Les Annales de La Compagnie noire sont LA série de fantasy de Glen Cook à lire absolument. Leur publication en livre de poche est une bonne occasion pour découvrir ou redécouvrir cet excellent cycle de fantasy.

Le temps passe...

Sept ans ont passé depuis les événements relatés dans le premier tome. La Compagnie noire sert toujours la Dame, d'un côté parce que cela paye bien, d'un autre parce qu'ils ne savent pas trop comment lui annoncer qu'ils voudraient bien partir. On ne quitte pas le service de la plus puissante magicienne du monde connu comme cela, lorsque l'on est son groupe de mercenaires préféré. Mais les hommes ont vieilli, se sont lassés des nettoyages, des massacres, des coups fourrés. Et, même, malgré leur sens moral pas particulièrement développé, ils commencent à se demander s'ils ne sont pas du côté des méchants. Lorsque leur maîtresse les catapulte à l'autre bout du monde pour une mystérieuse mission, ils se doutent que cela va de nouveau tourner au vinaigre. Ils ignorent juste à quel point...

Un univers glauque et jubilatoire

Les Annales de la Compagnie noire sont basées sur une idée réellement originale : donner la vedette non pas à un personnage, mais à une troupe de mercenaire, une vraie, avec plusieurs centaines d'hommes. Non seulement cela, mais ces hommes sont des troufions de base, interchangeables à quelques rares exceptions près. De ceux que les héros taillent en pièces sans que le lecteur ne se pose de questions dans les autres romans de fantasy, surtout lorsque, comme ici, ils sont engagés du mauvais côté... Parce qu'ils faut avouer qu'ils ne sont pas bien reluisants. Menteurs, voleurs, illettrés, susceptibles ou plus conciliants, ils se sont engagés dans la Compagnie pour oublier leur passé. Glen Cook parvient à donner une véritable profondeur à ces durs à cuire même pas au coeur tendre, qui vieillissent et se décrépissent au fil des tomes, qui sont tour à tour jouets des puissants, victimes et bourreaux. Il alterne ici des passages suivant la Compagnie proprement dite, et d'autres se plongeant dans les bas-fonds de la petite ville de Génépi. Les habitants auxquels il s'attache ne sont pas meilleurs que leurs futurs ennemis, des hommes ordinaires, lâches à moitié noyés dans la pauvreté et les dettes. L'atmosphère est glauque, même les arnaques sont sans envergure. Et pourtant, ou peut-être justement à cause de tout cela, on est tout de suite accroché. Et on en redemande. Heureusement, il y en a encore, et la série semble loin d'être terminée...