Les inédits de Folio SF sont rares mais souvent de qualité. Le Pouvoir de Frank M. Robinson ne déroge pas à ce qu’il semble falloir considérer comme une règle. Cet auteur et éditeur américain n’avait jusqu’alors jamais été traduit en France et ce texte date quand même de 1956.

Quand pouvoirs paranormaux rime avec course-poursuite parano

Dans un groupe d’étude sur l’endurance humaine, un des participants révèle aux autres des facultés télé kinésiques sans pour autant dévoiler son identité. Chaque personne ignore lequel d’entre eux est cet être supérieur qui semble dominer tant la matière que l’esprit. Lorsque Olson, le seul du groupe capable de le démasquer est retrouvé mort, Tanner se retrouve confronté à cet menace. Il devient le suivant sur la liste des personnes à éliminer. S’engage alors une course-poursuite intense dans laquelle le fugitif ne peut faire confiance à personne car n’importe qui peut être manipulé par l’homo superior et devenir ainsi un instrument de mort.

Un bon texte

Un texte qu’il est intéressant de comparer avec Les Plus qu’humains, car radicalement différent. Sur le thème de l’homo superior, Sturgeon livre un message d’espoir bien loin de la paranoïa de Frank M. Robinson. Ceci fait du premier un avant-gardiste doublé d’un humaniste alors que le second donne un roman haletant certes mais très marqué d’une ambiance et d’une crainte de l’autre qui correspond bien à la période de la guerre froide. En réactualisant Le Pouvoir en 1999, Robinson inclut par exemple une référence à la guerre du Golfe qui tombe comme un cheveux sur la soupe dans une atmosphère et un traitement résolument fifties. Au lieu de le mettre au goût du jour, il obtient l’effet inverse. Cependant les quelques pseudo-anachronismes, restant du domaine du détail, ne parviennent pas à gâcher le plaisir de la lecture d’un roman qui est effectivement une influence très probable du Cycle des Pouvoirs de John Farris.