Né à Agen en 1967, Nicolas Dumontheuil a attendu 26 ans avant de publier son premier album : L’Enclave. La suite est une succession d’albums tous plus réussis les uns que les autres (Qui a tué l’idiot ?, Malentendus, Le Singe et la Sirène....) jusqu’aux deux tomes géniaux de La Femme floue. Le voici qui récidive avec Le Roi cassé.
Pas de bol
Simon n’a pas de chance. Malgré sa désertion, il est tué à quelques minutes de l’armistice pendant la Première Guerre mondiale. C’est même le dernier mort du conflit. Aussi La Mort elle-même va-t-elle lui donner une chance. Elle est écœurée par ce charnier et se sent dévaluée par tant de cadavres... Elle propose alors à Simon de revenir neuf mois en arrière et de le déclarer par avance dernier mort de la guerre ! De quoi faire de lui un héros tandis qu’au front les hostilités cessent en attendant l’inévitable armistice.
Superbe
Le Roi cassé est comme La Femme floue un véritable éloge de l’absurde. Pendant neuf mois, Simon va devoir vivre dans la peau d’un héros qui n’est pas encore tombé sur le champ de bataille mais qui va le faire. Et le tour de force de Nicolas Dumontheuil c’est d’explorer en cent pages avec brio toutes les étapes, notamment psychologiques, de ce long parcours vers le jour fatidique. Il tire toutes les ficelles, envisage toutes les conséquences de cette situation absurde et folle. Car plus encore que face à sa résurrection, Simon va devoir garder la tête froide devant tant de célébrité puis d’oubli. Et nous dans tout ça ? On jubile, on s’émeut et l’on reste bouche bée devant tant de virtuosité. Virtuosité du scénario avec une grande place laissée aux dialogues et virtuosité du dessin qui sert admirablement cette histoire. Un grand coup de chapeau à Nicolas Dumontheuil.