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Le Quatorzième Signe du Zodiaque

Jean-Marc Lofficier ( Auteur), Jean-Michel Ponzio (Illustrateur de couverture), Maurice Limat ( Auteur), Gaston de Sainte-Croix (Illustrateur interne), Jean-Michel Archaimbault ( Auteur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/11/2006  -  livre
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Le Quatorzième Signe du Zodiaque



Dans le pur esprit de résurrection de la collection Anticipation du Fleuve Noir, Rivière Blanche publie un ouvrage original reprenant le roman Le Treizième Signe du Zodiaque, de Maurice Limat et publié en 1969, ainsi que sa suite inédite, Le Quatorzième signe du Zodiaque, écrite par Jean-Marc Lofficier et Jean-Michel Archaimbault.

Maurice Limat fut l’un des piliers du Fleuve Noir dans les années 60 et 70. Né en 1914, il publia à partir de 1940 plusieurs centaines de romans populaires, dans divers genres tels que l’aventure, le policier, la science-fiction, le fantastique, le sentimental… C’est en 1959 qu’il publia son premier roman au Fleuve Noir Anticipation, Les Enfants du Chaos, son dernier et 106ème (rien que ça !), Atoxa-des-Abysses, sortant en 1987. Une grande partie de ses romans mettent en scène deux héros récurrents, Robin Muscat et Bruno Coqdor, personnages principaux du présent ouvrage.

Jean-Marc Lofficier, co-fondateur de Rivière Blanche, est écrivain et traducteur notamment chez Black Coat Press, maison mère de Rivière Blanche. Auteur d’un certain nombre de livres et essais sur les héros de la SF pulp, il est à l’origine du Quatorzième Signe du Zodiaque dont il a produit le scénario.

Jean-Michel Archaimbault a découvert la SF à 8 ans en grande partie grâce à Maurice Limat. C’est donc naturellement qu’il écrit Le Quatorzième Signe du Zodiaque avec Jean-Marc Lofficier. Egalement traducteur de certains Perry Rhodan, il a deux autres romans en préparation chez Rivière Blanche, sur le même principe que Le Quatorzième Signe du Zodiaque.

Le Treizième Signe du Zodiaque

Un meurtre, un homme qui devient fou et une femme qui disparaît… Trois drames sur la ligne Sol-Persée en quelques semaines. Cette affaire promet d’être difficile pour Robin Muscat, futur commissaire de l’Interplan, la police interplanétaire. D’autant plus que le fiancé de la disparue, venu témoigner, meurt devant lui, foudroyé au niveau d’un tatouage mystérieux qu’il porte sur la poitrine. Ce même tatouage que l’on a retrouvé sur les deux autres victimes et qui semble lié à une organisation occulte, le Zodiaque. Il est désormais temps pour Muscat de faire appel à son ami de toujours, le Chevalier Coqdor.

Ne cherchons pas plus loin qu’il n’est nécessaire : Le Treizième Signe du Zodiaque est un roman populaire de SF, échantillon parmi d’autres de la production de Limat, qui aujourd’hui a peu de chances de capter un public autre que les nostalgiques de l’époque du Fleuve Noir Anticipation. Il possède les qualités et les défauts des pulp des années 60/70. Côté qualités, une histoire simple et efficace, du suspens, de l’action, bref un récit d’aventure basique mais qui se lit d’une traite. On peut ajouter une plutôt bonne cohérence scientifique, Limat créant un univers technologique qui n’est certes pas du niveau de la hard science d’aujourd’hui, mais qui a sa propre logique interne (même s’il est parfois un peu fainéant avec des phrases telles que « (…) le docteur Frank Dusaule (…) appuyait sur des boutons, tournait des volants, abaissait et relevait des manettes »).

Côté défauts, on trouve des personnages stéréotypés, comme le Chevalier Coqdor, archétype du héros sauveur de l’humanité, honnête et invulnérable : « Pendant toute l’année cosmique, il est au service de l’humanité, à travers les mondes où il sauve les malheureux, où il lutte contre les démons ! ». Dommage, car d’autres personnages comme Muscat sont plus nuancés et certains éléments de l’histoire, comme le bouge nauséabond d’Ulmir, sont nettement moins politiquement corrects. Mais ce qui peut énerver le plus le lecteur d’aujourd’hui, c’est sans doute la conception naïve et archaïque du rôle de la femme, souvent réduite à sa beauté, à ses émotions… et au ménage : « D’ailleurs, elle se rendait utile, aidait Monique à la préparation des repas et s’évertuait au ménage indispensable à bord du tankélec ».

