Sébastien Péguin est un auteur trentenaire qui travaille comme professeur d'Arts Plastiques dans un collège de la banlieue parisienne. Le Songe d'Adam est son premier roman.
Bienvenue dans la Forêt Noire
Hugo écrit une thèse sur Dyonisos. Pour finir celle-ci, il doit continuer ses recherches dans les archives de la bibliothèque d'une petite ville d'Allemagne au coeur de la Forêt Noire, Göttenberg. Il décide pour accomplir son travail d'y résider, accompagné de sa fille Morgane, âgée de 15 ans, qu'il élève seul depuis la mort de sa femme Mélanie.
La maison louée est un chalet perdu en pleine forêt avec comme seul lointain voisin, le propriétaire et ses deux fils étranges. Souvent abandonnée de longue journée par son père parti étudier les archives, Morgane trouve dans la carrière de sable blanc jouxtant leur habitation un lieu de jeu et de création artistique idéal pour s'occuper. Cependant, la rencontre irréelle de faunes inquiétantes et étranges bouleverse le quotidien de la famille. Et alors qu'Hugo passe de plus en plus de temps loin du chalet pour enquêter sur ces phénomènes étranges, Morgane s'enfonce dans un univers surréaliste et angoissant.
Un roman érudit et oppressant
A la lecture de ce roman, il est sensible que l'auteur s'est beaucoup renseigné sur les légendes de la Forêt Noire et sur d'autres légendes européennes. Pour peu que l'on soit un minimum curieux, Sébastien Péguin arrive à nous emmener dans les interrogations et pensées érudites de son personnage principal, Hugo. Il mêle astucieusement les légendes locales à son propre univers donnant un cachet réaliste à son histoire. Le quasi huis clos du chalet entre Hugo et sa fille et le faible nombre de personnages distillent une atmosphère oppressante tendant vers un drame inéluctable.
Cependant, le livre souffre de quelques imperfections gênantes. L'auteur n'arrive pas à créer un lien entre le lecteur et ses personnages. Ils sont plus des vecteurs du récit que des individus pour lesquels nous allons trembler devant les épreuves qu'ils affrontent. Autre point, bien que le vocabulaire soit riche, le style alourdit le récit et gêne la lecture. Et enfin, par naïveté ou désir d'en dire le plus possible, l'auteur nous assène de réflexions qui s'intègrent assez mal à l'histoire. Heureusement, ces deux derniers points s'améliorent dès la deuxième partie.
Ce livre suit les codes des romans de Stephen King dont l'auteur assume son influence. Bien que la première partie soit un peu rébarbative et que l'auteur n'arrive pas à créer beaucoup d'empathie avec ses personnages, lorsque l'intrigue et l'enquête accélère, le lecteur se trouve happé par le récit et l'intérêt des légendes évoquées.