Barry Longyear est surtout connu pour avoir écrit Enemy mine, une novella qui obtint le Hugo en 1979 et qui a donné lieu à une adaptation au cinéma, le film éponyme narrant l'évolution des relations entre un soldat grossier et vindicatif et un extra-terrestre humanoïde, sur une planète aussi déserte qu'hostile. Hormis la novellisation du film, seul Le Cirque de Baraboo est disponible en français, ce qui est loin de constituer un échantillon représentatif de l'œuvre d'un auteur qui a produit une bonne vingtaine de livres, y compris quelques adaptations de la série télévisée Alien nation. Il travaille actuellement sur une série vampirique se déroulant au dix-neuvième siècle dans le sud sécessionniste des États-Unis d'Amérique, Confessions of a confederate vampire, et dont le premier volume s'intitule The night...
« Le cirque est l'habitat naturel du pigeonnus prosperus.»
Monsieur John O'Hara dirige le cirque de Baraboo, une entreprise familiale multiséculaire, avec l'énergie d'un saltimbanque passionné par son métier, mais au vingt-deuxième siècle les temps sont devenus très durs pour les forains et le dernier chapiteau de la Terre est sur le point de disparaître, rongé par les dettes et étouffé par un capitalisme de plus en plus cannibale. C'est sans compter sur l'adresse de Zigzag, conseiller juridique madré du cirque de Baraboo qui, grâce à un tour de passe-passe presque légal, prendra bientôt la route des astres afin de partager ses numéros sensationnels avec des extra-terrestres au moins aussi étranges que les phénomènes qui peuplent la fameuse baraque des monstres. Le cirque aura ainsi l'occasion de dresser sa toile sur une ancienne planète pénitentiaire où les enfants sont des plus coriaces, sur un monde dont les habitants sont des pacifistes acharnés ignorant la malhonnêteté, sur un autre où la vengeance est un Art Majeur... Bienvenue dans un univers où les paillettes brillent plus fort que les étoiles et où les bagarres entre colleurs d'affiches concurrents prennent parfois les proportions de petites guerres interplanétaires...
Un rêve à l'épreuve de la réalité.
Ce que parvient particulièrement bien à rendre Barry Longyear avec Le cirque de Baraboo, ce sont les sentiments mitigés qu'inspirent les artistes forains aux populations sédentaires. Le cirque reste pour beaucoup le royaume de l'arnaque et du faux-semblant tout en conservant un très important capital de sympathie. Leur but est bien de nous émerveiller et de nous divertir, mais c'est dans ce second terme que réside le paradoxe. Comme l'illusionniste détourne l'attention des spectateurs pour exécuter la passe secrète qui lui permettra de sortir un lapin de son haut-de-forme, le cirque tout entier distrait son public afin de mieux lui vider les poches. C'est une escroquerie légale à laquelle on se prête bien volontiers, où la victime à demi consentante trouve autant son compte que le margoulin, une belle et radieuse filouterie...
C'est dans ce cadre que Barry Longyear fait évoluer ses personnages, toujours prêts à détourner la loi grâce à une illusion concoctée par Zigzag, conseiller juridique et artiste à part entière dans son domaine. Car l'autre côté du miroir est également présent et la vie des bateleurs n'est pas de tout repos. Aux entraves et limitations de la société, leur seule ressource est de lui opposer une bureaucratie de pacotille. Les pensionnaires du Cirque de Baraboo devront ainsi affronter l'adversité, parfois au sens propre, mais qui se présentera aussi bien souvent sous la forme de règlement ubuesques, de factures et autres trivialités, tout ce que le cirque fait oublier aux gogos volontaires le temps que dure le spectacle. La dernière histoire du livre ouvrira la porte à une suite qui reste malheureusement inédite en français, mais ce n'est pas une raison suffisante pour se priver du début de l'aventure...