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Le long labeur du temps

Alain Dorémieux (Traducteur), John Brunner ( Auteur), Chris Foss (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/03/1978  -  livre
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Le long labeur du temps

À la fin des années soixante et pendant la décennie qui suivit, la science-fiction s’enrichit de l’activité d’un auteur qui bouscula sans ménagement les conventions du genre. John Brunner ne se contenta pas de travailler la forme de ses romans, en utilisant des techniques littéraires originales, mais il aborda des thèmes politiques, sociaux et environnementaux qui resteront pertinents bien au-delà du vingt-et-unième siècle. Du côté des expérimentations formelles, citons La ville est un échiquier, un roman construit d’après une véritable partie d’échecs, ou le roman-choc Tous à Zanzibar, qui s’inspire des procédés employés par John Dos Pasos. Parmi ses préoccupations, et les nôtres, figurent les problématiques liées à la surpopulation, l’écologie, l’informatique, le racisme… La plupart des meilleurs livres de John Brunner sont encore disponibles en librairie. D’autres, comme Le long labeur du temps, demanderont un petit effort de recherche, largement compensé par le bénéfice que l’on retira de sa lecture.

Les aventures d’un chargé de mission aux affaires culturelles extraterrestres…

Au vingt-et-unième siècle, la Terre a donné naissance à deux colonies aux mentalités opposées. Si les Viridiens ont bâti une société refusant la technologie, les Stellariens ont préféré s’engager sur une voie opposée. Lorsque le premier vaisseau construit sur Stellaris arrive sur Terre, avec à son bord des extraterrestres de Tau Ceti, ceux-ci doivent affronter une opposition rétrograde. En effet, une organisation xénophobe et spéciste, la Ligue des Étoiles pour l’Homme, multiplie les actes de protestation. Dans un univers où Tau Cétiens bleus à quatre bras et Réguliens indestructibles sont appelés à prendre une part croissante aux échanges interplanétaires, l’enjeu politique est de taille. Roald Vincent, adjoint au directeur du Bureau des Relations Culturelles du ministère des Affaires Extraterrestres, sera chargé de cette mission délicate, avec l’aide de son ami Mickey Torres, un polytechnicien génial promis à une grande destinée.

Chassons ces extraterrestres qui piquent le boulot des Terriens !

Dans un monde qui continue à manquer cruellement d’utopies, les sujets abordés par John Brunner dès les années soixante restent malheureusement d’actualité. Sa vision prospective, avec un demi-siècle de recul, nous apparaît d’une effrayante justesse et l’avènement de dystopies du type de celles qui sont décrites dans Le troupeau aveugle ou Tous à Zanzibar s’avère désormais dangereusement probable. La société représentée dans Le long labeur du temps est plus évoluée que la nôtre d’un point de vue technologique, plus étendue au point d’avoir pénétré d’autres galaxies, et pourtant son esprit n’en demeure pas moins aussi étriqué. D’une facture plus classique, et bien moins foisonnant que les chefs-d’œuvre cités précédemment, le roman aborde une thématique très actuelle. Les suites de la décolonisation de la planète Stellaris et les progrès fulgurants accomplis par sa population génèrent une concurrence que certains Terriens acceptent difficilement. La crainte de voir leur culture « dépassée » par une autre, dont ils sont pourtant à l’origine, les enferme dans le mécanisme bien connu du repli identitaire et de la xénophobie. De plus, la découverte de formes de vie intelligentes et non humaines laisse entrevoir l’avènement possible du spécisme, la version cosmique du racisme… John Brunner démontre ici avec finesse que, plus encore que les progrès de la science et de la technologie, l’évolution des mentalités résultera du long labeur du temps. 

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