A l'occasion de la sortie du Jour où l'humanité a niqué la fantasy, Karim Berrouka revient sur l'écriture de son dernier roman aux éditions Actusf.
Actusf : Votre dernier roman, Le jour où l'humanité a niqué la fantasy, vient de paraître aux éditions Actusf. Comment est né ce récit ? Encore un coup de Jaspucine ?
Karim Berrouka : Ce récit est une compilation de mes trois romans publiés chez ActuSF. Pour voir si en mélangeant tout ce que j’avais fait avant, je pouvais obtenir quelque chose de révolutionnairement original. Il y a donc, dedans, des fées, des punks et des tentacules.
Actusf : Pouvez-vous nous dévoiler en quelques mots ce qu’il s’y trame ? Ses personnages principaux ?
Karim Berrouka : Non.
D’abord je suis ultra nul en résumé.
Ensuite le récit est trop compliqué pour être résumé, même si je pense que le titre y parvient avec une grâce certaine (je ne ferai jamais mieux, qu’importe le nombre de mots supplémentaires qu’on m’accorderait pour tenter d’y parvenir). Les personnages, eux, m’ont demandé qu’on évite de les caricaturer en douze mots.
Pour finir, je rappelle que j’ai passé trois mois à taffer comme un mineur du Transvaal sur ce bouquin. Ce n’est pas pour qu’ensuite on puisse le lire en une minute. Tout ce que je peux révéler, sous la pression il s’entend, c’est qu’il y a, dedans, des fées, des punks, et des homards géants.
Actusf : Comment choisissez-vous vos titres de roman ? (Le club des punks contre l’apocalypse zombie ; Fées, weed et guillotines ; Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ?...) Et plus particulièrement, le titre de votre dernier livre ? En quoi l’humanité aurait-elle « niqué » la fantasy ?
Karim Berrouka : Je choisis mes titres de romans dans la base de donnée universelle qui recense l’intégralité des titres de romans à venir, encore non publiés, et toujours libres de droit.
Quant à l’humanité, elle a niqué la fantasy en 1989.
Inutile de me poser d’autres questions de ce tenant, je ne tomberai pas dans votre piège. Vous croyez franchement que je n’ai pas conscience des manœuvres sournoises que vous employez pour me contraindre à me lancer dans le périlleux exercice du résumé ? J’ai dit non. Non, non et non ! Tout ce que je peux révéler c’est qu’il y a, dans ce livre d’une beauté confondante, à l’écriture mesmérizante, des fées, des punks et de chèvres extra-terrestres.
Actusf : De l’humour, des bons mots, de l’absurde… Est-ce une manière pour vous d’aborder des sujets en particulier ou est-ce juste un divertissement ?
Karim Berrouka : Vous voulez dire est-ce que j’écris en essayant dire des choses sérieuses mais comme j’écris comme un pied j’écris n’importe quoi et ça fait marrer tout le monde, ou est-ce que je suis juste un branleur qui fait des bouquins entre deux carambars et qui les fait lire à des gens en prétendant qu’il a bossé un minimum dessus. Tout cela est indécent. Votre petite vengeance pour mon refus de commettre un résumé m’outrage. Pour me venger à mon tour, je vais énumérer les mots les plus branchés et inutiles de 2020 : recension, défiance, controuvé. Merci.
Actusf : Vous êtes également le chanteur du groupe Ludwig Von 88. La musique a-t-elle influencé ou influence-t-elle encore aujourd’hui votre pratique d’écriture ? (notamment l’humour et le cynisme au sujet de la société)
Karim Berrouka : Absolument jamais. J’écris dans le silence. Je vénère le silence. J’ai fui la ville pour mettre entre la musique et moi le plus de bornes kilométriques possible. Je n’ai jamais écouté Roxy Musique. Et je trouve que la beauté des chants de la sittelle torchepot et de la mésange à longue queue bien surestimée.
Actusf : Comment déroulez-vous l’intrigue de vos romans et plus particulièrement la fin ? La plupart de vous ouvrages n’ont pas de chute marquée, est-ce un choix d’écriture ?
Karim Berrouka : En général, j’écris un résumé de 700 pages, j’enlève un mot sur deux, je mélange et je laisse reposer un mois. Ensuite j’envoie à mon éditeur qui se débrouille pour remettre tout dans l’ordre. Est-ce un choix ? Je ne le crois pas. Satan me guide, c’est bien connu.
Quant aux fins, non, vous ne connaîtrez pas celle de ce roman. N’insistez pas. Vous devrez le lire, ou ouvrir le bouquin à la dernière page (mais, dans ce cas, vous ne comprendrez rien, le roman étant construit comme un palais vénitien aux couloirs intriqués et aux corridors hélicoïdaux, et sa fin n’est que la logique conclusion d’une intrigue narrative et sentimentale exceptionnellement subtile).
Actusf : Un mot pour la fin ?
Karim Berrouka : Majorette.