Pour les amateurs de bande dessinée fantastique et de jeu de rôles, le nom de Thomas Mosdi n'est pas inconnu. En effet, ce scénariste, qui a débuté en tant qu'auteur de JdR, s'est lancé dans la bande dessinée en 1991. Depuis, il a travaillé avec de nombreux dessinateurs qui partagent le même univers que lui. Sorel d'abord, avec qui il crée Amnésia (2 tomes, Le Téméraire, 1998) et la série L'Ile des Morts (L'intégrale, Vents d'Ouest, 2000), œuvre aux influences lovecraftiennes, mais qui finit par se perdre dans les méandres tentaculaires de ses personnages. Puis, ces deux auteurs collaborent à nouveau sur le " one shot " Mort à Outrance (Vents d'Ouest, 1995), tout entier dédier à Thomas Owen, et qui pour le coup est beaucoup plus réussi. De la rencontre avec Bihel naîtra la reprise des Héritiers du soleil (dont le tome 13 sortira en septembre 2002 chez Glénat), fresque créée par Didier Convard, le père de Finkel et Neige. A ce duo s'ajoute Xavier Vernet Josset et la série Malienda (tome 2 : Djouce, Glénat, avril 2002) voit le jour. A citer aussi Korrigans (tome 1 : Les Enfants de la nuit, Delcourt, 2000) qui brille plus par les dessins de Civiello que, disons-le, par le scénario de Mosdi et Zone mortelle avec David Vogel dont le tome 1 vient de paraître (Cronos, Delcourt, juin 2002).

La fin du second cycle de la série

Les deux premiers albums de Xoco ont été illustrés par Ledroit. Ils forment un cycle très structuré et qui n'appelait pas de suite. Ledroit y avait créé une ambiance lourde et sombre, avec comme décor un New York fantomatique plongé dans une nuit qui semble éternelle. Palma reprend à son compte cette vision cauchemardesque et en nourrit son dessin.

Ce tome 4 clôt le deuxième cycle de la série. Mona Griffit et l'inspecteur Cavannagh vont s'allier à la mystérieuse jeune femme asiatique pour tuer les douze Rois-démons. Grâce aux flash back, le lecteur découvrira l'identité de la belle chinoise et sa mission sacrée. Le seul moyen de renvoyer en Enfer ces esprits maudits est d'utiliser contre eux des couteaux spécialement créer à cet effet. La partie n'est pas gagnée mais Xoco, devenu un esprit puissant, veille sur le petit groupe…

Bien sauf la fin

Cet album termine bien ce second récit au rythme effréné. Pas une seconde n'est perdue et l'action vole de case en case. Seul temps de pause, le flash back, qui met en scène la jeune Su-Yan et son grand-père grâce auquel on apprend la genèse des Rois-démons. L'encrage de ce flash back est très bien réussi, Palma s'inspire de ces vielles photos jaunies par le temps et que l'on retrouve plein de nostalgie. Pour prolonger cette intrigue inspirée des légendes chinoises, qui fait écho au premier cycle inspiré des légendes indiennes, le meilleur de l'action se déroule en grande partie dans Chinatown durant le Nouvel An chinois. Ce qui fait la force et l'originalité de cette série est la facilité avec laquelle Mosdi parvient à mélanger des mythes différents. Il parvient à construire des ponts entre les cultures et le lecteur n'est aucunement choqué de voir s'affronter un esprit bénéfique indien, Xoco, et un esprit maléfique chinois, avec comme décor de fond une cathédrale. De là naît l'originalité de ce récit où une fois encore le Bien affronte le Mal. Seul hiatus, la fin, par trop conventionnelle et qui soulève à nouveau la théorie, si prisée dans le genre fantastique, que certains personnages historiques tels Hitler, Staline ou Bonaparte n'ont pu être aussi méchants et puissants que grâce à l'appui de puissants démons.