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Le Saint voit une soucoupe volante
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Le Saint voit une soucoupe volante

Qui d'autre que Leslie Charteris, un aventurier dont la généalogie remonte aux empereurs de la dynastie Shang et qui fut, entre autres, chercheur d'or, pêcheur de perles, mineur ou barman, pouvait créer le Saint, ce personnage que Roger Moore a interprété avec une rare élégance dans la série télévisée éponyme ? Lorsqu'il arrive en Amérique en 1932 avec seulement vingt-cinq dollars en poche, le jeune Leslie Charles Boyer-Yin a déjà publié de nombreuses nouvelles et quelques romans en Angleterre, dont les premières aventures du Saint. Il en écrivit une trentaine avant de laisser son pseudonyme et la franchise du personnage entre les mains d'autres auteurs, dont l'écrivain de science-fiction Harry Harrison (Soleil vert...) Il est à noter que près de quarante autres livres mettant en scène Simon Templar furent écrits directement en français par Edmond et Madeleine Michel-Tyl. Parmi ceux-ci figure Le Saint voit une soucoupe volante, un divertissement très agréable qui constitue l'une des rares incursions du flibustier du vingtième siècle sur la ligne d'horizon de la science-fiction.
 
Un méfait d'un genre nouveau : l'arnaque à la soucoupe !
 
Nash, un courtier en bourse neurasthénique, décide de prendre un peu de recul en effectuant une cure de repos dans une étrange clinique dirigée par le non moins énigmatique Docteur Quale, pionnier des thérapies les plus modernes. Celui-ci a en effet mis au point un appareillage issu d'une technologie révolutionnaire destiné à soigner les troubles psychologiques et psychiatriques par la télépathie. Le Docteur Quale est-il fou ? Il prétend être en contact avec Xot, un jupitérien qui lui aurait inspiré ses innovations thérapeutiques. Simon Templar, qui fréquente le même club que Nash, apprend que ce dernier a récemment envoyé à ses amis des lettres dans lesquelles il mentionne la présence de soucoupes volantes dans le ciel du Colorado. Il n'en faut pas plus à notre aventurier pour s'envoler séance tenante pour les États-Unis d'Amérique où il prendra part à l'une de ses aventures les plus rocambolesques.
 
Si la soucoupe vole, c'est de la science-fiction ?
 
Certains objecteront que ce roman n'appartient pas strictement au domaine de la science-fiction, avec des arguments tout à fait recevables. Peut-être, mais pour un archiviste opiniâtre, un roman dans lequel on rencontre un savant fou et une soucoupe volante fonctionnelle ne peut totalement en être écarté. De plus, il existe au moins une demi-douzaine de nouvelles et un ou deux autres romans qui peuvent plus ou moins marginalement être rattachés au genre. "L'homme qui aimait les fourmis", encore une histoire de scientifique dément en est un bon exemple, dans le recueil Le Saint s'amuse. Il en existe d'autres, comme cette aventure dans laquelle Simon Templar croise la route de zombies dans "J'irai à Sibao", au sommaire du recueil Le Saint aux Antilles...
 
Le Saint, c'est avant tout le flegme élégant d'une société sur le déclin, consciente d'approcher de sa fin mais qui s'obstine à vouloir périr avec panache. Cette attitude, snob jusqu'au cynisme et dont Templar a pu faire preuve dans d'autres récits de la série, n'est cette fois pas aussi marquée, mais le lecteur trouvera suffisamment de pistes pour ne pas oublier que le Saint est aussi un hors-la-loi, qu'on parle souvent de lui comme du Robin des bois des temps modernes. Et il reste au Saint bien assez de ce fond d'insolence et de hardiesse pour faire une fois de plus la démonstration de son irrésistible pouvoir de séduction. Parmi les surnoms qu'il a gagnés au fil du temps, le moindre n'est pas Le démon de ces dames... Un volume est d'ailleurs consacré à cet aspect de sa personnalité avec Le Saint et les femmes, dans lequel on trouve une autre de ses trop rares aventures fantastiques, "Aurore". 
 
Lorsque Le Saint voit une soucoupe volante, nous baignons dans une atmosphère intrigante à souhait, et si les vilains avaient eu seulement un peu plus d'envergure, ils auraient pu nous embarquer dans un voyage effréné vers des mondes plus lointains encore. Le Saint aurait alors vu des étoiles. Ne boudons toutefois pas notre plaisir, suspendons un instant notre incrédulité et, avec le même enthousiasme ingénu que Victor, le jeune comparse du Saint dans cet épisode, laissons-nous entraîner par notre héros bronzé aux yeux bleus avec une confiance absolue : à ses côtés, aucun risque de s'ennuyer ! Même son redoutable ennemi le Docteur Quale en convient : « Nous sommes tous des enfants... »

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