Par ailleurs, l’intrigue avance par à-coups, sans qu’il y ait parfois de logique. Limat préfère mettre l’accent sur l’aventure et le dépaysement plutôt que sur la cohérence du récit, négligeant d’expliquer comment les héros obtiennent certains indices ou informations. Et la fin est quelque peu décevante, reposant sur une idée certes séduisante mais peu exploitée, et des explications finales sans véritable continuité avec l’intrigue, laissant pas mal de zones d’ombre. Tout ça pour ça, est-on tenté de dire…

Enfin, il faut quand même bien avouer que ce roman a un peu vieilli au niveau du style. Entre pragmatisme dans les explications scientifiques et emphase exagérée dans la description du danger (la multitude de termes tels que « maudit », « répugnant », « abominable »… a de quoi lasser), une certaine lourdeur s’installe, plus ou moins sensible selon les chapitres, souvent accentuée par des expressions désuètes ou ampoulées. Cela devait sans doute passer il y a 40 ans, mais aujourd’hui cela prête parfois à sourire…

La publication de ce Treizième Signe du Zodiaque relève donc plutôt de l’hommage et de la nostalgie, et surtout prépare la lecture de sa suite, plus moderne.

Le Quatorzième Signe du Zodiaque

Robin Muscat et Bruno Coqdor pensaient en avoir fini avec le Zodiaque. C’était sans compter sur le Cercle Noir, organisation criminelle qui utilise les pouvoirs du Zodiaque pour de funestes desseins. Alors que Muscat décide de révéler l’existence du Zodiaque pour mieux lutter contre lui, Coqdor préfère agir seul pour protéger ceux qu’il croit innocents. D’autant plus que l’existence même de l’Univers serait en jeu.

Après les impressions plutôt mitigées qu’avait laissées la lecture du Treizième signe du Zodiaque, celle de sa suite risquait de s’avérer du même genre. Heureusement, Jean-Marc Lofficier et Jean-Michel Archaimbault, s’ils sont restés fidèles à l’esprit du roman de Limat, ont aussi su le moderniser.

Tout d’abord, l’intrigue prend plutôt bien la suite de celle du Treizième signe, qui avait laissé quelques approximations et incertitudes pour finir un peu en queue de poisson. Plus complexe, plus riche, elle en comble la plupart des lacunes et est assez inventive. Toutefois, cela reste de la littérature pulp, avec l’accent mis sur l’aventure plutôt que sur la cohérence. D’ailleurs, c’est peut-être le principal reproche que l’on peut faire aux auteurs, qui auraient sans doute pu éviter quelques incohérences. Par exemple, Robin Muscat prétend n’avoir aucune information sur le Cercle Noir en début de roman, alors qu’on apprend par la suite qu’une de ses identités de couverture en est membre… Mais globalement, l’histoire tient la route et la fin en apothéose est la hauteur de ce que promet le récit, ne décevant pas comme celle du Treizième signe.

Autre point positif : le coup de jeune apporté à l’histoire et aux personnages originaux. Certes, Coqdor reste un chevalier bon et surpuissant, les clichés les plus naïfs sont toujours de mise (les histoires d’amour par exemple), et le langage garde toute sa courtoisie. Mais le style est plus moderne, utilisant nettement moins d’adjectifs, ce qui le rend moins lourd. Lofficier et Archaimbault sont par ailleurs plus précis au niveau technologique, même si certains termes inventés sont plus de l’ordre de l’esbroufe que de la véracité scientifique (mais rien de les empêche de s’amuser un peu !).

En revanche, une chose que le lecteur n’ayant jamais eu de Limat entre les mains risque de trouver agaçante, c’est cette propension exagérée à la référence. Il ne nous sera pas épargné la description détaillée de l’appartement de Coqdor, dont chaque objet rappelle une aventure précédente que les auteurs nous résument. Presque une dizaine de pages y sont consacrées, interrompant le récit de façon trop artificielle. D’autres éléments font appel aux œuvres de Limat, l’un des personnages étant le descendant d’un autre héros de l’écrivain.

Ces références sont le signe évident que ce roman s’adresse avant tout aux fans de Limat et d’une certaine science-fiction de l’époque. D’ailleurs Archaimbault ne s’en cache pas dans une postface présentant Limat et la genèse de cet ouvrage. Sa lucidité sur la qualité des œuvres de Limat ne l’empêche pas d’exprimer toute sa nostalgie et sa passion pour celui qui a animé sa jeunesse. Cet hommage sincère est touchant et atténue l’effet cheap de l’histoire qui aujourd’hui aurait du mal à trouver un public. Probablement anecdotique pour la plupart des lecteurs de SF. Mais les jeunes lecteurs et les fans de la première heure seront certainement ravis par cette aventure riche en dépaysement et y trouveront, comme l’écrit Archaimbault, « pas mal d’émotion, beaucoup de rêve le temps d’un récit d’évasion – à condition de ne pas céder à trop d’esprit critique négatif et de ne pas chercher à trouver là plus que ce qu’il n’y a en réalité ».

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