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Le Crâne parfait de Lucien Bel

Jean-Philippe Depotte ( Auteur), Clément Chassagnard (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 05/04/2012  -  livre
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Le Crâne parfait de Lucien Bel

Jean-Philippe Depotte est né à Lille en 1967. Tour à tour, programmeur, éditeur de méthodes de langues ou encore directeur de production de jeux vidéo, c'est lors d'une expatriation familiale pendant quatre ans à Tokyo qu'il écrit son premier livre, Les Démons de Paris. Sa passion pour l'histoire se retrouve dans chacun de ses romans. Après le Paris de la Belle époque, le XVIe siècle avec Les Jours étranges de Nostradamus, Jean-Philippe Depotte s'intéresse à la Commune pour son troisième livre, Le Crâne parfait de Lucien Bel.
 
La Commune, comme si vous y étiez
 
1870. Lucien Bel est envoyé en Alsace pour combattre les Prussiens. Mais il n'est pas comme les autres : il s'est juré d'être "un soldat qui ne tue pas". Une résolution qu'il ne tiendra pas longtemps...
 
Il revient à Paris, du sang sur les mains, pour être affecté au désarmement des canons de la butte Montmartre. Mais l'opération tourne mal et Lucien est blessé. Il se réveille quelques jours plus tard, à l'hôpital de la Pitié, sous l'oeil vigilant du Pr. Delestre, phrénologue de son état. Là, il apprend qu'une balle lui a traversé le cerveau et qu'il ne doit sa survie qu'aux talents du professeur. Mais très vite, Lucien se rend compte que Delestre lui cache des choses... Une seule solution s'offre à lui : fuir l'hôpital et rejoindre Margot, la jeune révolutionnaire rencontrée le soir de son accident. Elle seule pourra l'aider à y voir plus clair, il en est persuadé... Lucien se retrouve alors, bien malgré lui, entraîné dans les événements de la Commune.

Nous ne sommes rien, soyons tout !
 
Ne cherchez pas dans ce roman une foule d'éléments fantastiques : bien rares, ils ne sont que prétexte à faire vivre au lecteur les événements de la Commune par l'oeil d'un soldat, un anonyme. Même si la résolution du mystère entourant la blessure de Lucien et les trois étranges plaques de fer vissées sur son crâne parfait sert de fil rouge, la conclusion de cette intrigue laisse comme un arrière-goût d'inachevé, d'un peu vain. Après tout, pour un lecteur du XXIe siècle, les explications quant aux souvenirs que Lucien ne reconnaît pas comme les siens ne peuvent que prêter à sourire.
 
Non, l'intérêt de ce roman historique - car c'est de cela qu'il s'agit - réside avant tout dans la description minutieuse et passionnante d'une époque de notre Histoire bien méconnue, la Commune de Paris. Une immersion, comme pour les deux précédents romans de Jean-Philippe Depotte, réalisée du point de vue du commun, des petites gens. A travers Lucien Bel, c'est à la lutte du peuple de Paris que l'on assiste, ces citoyens très vite submergés par les idées et les actes d'une poignée d'entre eux. Car les personnages que rencontrera ce "soldat qui ne tue pas" seront bien plus occupés à faire la fête, à profiter de leur liberté qu'à se battre. A protéger leurs maisons et leurs rues plutôt qu'à tuer les Versaillais, cet ennemi sans visage si facile à tuer, rapportera Lucien dans le carnet subtilisé à sa première victime, "L'Art de tuer".
 
L'histoire, avec un petit "h", navigue entre les rencontres avec des personnages célèbres de l'époque - Delestre, d'abord, mais également Nadar, Jules Allix ou encore Eugène Pottier - et les événements marquants de ces quelques mois, au gré des réveils de Lucien. Ici on prend du bon temps dans une goguette à Montmartre ; là, on va parlementer avec Adolphe Thiers au château de Versailles, en compagnie des Francs-maçons, pour signer la paix. Ces aller-retour incessants entre petits moments et instants décisifs s'enchaînent sans temps morts, dans une course effrénée menée par un Lucien Bel infatigable, malgré ses blessures.
 
Et si le personnage de Lucien Bel, un brin naïf, peut parfois agacer, on se laisse facilement entraîner par l'exubérance et l'enthousiasme des protagonistes, happé par cette frénésie parisienne jusqu'au sanglant final... et l'épilogue plein d'ironie. Dans ses détails et ses explications, justement dosées, du contexte politique de l'époque, Le Crâne parfait de Lucien Bel permet de (re)poser un regard presque inédit sur une période passée sous silence. Une belle leçon d'Histoire.

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