Seconde partie de l'excellente saga de Francis Sandow, Le Faiseur de Mondes, Le Sérum de la déesse bleue peut se lire presque indépendamment de L'Île des Morts.
Une épidémie contre un miracle
Heidel Von Himack, plus connu sous le pseudo de H est atteint d'un mal étrange. Il a la capacité de guérir les porteurs de maladies incurables. Mais ce pouvoir a une contrepartie : avant de sauver ces malades, toutes les personnes qu'il croise sur son parcours contractent des maux étranges et mortels. Considéré comme un saint où qu'il aille, H a du mal à refréner les marques d'attention dont font preuve les habitants des planètes qu'il visite pour y soigner l'un des leurs, provoquant immanquablement d'effroyables épidémies. Une fois la contagion entamée, H centralise la vindicte populaire et se fait souvent lapider par ceux qui l'adoraient la veille. C'est après une punition un peu plus sévère que les autres qu'il décide de ne plus utiliser que la partie néfaste de ses facultés, propageant ainsi la mort dans toutes les contrées humaines de l'univers.
Cet étrange pouvoir à l'origine incertaine intéresse au plus haut point différents personnages qui cherchent désespérément à localiser H (ce qui n'est pas bien dur, il suffit de suivre les cortèges funéraires…). Un ancien héros de la révolution tout d'abord, qui voit en lui une arme de guerre implacable, un médecin atteint d'un mal incurable et qui est maintenu à la frontière de la vie et de la mort par toute une armada d'ordinateurs et enfin par Francis Sandow, le faiseur de mondes de L'Île des morts qui cherche lui aussi, pour une raison qu'on ignore à arrêter sa progression meurtrière.
On s'y perd un peu si on n'a pas lu le premier mais qu'est ce que c'est bien…
Ce second volume de la saga de Francis Sandow (dans lequel celui-ci n'apparaît d'ailleurs presque pas) déroute par la manière dont il est narré. Dès la seconde page, alors que nous ne connaissons encore rien des personnages mis en scène, Zelazny s'amuse à nous perdre en passant du récit de l'un à l'autre, sans changer de chapitre ni nous prévenir qu'il change de point de vue. Ce qui est gênant au début (ne vous inquiétez pas si vous lâchez tout seul dans le RER " Mais bordel on est où là ? ? ? " et que des gens que vous ne connaissez pas vous répondent " Gare de Lyon ") devient vite fascinant une fois qu'on a compris le principe.
Bien que normalement indépendant de L'Île des Morts, je vous conseille quand même de ne pas commencer par Le Sérum de la Déesse Bleue : les présentations de la mythologie et des étranges relations qui peuvent se créer entre dieux extraterrestres et humains faites dans le premier aident énormément à ne pas trop se perdre dans le second. Ce serait quand même bête de passer à côté de bouquins d'une aussi grande qualité pour une simple histoire d'ordre…
Utopiales