Mohamed Aouamri, né en Algérie en 1957, a fait les Beaux-Arts de Douai puis de Reims. Il devient illustrateur indépendant dans toutes sortes de secteurs de la pub aux jeux graphiques. Mais en parallèle, il se consacre à la Bande Dessinée et reçoit un prix en 1982 pour ses planches parues dans Pilote. Il collabore une première fois avec Tarvel sur la série Sylve dont les trois tomes, parus chez Arboris, sont aujourd'hui épuisés. Puis, ils s'attèlent tous deux à la série Mortepierre avec pour héroïne la belle Florie.
Brice Tarvel, né en 1946, est un pur autodidacte. La passion de l'écriture l'a saisi dès son plus jeune âge et c'est sciemment qu'il décide de vivre de sa plume. Il parvient à faire publier un bon nombre de ses nouvelles dans divers magasines et anthologies. Il débute sa carrière de scénariste de Bande dessinée chez les Editions Fleurus, du Vaisseau et Arboris. En 1994 naît Mortepierre de loin bien meilleure que Les Traînes-Ténèbres, série qui voit le jour en 1999 avec au dessin Peter Nielsen.
Deux amants pour alliés
Florie et sa sœur Bérengère sont toujours prisonnières de la baronne de Mortepierre, devenue totalement folle, et de sa troupe d'enfants perdus. Cette dernière veut les livrer aux ogres résidents dans les marécages. Outre l'attente du moment propice pour s'échapper, Florie doit veiller sur sa sœur qui certaines nuits se transforme en loup-garou. Mais elle ne se doute pas qu'elle peut compter sur deux alliés, Garin le Bûcheron et Valère l'alchimiste, qui sont aussi ses deux amants, dont la rencontre va être pour le moins explosive.
Des dessins superbes
Mortepierre est une très bonne série de médiéval fantastique. Chaque tome est très dense et Tarvel parvient à garder une bonne cohérence dans son scénario. Les aventures sont souvent multiples et les personnages secondaires nombreux. La langue utilisée se veut moyenâgeuse par le vocabulaire et la tournure des phrases et si la plupart du temps Tarvel réussit bien ses dialogues, parfois certaines répliques sont un peu trop " folkloriques ". Florie, l'héroïne, est une sorcière mais qui pratique plus la magie blanche que noire et qui croit fermement en son créateur. Elle est des plus attachantes et la narration à la première personne n'y est certainement pas étrangère. Dans cet album, est-ce un hasard ou une coïncidence, on retrouve un couple de Sarrasins dont l'homme est un médecin érudit qui aide son prochain, une manière de faire passer quelques bonnes idées. Mais venons-en aux dessins. Aouamri sait manier son crayon magnifiquement bien. Non seulement la construction de ses planches est réfléchie mais les cases en elles-mêmes sont extrêmement travaillées. Il parvient à la fois à donner une humanité à ses personnages tout en jouant sur des faciès parfois caricaturaux. Il recrée un Moyen-Age plongé dans l'obscurantisme et le fantastique, en y distillant notamment quelques touches gothiques (les gargouilles, le monastère…). Une très bonne BD pour aborder le monde du médiéval fantastique puisqu'elle est à la fois originale (le héros, chevalier, est ici remplacé par l'héroïne, sorcière) et classique dans sa structure.
La chronique de 16h16 !