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Le Phare au Corbeau - Le nouveau roman de Rozenn Illiano se dévoile
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Le Phare au Corbeau - Le nouveau roman de Rozenn Illiano se dévoile

A l'occasion de la parution, du Phare au Corbeau, aux éditions Critic, Rozenn Illiano revient sur l'écriture de ce roman.

Actusf : Le Phare au Corbeau va paraître le 22 août aux éditions Critic. D’où vous est venue l’idée de ce roman ?

"Je voulais une histoire qui se passe en Bretagne, avec des fantômes, des villages aux vieilles pierres battues par le vent marin et par les superstitions, mais aussi quelque chose qui s'intégrerait dans le reste de mon travail [...] tout en restant indépendant."

Rozenn Illiano : L'édition traditionnelle m'effrayait un peu au départ, mais j'ai été encouragée par les gars des éditions Critic (je connais la librairie à Rennes depuis au moins 15 ans) et me suis dit qu'il serait temps de tenter l'expérience. Je voulais une histoire qui se passe en Bretagne, avec des fantômes, des villages aux vieilles pierres battues par le vent marin et par les superstitions, mais aussi quelque chose qui s'intégrerait dans le reste de mon travail (chacune de mes nouvelles et chacun de mes romans sont reliés à la même grande histoire que je construis depuis pas mal d'années) tout en restant indépendant.

Actusf : De quoi cela parle-t-il ?

Rozenn Illiano : De nos jours, Agathe et Isaïah, un duo d'amis, travaillent en tant qu'exorcistes freelance et sont appelés pour une mission en Bretagne : le grand domaine privé d'un petit village de la côte s'avère hanté, et son vieux phare est l'objet d'une malédiction. Superstitions ou vrais fantômes, nos deux amis partent confiants… mais l'affaire s'annonce plus difficile à résoudre que prévu.

Actusf : On y suit les aventures d’Agathe et Isaïah , deux exorcistes. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce duo ? Comment les avez-vous créé ?

Rozenn Illiano : Agathe et Isaïah font partie d'une communauté de sorciers dont on parle beaucoup dans mes autres romans, des gens possédant des pouvoirs aussi divers et variés que manipuler la chance, voir des esprits, prédire l'avenir… Agathe est une jeune femme paumée qui ne parvient pas à se sentir à sa place parmi ces gens malgré son don de médium, la conséquence du rejet de ses parents réacs quand ces derniers ont découvert qu'elle était aussi bisexuelle. Isaïah, lui, ne détient aucun pouvoir, contrairement à tous les membres de sa famille, mais il s'adonne au hoodoo, une pratique magique et spirituelle issue des esclaves africains envoyés en Louisiane ; jeune homme noir et gay, il vit souvent le rejet de la part des « gens normaux » (les Moldus, en somme), et est au contraire parfaitement soutenu par sa famille. Ils ont été créés ensemble, l'un inspirant l'autre avec leurs différences et leurs complémentarités, au point qu'il est impossible d'imaginer Agathe sans Isaïah, et vice versa.

Actusf : Avez-vous dû faire beaucoup de recherches pour écrire ce roman ? Comment avez-vous travaillé ?

"Par choix, le lieu où se déroule l'histoire, Landrez, est un village qui n'existe pas, pas plus que son phare et son domaine (lui-même inspiré d'un lieu réel) ; il fallait donc rendre tout ça vraisemblable et authentique."

Rozenn Illiano : J'ai fait pas mal de recherches sur l'histoire des phares en France, en particulier en Bretagne (le phare de la Vieille, celui du Four et celui d'Ar-Men, et les différents systèmes d'allumage et d'alimentation des feux), un peu sur le hoodoo aussi, et sur diverses légendes bretonnes pour m'en inspirer. Par choix, le lieu où se déroule l'histoire, Landrez, est un village qui n'existe pas, pas plus que son phare et son domaine (lui-même inspiré d'un lieu réel) ; il fallait donc rendre tout ça vraisemblable et authentique. J'ai dû aussi travailler sur une chronologie rigoureuse car on évoque trois époques différentes dans le roman.

Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ? Littéraires, cinématographique ?

Rozenn Illiano : Elles sont surtout cinématographiques. J'aime beaucoup les « films de fantômes », comme The Ring (l'adaptation US, pardon aux puristes) en premier lieu, puis L'Orphelinat, Les Autres, The Conjuring, Paranormal Activity, Insidious, La Dame en noir… et la série Dolmen (si si). Sinon, les sources d'inspiration sont surtout du domaine du vécu, du ressenti et des souvenirs de mes vacances quand j'étais petite, les villages bretons, la mer, les légendes de l'Ankou ou de la dame blanche.

Actusf : Écrire de la littérature de l’imaginaire, vous permet-il d’aborder certains sujets qui vous tiennent à cœur ? De dénoncer certaines choses ?

"Pour ce qui est de dénoncer certaines choses… c'est compliqué. Deux sujets politiques me tiennent à cœur : l'intrusion du patriarcat dans tous les domaines de notre société (pas seulement dans le sens 'violences faites aux femmes' mais plutôt 'violences commises par les hommes', ce qui est autrement plus vaste) et le sort réservé aux réfugiés, en particulier ceux qu'on laisse crever en Méditerranée."

Rozenn Illiano : J'aborde beaucoup de sujets personnels dans mes romans, souvent de manière codée (souvenirs, blessures, peurs). Ça peut paraître égocentré mais je ne peux pas envisager une histoire si elle ne me raconte pas, même un tout petit peu.
Pour ce qui est de dénoncer certaines choses… c'est compliqué. Deux sujets politiques me tiennent à cœur : l'intrusion du patriarcat dans tous les domaines de notre société (pas seulement dans le sens 'violences faites aux femmes' mais plutôt 'violences commises par les hommes', ce qui est autrement plus vaste) et le sort réservé aux réfugiés, en particulier ceux qu'on laisse crever en Méditerranée. Pendant longtemps, j'ai tenté d'intégrer ces questions de manière plus incisive dans mes histoires (comment trouver l'équilibre entre l'histoire que l'on veut raconter et l'injustice que l'on veut dénoncer, sans tomber dans le pamphlet et sans nuire à l'onirisme de l’œuvre ?). Malheureusement, notre époque me désenchante et je peine de plus en plus à trouver une utilité à ce travail, et à mon travail aussi. En quoi suis-je utile avec mes mots ? Dois-je continuer à pointer du doigt nos défaillances, à dépeindre le négatif pour le dénoncer ? Devrais-je plutôt me consacrer à réenchanter le monde, si c'est possible, avec plus de rêves et de merveilleux ? Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose, ou bien ne devrais-je pas abandonner mon ordinateur pour planter des patates et me préparer à la fin du monde qu'on annonce partout ? Ça peut paraître idiot et alarmiste, mais je me pose ces questions de plus en plus (et bien entendu, je n'ai pas la réponse).

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Rozenn Illiano : En ce moment je suis dans une période d'entre deux projets. J'ai mis un point final au premier jet d'un roman intitulé Sinteval, du post-apo vampirique dont le premier tome sera auto-publié en septembre ou en octobre. Pendant qu'il se repose au frais en attendant la correction, je vais commencer à travailler sur la suite de Midnight City, un roman dont le concept est un peu particulier : il n'existe qu'en deux exemplaires (le second vient tout juste d'être lâché dans la nature) que les lecteurs doivent se transmettre de main en main. Midnight City racontait comment un écrivain à succès perdait l'inspiration et se retrouvait happé dans son propre univers, et sa suite racontera, en toute logique, ce qui vient après. Je cherche encore comment le diffuser de façon originale.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Rozenn Illiano : Pour l'heure, une seule rencontre est prévue : le 11 septembre à Rennes, à la librairie Critic pendant l'après-midi et au bar L'Heure du Jeu en soirée.

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