendu l’affaire ne sera pas de tout repos, et les diverses péripéties émaillant cette aventure permettent à l’auteur de nous plonger dans un univers médiéval-fantastique avec son contexte religieux culturel et ses multiples croyances qui de demandent qu’à être bousculées. Rapidement menée, l’intrigue tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page, prouvant, si besoin était, la parfait maîtrise de la narration dont sait faire preuve cet auteur britannique dont nous avons déjà pu découvrir chez Folio Junior la passionnante série steampunk « Mécaniques fatales » ou en hors collection l’uchronique et très vernien « Planète Larklight » Et puis un roman plutôt pour jeune fille, « Lily et le dragon d’argent » Dans le premier tome de cette série (Lily et la magie défendue) nous avions fait connaissance de la petite Lily, qui vivait recluse sur une île au large de l'Angleterre depuis que la Reine avait interdit la pratique de la magie. Là-bas, à l'abri des regards, sa mère, Lady Nerissa, forme en secret sa sœur Georgie à la magie. Mais Lily ne tarde pas à découvrir que les projets de sa mère son peu recommandables et qu'elle formente un terrible complot. Dés lors les deux petites filles s'enfuient dans les rues de Londres où elles se retrouvent seules et i=forcées de ne pas recourir à la magie. Lorsque débute le second tome de cette série, elles pensent avoir échappé au pire lorsqu'elles sont recueillies par leur tante. Cependant, elles déchantent vite, car celle-ci les envoie directement dans l'Institut Fell où les enfants magiciens sont cachés et où les seul sorts permis sont enfermés dans des flacons. Serait-ce la fameuse prison où est enfermé leur père ? Et quelles sont ces sculptures de dragons qui semblent vibrer sous les doigts de Lily ? Les deux soeurs vont devoir redoubler d'astuce pour le découvrir tout en déjouant la surveillance de la maîtresse des lieux, la redoutable Miss Merganser. Cependant cette dernière ne pourra rien contre le grand dragon d'argent réveillé de son sommeil séculaire qui surgira des entrailles de Fell pour aider les petits pensionnaires a quitter cette maison de redressement et à suivre une nouvelle piste qui conduira à nouveau Lily et Georgie vers les brouillards de Londres. Le second tome d'une série imprégnée de magie d'une spécialiste de l'édition pour la jeunesse déjà créatrice du cycle de Rose inspiré de sa passion 'enfance pour les romans historiques et du souhait que les animaux puissent réellement parler.
Jean-Luc Triolo