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Le Druide noir
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Le Druide noir

Si son nom est bien connu des cercles lovecraftiens en France, les textes de Franck Belknap Long le sont beaucoup moins puisque seuls deux recueils de nouvelles et une biographie du créateur de Cthulhu ont été disponibles, il y a déjà bien longtemps… Belknap Long a fait partie des nombreux amis épistolaires de HPL, dont il fut l’un des plus proches (pour s’en convaincre, on consultera la photo sur laquelle Belknap Long et Lovecraft miment, hilares, un combat de boxe). Depuis ses débuts dans les pages de Weird Tales dans les années vingt jusqu’à ses derniers textes au début des années quatre-vingt, la longue et prolifique carrière de notre auteur du mois aura contribué à définir le fantastique et la science-fiction tels que nous les connaissons aujourd’hui. Sa nouvelle la plus célèbre, « Les chiens de Tindalos », écrite en 1929, constitue une des références du genre et par bonheur pour les lecteurs du vingt et unième siècle, on peut encore la lire dans l’anthologie Légendes du mythe de Cthulhu.


Le retour des anciens, grands et petits…


De nombreuses créatures aux pouvoirs maléfiques ont existé dans un passé plus ou moins lointain et, parfois, leur influence perdure en des temps beaucoup plus modernes et prétendument rationnels… Bien que leurs fidèles aient presque tous disparu, les dieux de l’antiquité gréco-romaine s’amusent encore parfois avec les mortels, et leurs jeux sont toujours aussi cruels. Osiris peut lui aussi se manifester et effrayer d'érudits égyptologues, et cela au plus sombre des salles de musées archéologiques. Il en va de même pour la magie innommable des prêtres celtiques, qui continue à faire d’innocentes victimes… Et si les dieux étaient vraiment morts, il resterait encore bien des revenants et autres visiteurs des dimensions abominables pour effrayer le lecteur le plus intrépide, ou tout simplement quelques innocents télépathes dont les pouvoirs constituent plus souvent une malédiction qu’un don des cieux… 


Des cauchemars classiques…

 

Le Druide noir réunit une dizaine des nouvelles publiées par Franck Belknap Long entre 1930 et 1945, dans les magazines pulps de l’époque. Si la science-fiction y est présente, comme lors du voyage temporel de « La tête de pont », la plus belle part est réservée au fantastique. Au fil des pages, les fantômes concurrencent les anciennes divinités et l’horreur n’est jamais très loin, même si une grande partie de la carrière de l’auteur a été consacrée au space opera. Bien que Belknap Long ait contribué, avec bien d’autres, à étendre et enrichir l’œuvre de son mentor, on ne trouvera pas ici d’allusions directes à la mythologie si particulière créée par Lovecraft. Très représentatives de la production de l’époque, ces quelques histoires noires s’en distinguent cependant par quelques touches humoristiques assez surprenantes dans ce contexte. La rareté de l'auteur en France, même dans nos meilleures bouquineries, donne une valeur certaine à cette anthologie pour un amateur féru de l’univers lovecraftien, mais il est tout de même dommage que personne ne se soit encore penché sur le reste des textes de Belknap Long, contrairement à ce qui a été fait pour certains de ses confrères de l’époque, Clark Ashton Smith et Robert Howard. Peut-être y aurions-nous découvert d’autres pépites de la qualité des « Chiens de Tindalos » ? Et, pourquoi pas, les space opera de Belknap Long nous auraient peut-être permis de rêver à ce qu’aurait pu écrire Lovecraft dans ce domaine s’il avait vécu quelques décennies de plus…  

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