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Le Château de Lord Valentin

Olivier Jouvray (Scénariste), David Ratte (Dessinateur), Myriam Lavialle (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/03/2009  -  bd
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Le Château de Lord Valentin

Cherche Futurs a pour dessein d’illustrer les grands romans de l’Imaginaire. Olivier Jouvray, très bon scénariste de Lincoln, et David Ratte s’attaquent à Robert Silverberg et son roman-univers Majipoor. Le Château de Lord Valentin en est le premier des sept volumes. Soleil, réputé pour sa fantasy populaire et commerciale, tente ici d’offrir au lecteur une œuvre de qualité. Volonté que l’on retrouve également avec leur collection Quartiers Solaires ou des œuvres comme Servitude.

Where is my mind ?

Prétexte à découvrir un monde riche où l'imagination n'a pas de limite, Majipoor est une planète immense (la courbure de l'horizon n'existe pas) peuplée de races, de puissances, de paysages... vivier inépuisable pour la fantasy de Robert Silverberg. Le concept alléchant n'est pas à la hauteur de l'auteur toutefois. Le premier tome narre l'histoire de Valentin, que l'on découvre à son réveil, amnésique. La situation du protagoniste, comme celle du concept du roman, converge vers la même fin : plonger le lecteur en milieu fantasy, où tout va se construire autour de lui, où les lignes de fuite sont sans fins, le déborder, l'enivrer. Au cours des sept tomes, les myriades d'histoires sur Majipoor sont de facture inégale (comme la surprise narrative du Château de Lord Valentin, téléphonée dès les premières pages). L'œuvre reste intéressante car l'auteur, décalé, place ses ambiances et ses idées farfelues avec sa patte particulière. Mais elle reste une fantasy assez facile, sans réel tour de force, si ce n'est l'acharnement de Silverberg.

Pari tenu ?

La couverture classieuse ouvre notre appétit. L’œuvre aussitôt entamée, les dessins proprets manquent de vie. La rigidité de certaines postures est aggravée par une colorisation photoshop peu nuancée, froide et lisse. Le dessinateur réussit de belles cases, mais à cause du cadrage ou de la mise en page, sans grand intérêt, ses effets sont souvent gâchés. Malgré une volonté d’originalité dans la narration en collant les cases par endroit, l’album est assez banal, ennuyeux, linéaire.

La raison première de ce constat est le manque de liberté que l’exercice de l’adaptation impose avec son carcan d'événements prédéfinis. Quelques idées de Robert Silverberg permettent un soupçon d’intrigue et d’étrangeté (notamment sur son utilisation des rêves et de la mémoire). Le roman était sauvé par le talent de conteur de l’auteur et sa formidable imagination qui avait un terrain de jeu à sa mesure et qui laissait au lecteur le sentiment d’un vaste monde à découvrir. En effet, bien que cette œuvre fut le plus grand succès commercial de l’auteur, il était le premier à la trouver discutable. Écrite dans une optique commerciale, Robert Silverberg, en marge, tenait surtout à vendre en offrant ce que le public attendait. À être reconnu largement, ce qu’il fut.

Les qualités du Château de Lord Valentin étant d’or et déjà pauvres, il était donc difficile aux auteurs de faire mieux. Mise à part l’originalité du concept de Cherche Futurs, Majipoor reste une BD de plus. Une curiosité, un exercice de style aux cahiers des charges remplis. Les plus jeunes y trouveront leur compte, mais les habitués risquent de s’endormir. Le vrai pari tenait dans le foisonnement de l’univers, l’émerveillement de la retranscription visuelle servie par une imagination débridée. De ce côté-là, on reste souvent sur notre faim.

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