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Le Duel

Alex Crampon (Dessinateur, Coloriste), Jérôme Félix (Scénariste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/2004  -  bd
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Le Duel

Troisième album de la toute nouvelle collection Angle Fantasy, Le Duel est signé de deux étoiles montantes de la bande dessinée moderne, formés à l'école de BD d'Angoulême. Jérôme Félix, scénariste du remarqué Un Pas vers les étoiles, et plus récemment de L'Arche (avec Mallié au dessin), signe ici un scénario steampunk riche, à la mise en scène plutôt audacieuse. Alex Crampon, alias Kramp, après avoir colorisé un précédent album de Félix (Le Fleuve mauve) prend ici en charge également le dessin pour ce qui constitue sa première BD.

"Je n'ai aucune imagination, aucun talent."

Alister Kissington est parvenu, comme son père jadis, à faire l'unanimité autour de son premier roman. Un talent qui lui augure une renommée internationale et un succès immodéré auprès de la gente féminine. Mais son père à découvert le pot-aux-roses : en fait d'être un écrivain, ce fils oiseux et libertin n'est qu'un imposteur qui se cache derrière le talent littéraire de son valet. Une nouvelle insupportable au Lord Kissington qui répudie ce fils, fait croire à sa mort, et lui ordonne de quitter Londres jusqu'à ce qu'il démontre un réel talent de romancier.

Après des jours d'errance à bord d'un dirigeable, Alister est contraint à un amerrisage par une tempête. Bien loin de la modernité londonienne, Alister se rend compte qu'il a abordé l'île de Bornéo, soumise depuis vingt ans au règne sans partage de Caligan, un roi qui a tué sa femme et son frère pour s'emparer du pouvoir. Un véritable personnage de roman ce Caligan... Au point que l'idée germe dans le cerveau d'Alister de faire de lui le héros de son livre. Mais approcher le tyran n'est pas chose facile et parmi la population apeurée, nul n'ose se dresser contre son règne. Pourtant, les autochtones semblent voir en Alister le fantôme d'un certain Tom Topelius, dont il partagerait la même chevelure laiteuse, et qui les aurait naguère défendus du souverain...

Zoom in / zoom out, et remplissage à la brosse

L'adéquation entre le dessin et le scénario est un prérequis incontournable à la réussite d'une BD. Cette condition n'est clairement pas remplie par le présent volume. Le dessin de Kramp, plutôt intéressant avec le recul, souffre dès que l'on approche le nez des cases. D'autant plus que Kramp associe ses différentes profondeurs de champ à différentes épaisseurs de trait. En somme, plus les personnages nous semblent proches, plus ils nous semblent grossiers, ce qui est assez dérangeant. D'autant que la colorisation n'arrange rien à ces effets de masse ; on se croirait en train de zoomer dans du dessin vectoriel.

Mais c'est véritablement la mise en couleur de ce volume qui m'a gâché mon plaisir de lecture de ce premier tome d'Uchronia. Passablement accroché par le dessin, surtout les panoramas, je n'ai pas réussi à goûter l'ampleur du scénario tant la colorisation des planches m'a rebuté. Les fondus censés combler les backgrounds non dessinés sont détestables, et le reste de la mise en couleur vraiment simpliste et criard. Dommage car la composition et les paysages sont réciproquement très réussis.

Un scénario implacable

En revanche, du point de vue du scénario, Le Duel nous met l'eau à la bouche : en nous embarquant bien gentiment dans une histoire de fils à papa sans talent et passablement antipathique, Félix nous fait aborder des terres lointaines dont il ne nous livre encore que des bribes d'histoire. Si l'on ajoute à cela une mise en scène parfaite, on s'attend à ce que ce premier volume d'Uchronia fasse des heureux. Et je peux promettre qu'avec un tel scénario, et pourvu que la mise en forme progresse, je serai le premier à me rallier à eux. Amateurs de steampunk et d'histoires à tiroirs, cette BD est faite pour vous !

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