Aurélie Wellenstein vit en région parisienne avec un grand chien blanc et un furet. Elle a commencé à écrire à 17 ans des romans d’ados macabres, mais c’est à 27 ans qu’elle s’est décidée à soumettre ses nouvelles à des fanzines, des revues et des maisons d’édition publiant des recueils de nouvelles.
Elle partage son temps entre l’écriture et un travail dans un hôpital. En 2015 sont publiés simultanément deux romans Chevaux de Foudre (Magnard) et Le Roi des fauves (Scrineo), roman qui se fera particulièrement remarquer en remportant le prix des Halliennales 2015, finaliste du prix Imaginales des lycéens 2016 et sélectionné pour le prix Imaginales 2016 dans la catégorie jeunesse.
En 2016 est sorti Les Loups chantants (Prix Elbakin 2016 catégorie Jeunesse), La fille de Tchernobyl (Magnard) et Le Cheval de l’Ombre (Voy’El).
Le mythe du berserker revisité
La famine sévit dans la contrée d'Ivar Kaya et Oswald. Contraints de braconner sur les terres du Jarl, ils sont pris en flagrant délit et condamnés à être transformés en berserkirs, des êtres monstrueux à mi-chemin entre l'Homme et l'animal. Durant le rituel, nos trois amis ont une vision, celle d'un Roi des fauves qui les invite à les rejoindre avant qu'il ne soit trop tard. Ils ont alors sept jours pour le trouver avant leur changement ne soit totalement irréversible. Commence alors un voyage semé d'embûches et d'interrogations pour nos trois adolescents.
Une réédition chez Pocket
Dans un univers fantasy d'ambiance nordique, Aurélie Wellenstein nous invite dans ce roman à nous plonger un univers sombre et angoissant. Je ne la connaissais que pour ces ouvrages destinés à la jeunesse, la sortie du Roi des fauves en Pocket était ainsi l'occasion de rattraper ce retard. J'aime quand les auteurs arrivent à nous conter des histoires sans fioritures, et pourtant, on sait à quel point dans la fantasy, il n'est pas rare de les voir s'enfoncer dans des pages de descriptions franchement soporifiques. Sur ce point, Aurélie me réconcilie avec le style car elle arrive à me faire apprécier son roman alors qu'à la base je n'aurais pas du tout été tentée.
Même si je trouve que la quatrième de couverture en dit trop, et je le fais moi aussi par la même occasion dans ce résumé. J'aurais sans doute préféré plus de mystère. Mais il me semble que ce qui compte dans ce roman ce n'est pas tant l'histoire racontée, mais plutôt la manière avec laquelle elle le fait. Nos trois héros, Ivar (personnage avec lequel elle se sert comme point de vue), Kaya et Oswald sont des adolescents qui vont très tôt être confrontés à une violence sans précédent, elle est d'ailleurs présente tout le long, qu'elle soit physique ou émotionnelle.
Ivar et ses amis, condamnés injustement, vont être alors amenés malgré eux dans un voyage initiatique hors du commun. La transformation de l'Homme en animal est mêlée à celle de l'enfant en adulte. Confrontés à des émotions qu'ils ne comprennent et ne contrôlent pas, la recherche du Roi des fauves est une quête qui leur donne l'espoir d'accéder à une vie meilleure. Ivar est tourmenté et dépassé par sa force qui se décuple et ses sentiments contradictoires.
La figure du berserkir est ainsi revisitée différemment, ce n'est pas un don mais une malédiction. L'Homme ne peut pas contrôler ses pouvoirs et laisse petit à petit la part d'animalité prendre le dessus. Ivar Kaya et Oswald, chacun avec leur personnalité propre, développent leur part d'animalité qui leur corresponde. Par ces 300 pages, Aurélie Wellenstein arrive à dépeindre un univers riche et travaillé, un joli premier roman qui fait écho aux romans précédents. Son attachement pour la figure du loup et du cheval notamment, mais je n'en dis pas plus.
Le roman oscille entre le rythme haletant de la course et un voyage mystique, qui se conjuguent très bien. Je n'ai pas ressenti de lassitude et j'ai été étonnée d'arriver à la fin aussi rapidement. Il s'agit donc d'une histoire de fantasy riche mais très accessible. Je n'ai donc pas été déçue et le prix remporté par ce roman est donc amplement justifié.