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Le Regard de l'Apocalypse

Juan Gimenez (Dessinateur), Roberto Dal Pra' (Scénariste)
Langue d'origine : Italien
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/07/2005  -  bd
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Le Regard de l'Apocalypse



Roberto Dal Pra’ devient scénariste de bande dessinée par hasard, poussé en réalité par des amis dessinateurs. Rapidement, il devient un scénariste en vue et collabore avec de nombreuses maisons d’édition. En 1990, il est directeur éditorial de la revue Torpedo avant d’accepter en 1995 le poste de directeur artistique de l’Ecole Internationale de Bande Dessinée puis de devenir enseignant au CentroLab à Rome où il apprend à ses élèves les techniques de scénario de bande dessinée.

Juan Giménez, de son nom complet Juan Antonio Giménez Lopez, est plus connu en France que son comparse notamment par les amateurs de science-fiction. Cet Argentin est le dessinateur de la grande saga familiale version Space Opera La Caste des Méta-Barons (Les Humanoïdes Associés). Ses débuts, il les fait dans la publicité pour laquelle il réalise des story-boards. A la fin des années 70, il quitte l’Argentine pour l’Europe. Il travaille d’abord comme scénariste pour des maisons d’édition françaises, italiennes et espagnoles avant de se consacrer au dessin.

Soleil réédite Le Regard de l’Apocalypse quinze ans après sa première parution.  

« Je regardai à nouveau l’enfant… Je me remis à trembler. A nouveau, il leva son regard vers le ciel… vers un autre de nos hélicoptères… Et celui-ci explosa en même temps que mes hallucinations ! »

1972, au cœur de la jungle vietnamienne, une escouade de GI attend les hélicoptères US avant d’attaquer un village Viet Cong. Les gars sur le terrain n’ont repéré aucune D.C.A., pourtant deux des hélicos explosent en plein vol. Seul le Sergent Dan Curry a remarqué qu’un petit garçon vietnamien fixait de son regard glacé les deux engins. Hallucinations ou réalité ?

Des années plus tard, à Los Angeles, des membres de la Triade décèdent de façon mystérieuse, leur tête explosant littéralement. Dan Curry, devenu un écrivain reconnu, décide d’enquêter sur ces morts qui lui rappellent confusément son expérience au Vietnam. Il trouve une piste qui le mène vers une étrange secte dirigée d’une main de fer par une femme qui se dit dotée du pouvoir de tuer à distance. 

« Résiste, Dan… N’aie pas peur ou tu deviendras fou ! »

Quinze ans après la première parution aux confidentielles éditions Bagheera, Soleil réédite Le Regard de l’Apocalypse, son dessinateur étant entre temps sorti de la masse des artistes anonymes grâce à sa saga La Caste des Méta-Barons scénarisée par le prolifique Alessandro Jodorowsky et publiée par Les Humanoïdes Associés. En soi la réédition est une bonne chose, surtout en bande dessinée, où les albums ne se voient pas offrir une seconde vie en poche à l’image d’un roman ou d’un essai. En ce qui concerne ce one-shot, notre impression est mitigée. Les amateurs de Giménez seront certainement ravis et certains trouveront leur compte dans la couverture qui en rebutera tout de même plus d’un. Beaucoup plus racoleuse, extrême et choquante avec cet œil énucléé qui jaillit à travers elle, elle vise un public d’ados en mal de sensations fortes.

Le scénario s’il n’est guère poussé bénéficie d’une mesure sans éclat mais bien dosée où temps de pause et action alternent intelligemment. Il est dommage que Del Pra’ n’aille pas plus loin dans le souvenir de la guerre du Vietnam. Son héros torturé et névrosé aurait mérité d’affronter son passé et pas seulement de résoudre une énigme qui n’a en soi aucun lien direct avec lui. Certes, le prologue nous montre qu’il a déjà vu l’enfant qui peut tuer d’un seul regard mais son implication s’arrête là. L’intrigue du coup perd toute saveur et ne devient finalement qu’une guerre entre différents membres de la mafia.

Le dessin éclaté et morbide de Giménez lors des scènes de tuerie rappelle par contre les horreurs du Vietnam, les corps déchirés par des missiles ou des mines. Si son trait encore jeune n’a pas la précision de celui de La Caste des Méta-Barons et que ses cadrages sont très classiques, il n’en reste pas moins que l’on sent déjà tout son potentiel pour les scènes fantastiques. Ses couleurs travaillées et aquarellées rendent l’atmosphère tantôt terrifiante, tantôt sensuelle et permet à la réalité de se perdre dans les volutes des fumées des pipes à opium ou dans les hallucinations sombres de l’écrivain du mystère.

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