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Le Château de Hurle

Hayao Miyazaki (Illustrateur de couverture), Anne Crichton (Traducteur), Diana Wynne Jones ( Auteur)
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/12/2004  -  jeunesse
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Le Château de Hurle

Née en 1934, Diana Wynnes Jones pense que son besoin d'écrire des livres sur des univers magiques remonte au fait que la Seconde Guerre Mondiale ait éclaté quand elle avait cinq ans. Réfugiée avec sa famille en Ecosse, elle croise deux grands auteurs qui détestent les enfants: Beatrix Potter et Arthur Ransome. Ces contacts antipathiques ne la découragent pas à l'âge de huit ans, elle est persuadée qu' un jour, elle sera écrivain. Ses parents prennent la direction d'un centre culturel pour jeunes adultes dans une demeure prétendue hantée. Diana Wynnes Jones fréquenta Oxford au moment où Tolkien et C. S. Lewis y dispensaient des cours. En 1966, elle écrit son premier roman, Changeout, le seul qu'elle écrira jamais pour les adultes. De 1972 à 1975, elle écrit huit livres pour enfants! Sur la quarantaine de livres qu’elle a publiés à ce jour, moins d’un tiers a été traduit en français : sa saga du monde de Chrestomanci (Gallimard jeunesse), la série du Château de Hurle (Le Pré aux clercs).

Les malheurs de Sophie

Sophie, à la mort de son père se résigne à endosser son rôle d’aînée et à aider Fanny sa belle-mère à faire tourner la boutique de chapeaux. Elle travaille sans relâche, ne craignant pas de vieillir avant l’âge à s’épuiser de la sorte. Un jour, une dame très élégante fait irruption dans le magasin et jetant un sort à Sophie, accélère ce processus de vieillissement prématuré en la métamorphosant en vieille femme. Effrayée, Sophie s’enfuit du fait de sa nouvelle apparence, lentement et douloureusement. Lorsque la nuit tombe, le seul refuge qui s’ouvre à la vieille femme est le château ambulant du magicien Hurle. Un refuge ou un nouveau danger? La rumeur fait du magicien un dévoreur de cœurs de jeunes filles.

Epuisée, Sophie décide de rentrer tout de même dans le château. Elle y est accueillie par Michael, l’apprenti du magicien et Calcifer, un démon du feu qu’un pacte lie à Hurle. La demeure de Hurle n’est pas la boucherie que l’on prétend, juste une véritable porcherie, royaume de la crasse, de la poussière et du désordre. Sophie entreprend de nettoyer les lieux. D’autres tâches moins évidentes s’imposent à elle: trouver le lien qui unit Hurle et Calcifer et le défaire afin que le démon la délivre à son tour de la malédiction de la sorcière, empêcher Hurle de séduire puis d’abandonner Lettie, une des deux sœurs de Sophie. Ou encore, se faire passer pour la mère de Hurle afin de dissuader le roi de lancer le magicien sur les traces d’un prince disparu. Croyant bien faire à son habitude Sophie complique la situation repoussant l’aide de différents alliés et ouvrant grand la porte aux ennemis qu’elle n’a pas identifiés. Mais la magie et l’union peuvent venir à bout des situations les plus embrouillées…

Les sortilèges forment la jeunesse…

Sophie est totalement aveuglée par son sens des convenances, des traditions. Ses benjamines sont bien plus clairvoyantes sur les risques à s’enfermer dans un rôle qui vous a été dévolu malgré vous. Elle prête trop d’attention aux on-dits et aux apparences et ainsi se fait-elle berner plusieurs fois. Elle est obsédée par la fidélité et se démène pour empêcher Hurle le Don Juan de nuire à Lettie. Hurle montre vite de nombreuses failles: dépensier, colérique, il dépend de Calcifer, très soucieux de son apparence (et ce n’est pas là sa moindre vulnérabilité). Il affichera sa mauvaise foi jusqu’à la dernière page, refusant qu’on le croit capable d’agir par bonté, il se protège derrière l’appât du gain. Comme Sophie, il a peur de s’éloigner de la conduite qu’il s’est dictée. Et il est encore plus désorienté qu’elle quand il passe dans le monde où vit sa sœur qui le considère comme un raté!

Et les contes déforment la réalité…

La morale joliment paradoxale de cette histoire est qu’il ne faut pas se fier aux histoires et à leur morale… «Dans le pays d’Ingary, est-on prévenu dès la première page, les bottes de sept lieues et les capes d’invisibilité existent bel et bien». Mais certains éléments restent très mystérieux: Sophie acquiert-elle des pouvoirs magiques, renforce-t-elle le pouvoir de séduction d’Hurle? Comme la sorcière, il semble que Wynne Jones aime les puzzles et laisse ses lecteurs libres d’assembler les morceaux à leur convenance. Elle jette un regard amusé (et amusant) sur ses héros qui, contrairement aux supers balèzes qui roulent des mécaniques dans les mauvais livres de fantasy (ou dans leurs excellentes parodies) doivent se dépatouiller avec leurs faiblesses… Ils doivent se défaire de leur conditionnement et de leurs mauvaises alliances avant de librement consentir à une union qui fera leur vraie force! Hurle est connu dans un monde qu’il fréquente sous le nom de Pendragon; l’auteur malicieuse fait donc de lui un lointain descendant d’Arthur, ce héros dont depuis six siècles on écrit et réécrit sans cesse les prétendus exploits. Ce livre sagement audacieux séduira toutes les tranches d’âge parce qu’on aime tous à se rappeler qu’il était une fois, et à espérer qu’il en sera différemment la prochaine fois, que tout ce qui est écrit peut encore être réinventé!

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