On connaissait jusqu’ici Thierry Di Rollo pour ses romans de science-fiction plutôt noir. Avec lui on avait découvert des futurs sombres et désespérés, et approché la folie de très près dans
Malfrats à la petite semaine
Thierry Di Rollo là ou on ne l’attend pas. Ou presque.
Dans les premières pages du Syndrome de l’éléphant, on se dit que Thierry Di Rollo a tourné la page, au moins le temps d’un roman, de la science-fiction pour nous raconter les malheurs de ses deux malfrats de héros. Le ton est presque rigolard et on se prend à sourire devant les répliques des personnages, l’ambiance n’étant pas franchement tragique. Mais très vite il incorpore dans son récit une touche de fantastique qui va en devenir le véritable moteur. Puis il prend une route sur laquelle on ne l’attend pas en choisissant de raconter l’histoire du personnage qui semble le moins intéressant du duo. Ce faisant ils nous invite à suivre la vie d’un homme hanté qui a bien du mal tout simplement à faire des choix et à assumer ses actes. Une sorte de raté que le destin met sur le chemin de la réussite sans qu’il l’ait véritablement souhaité. Il en garde une noirceur et un certain désespoir qui nous ramène en terrain connu. Même si Le Syndrome de l’éléphant est éloigné des lendemains qui déchantent des Trois reliques d’Orvil Fisher par exemple, encore une fois Thierry Di Rollo nous convie à l’exploration de l’âme humaine et cela fait mal. Et c’est bien l’essentiel. Car derrière son côté sombre, le personnage de Launey est avant tout humain. Et même s’il manque d’empathie avec quasiment tous ses congénères, il est passionnant dans ses doutes, ses questions et sa solitude.
Si vous avez déjà lu des romans de Thierry Di Rollo, vous ne serez pas trop dépaysé par Le Syndrome de l’éléphant. Sous ses dehors plus accessibles, avec un brin d’humour et un style plus enlevé, on y trouve les mêmes interrogations de l’auteur que dans ses précédents livres. Et si vous êtes novice dans sa bibliographie, c’est sans doute un excellent moyen de rentrer dans l’œuvre de cet écrivain passionnant. Et sortie de ces considérations, Le syndrome de l’éléphant est un bon roman pour lui-même. L’empathie marche parfaitement avec les deux personnages de Launey et Jocelin et Thierry Di Rollo a su y mettre un rythme, une part de mystère, de surprise et une ambiance qui nous entraîne et poussent à dévorer le livre d’une seule traite. Une vraie réussite. En lui souhaitant de trouver un large public et de continuer dans cette voie, même un peu écartée des chemins balisés de la science fiction.
La chronique de 16h16 !