Auteur français, Alexis Aubenque a déjà publié La chute des Mondes et Etat de Guerre, une série de deux romans inspirés par Hypérion et La Chute d’Hypérion de Dan Simmons. Ces romans ont rencontré un succès mitigé, dû à la complexité de la situation décrite et au nombre de personnages. A noter le style de cet auteur, qui peut rebuter ceux qui apprécient le français littéraire. La langue dans ses textes est simple, parfois répétitive ou redondante, les effets souvent artificiels et les émotions exagérées. Il vient de réaliser une nouvelle série de romans, L’Empire Perdu et Le Réveil des Titans.

Une galaxie en guerre

Ca y est ! Après avoir un peu hésité (voir L’Empire Perdu), l’Empereur Gabriel X décide d’envoyer ses troupes contre son rival Arkan et ses alliés. Pendant ce temps, à chaque coin de la galaxie, les protagonistes de cette série continuent leur vie, plus ou moins selon leurs souhaits. De nouveaux personnages apparaissent tandis que d’autres s’éclipsent. Alliances, trahisons, retournements, amour et haine émaillent cette histoire. Distillé petit à petit, nous en apprenons plus sur les titans et leur technologie miraculeuse, les prêtres conservateurs et le hérétiques.
Dans ce contexte instable, les personnages, parfois forcés par leur destin, vont devoir faire le choix d’un camp dans cette guerre où plus aucune éthique ne compte. Vie ou mort dépendront de peu de choses. En secret, puis en éclatant au grand jour, les sciences interdites, réveillées par des fanatiques, vont s’affronter et décider du vainqueur. La galaxie ne sera jamais plus la même qu’avant le conflit.
Ailleurs, ignorant des derniers événements, d’autres courageux humains tentent un voyage impossible qui sera peut-être la seule possibilité de salut de l’humanité si les Titans réveillés se déchaînent.

Une fin de cycle en forme de point d’interrogation

Le second volet de cette série confirme la structure et le ton du premier tome. Suivant plus ou moins longtemps des personnages dont les destins se croisent ou s’imbriquent, Aubenque offre un panorama de sa galaxie et de la structure sociale qui y existe. Mais contrairement au précédent volume, la galaxie est maintenant en crise. Les décisions sont fermes, rapides, radicales. L’histoire s’accélère et les destins sont plus violents. Les chapitres, toujours courts, qui nous transportent de mondes en mondes rendent la lecture presque ludique, une sorte de puzzle, de kaléidoscope de cette galaxie éclatée.
L’ambiance est plus tendue, plus approfondie. Les protagonistes s’éloignent aussi des stéréotypes un peu caricaturaux de l’Empire Perdu. Ayant mûri et réfléchissant mieux, les acteurs avancent à pas précautionneux et leurs hésitations, leurs choix sont bien rendus. L’histoire se partage cependant encore entre de nombreuses planètes et beaucoup de personnages, rendant une impression d’ensemble qui peut être vue comme confuse et perturbante.
La fin de ce tome permet de clore le cycle, d’une certaine manière. L\'affrontement entre les deux camps est terminé, mais rien n’est vraiment résolu. Que va devenir l’Empire ? Les voyageurs viennent d’arriver, mais où ? Bref, beaucoup de questions restent posées et cette série aurait besoin d’autres volets avant de se refermer.
Ce livre laisse une impression de manque. Bien qu’il semble clore l’histoire, il est réalisé comme un tome de transition, qui nous laisse sur notre faim en refermant le volume. Ce qui ressort en définitive des deux tomes, c’est qu’il nous faut encore une suite pour rendre l’histoire intéressante et complète. En l’état, je suis ressorti de cette lecture frustré et insatisfait. L’auteur n’est pas allé jusqu’au bout de son histoire – de ses histoires. Il nous présente les débuts d’un grand nombre de destins dont bien peu trouvent leur fin dans ce second volume. A la fin du premier tome, je m’étais fait la réflexion que nous verrions si cette histoire me plaisait en lisant la suite. Je ne voulais tirer des conclusions qu’après lecture du second. Je pense donc que, en l’état, Aubenque n’a pas mieux réussi ce cycle qu’il n’avait finalisé le précédent.
Déjà, dans son premier cycle (en deux volumes aussi), l’auteur avait été critiqué pour les mêmes raisons : confusion due aux nombreux personnages et fin peu convaincante. Sans aller jusqu’à nous offrir une saga comme Le Trône de Fer de Martin, nous pouvons espérer que l’auteur va cette fois reprendre la plume pour la suite de l’histoire et qu’il nous permettra de découvrir la suite de toutes ces existences entrevues dans d’autres livres de cette série.