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Le Monde englouti / Sécheresse

Vincent Froissard (Illustrateur de couverture), James Graham Ballard ( Auteur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/12/2007  -  livre
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Le Monde Englouti / Sécheresse

James Graham Ballard est un des grands de la science fiction qui ont, peu ou prou, réussi à s'attirer un public généraliste. Un de ceux qui a été adapté au cinéma à plusieurs reprises comme pour le sulfureux Crash ou – hors SF – L’Empire du soleil. Auteur à la réputation de styliste, il commence à écrire à 25 ans, au milieu des années 50. Le Monde Englouti et Sécheresse sont deux romans du début des années 60. Ils font partie d’une tétralogie avec Le vent de nulle part et la Forêt de cristal, chacun des quatre romans mettant en scène un événement climatique important amenant la fin ou presque de l’humanité.

De l’eau et du soleil.

Le Monde Englouti nous entraîne dans Londres sous les eaux. Là les derniers habitants coulent des jours plutôt paisibles, réfugiés sur les plus hautes tours de la ville. Une quiétude trompeuse car la température atteint les 65 degrés et même l’armée a décidé d’abandonner la ville à son sort et les londoniens comme Robert et Béatrice farouchement opposés à tout départ. Et tant pis si cela risque de leur coûter la vie…

Sécheresse met lui en scène une dramatique sécheresse qui s’abat sur le monde entier. Le village de Ransom aux Etats unis n’y échappe pas et ses habitants migrent un à un vers la cote située à plus de 200 kilomètres. Mais même là bas la situation est cauchemardesque...

Apocalypse et belles images.

A travers ces deux romans, James G.Ballard explore la fin de l’homme et la manière dont les derniers survivants se comportent les uns par rapport aux autres. C’est l’occasion pour lui de mettre en scène des personnages qui soit refusent l’inexorable, soit régressent jusqu’à la folie et la violence. Ses héros font partie de la première catégorie. Ransom, Robert ou Béatrice préfèrent rester le maximum de temps avant de se contraindre à l’exil avec le reste de leurs concitoyens. Ils assistent aux premières loges à la fin de leur monde et à ses derniers soubressauts. Ce faisant, dans un roman comme dans l’autre, ils se retrouvent confrontés à des personnages qui profitent de l’abandon généralisé des villes pour imposer leurs vues par la force. Et au milieu de cette apocalypse, la folie brille dans leurs yeux.

Vous l’avez compris, les deux lignes narratives se ressemblent, Ballard choisissant à chaque fois de s’attacher à une poignée d’individus plutôt que d’évoquer le sort entier de l’humanité. Il met en scène des huis clos étouffants (moites ou particulièrement secs selon que l’on est dans l'un ou l'autre des romans) qui exacerbent les passions. Son propos est véritablement centré sur l’humain plutôt que d’essayer d’expliquer scientifiquement les phénomènes naturels qui mettent fin au monde des hommes.

L’ambiance est donc particulièrement oppressante et l’intrigue prenante. On a l’impression que tout peut arriver aux personnages, même le pire, bien que celui-ci soit à terme de toute façon en route. Et dans ces situations exceptionnelles, Ballard nous offre des visions saisissantes que ce soit des villes incendiées, des lacs asséchés ou la mer recouverte d’une épaisse croûte de sel dans Sécheresse, ou des images de Londres sous les eaux dans Le Monde Englouti. C’est également l’occasion de nous montrer des hommes totalement impuissants face aux forces de la nature. Des hommes obligés de subir sans pouvoir rien faire, sauf essayer de s’organiser.

Au final, quarante ans après leur publication, on prend toujours beaucoup de plaisir à lire ces deux romans et ce malgré quelques longueurs. On regrettera en revanche que l’intrigue n’ait même pas été un peu plus étoffée pour sortir de ce huis clos. Néanmoins telle n’était pas la volonté de Ballard et le résultat est encore aujourd’hui passionnant. On se passionne à voir les personnages évoluer dans ces mondes désenchantés et mourants. On parle en ce moment beaucoup de patrimoine en SF, ces romans marquants qui ont fait le genre. Ces deux là en font partie et ils n’ont guère vieillis. Ballard est-il encore indispensable ? Oui assurément. Au moins pour ce volume.

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