Surfant sur la vague Matheson qui semble déferler autour de nous depuis un petit moment (et nous sommes très très loin de nous en plaindre) Flammarion sort le quatrième Tome de la re-traduction d’une partie de ses nouvelles.
Certaines, comme Les enfants de Noah adapté à l’écran par Hitchcock, peuvent vous sembler familières, mais aucune d’entre elles ne devrait vous laisser totalement froid. Juste avant de rentrer dans le vif du sujet, une dernière petite précision soulignant l’intérêt de cette réédition, vous y trouverez un essai clair et pertinent de Robert Louis sur le parcours littéraire de Richard Matheson. La présence en fin de volume d’une analyse de ce type est suffisamment rare dans la SF pour mériter d’être appréciée.
Une immersion dans un univers que vous auriez aimé ne pas reconnaître …
Exténué par de perpétuelles jérémiades, un bon père de famille laisse sa femme deux minutes dans la voiture pour emmener son fils visiter la maison du Père Noël.
Appelé en urgence le soir du Nouvel an, un médecin quitte sa famille pour se rendre au chevet d’un vieillard mourant.
Dans un paisible quartier résidentiel d’une banlieue américaine, un homme emménage et décide d’aller dire bonjour à tous ces voisins.
Voici parmi d’autres trois débuts de nouvelles contenues dans ce recueil. Ce sont des histoires simples, communes, mais qui, parce qu’elles sont imaginées par Matheson, basculent très vite dans le fantastique. Tout d’un coup un rouage de la mécanique bien huilée de la vie saute et on change d’univers. On entre dans celui du cauchemar, celui que l’on aurait jamais voulu connaître et dont on n’arrive pas à sortir.
Fidèle à ses habitudes, l’auteur nous effraie d’autant plus qu’on a l’impression que tout est possible. Les histoires sont courtes, denses, incroyablement efficaces. Si vous le connaissez, vous savez que ce n’est pas chez Monsieur Matheson qu’il faut venir chercher l’exubérance du style littéraire ni le dépaysement spatio-temporel, mais au contraire le retour à nos peurs les plus secrètes, celles qui nous empêchent d’éteindre trop vite la lumière…
Si les introductions sont classiques, les dénouements sont bien sûr toujours effrayants, mais en tous cas jamais là où on les attend...