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Le Temps des Trahisons

Guillaume Fournier (Traducteur), J. V. Jones ( Auteur), Marc Simonetti (Anthologiste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/08/2007  -  livre
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Le Temps des Trahisons

Après L'Enfant de la Prophétie, le deuxième tome de la trilogie de la charmante (et fort avenante) auteur britannique J.V. Jones arrive en Livre de Poche. Le Temps des Trahisons (A Man Betrayed) continue l’intrigue nouée autour des visées impériales de l’infâme chancelier Baralis et du pouvoir du jeune Jack. Mrs Jones tient ses promesses et affirme son style dans ce second opus du Livre des Mots (Book of Words), qui fut en 1996  son deuxième roman (seulement).

L’engrenage guerrier

Les événements s’enchaînent et l’histoire s’accélère dans les Terres Connues. Tandis qu’isolés en territoire Halcus, Jack et Melli sont finalement séparés suite à une confrontation avec l’ennemi, le monde s’échaude autour d’eux. Le centre névralgique du Nord oscille entre Château-Harvell, où Kylock vient d’être couronné, et Brennes, où Maybor et Baralis continuent leurs intrigues. L'enjeu est de taille : un mariage entre le nouveau roi des Quatre Royaumes et Catherine, héritière unique du puissant duc de Brennes. La perspective de la formation d’un Empire au Nord entretient une atmosphère martiale, et cristallise les tensions, notamment dans le Sud autour de Rorne et des Chevaliers de Valdis : la prophétie du livre des Mots semble sur le point de s’accomplir.
Alors que les puissants intriguent, les deux jeunes gens de Château-Harvell sont une nouvelle fois ballottés par les événements – qu’ils commencent tout juste à essayer de dominer eux-mêmes.
 
Un cadre plus fouillé
 
A bien des égards, Jones fait évoluer la trilogie vers une plus grande cohérence. Alors que le premier tome donne parfois l’impression d’avoir été écrit au fil de la plume, le deuxième montre que l’auteur a un peu mûri à la fois le contenu et le contenant, s’attachant à intégrer le tout dans un monde plus cohérent.
 
Au niveau des personnages d’abord, Jones nous offre un tableau un poil plus nuancé : un Tavalisc plus fin, un Maybor moins vénal, un Baralis moins diabolique (mais toujours très très méchant, rassurez-vous), un Taol moins parfait… etc. L’intrigue a déserté les tours de Château-Harvell, affranchissant l’auteur des caractères trop caricaturaux de L’Enfant de la Prophétie. Et c’est tant mieux !
Le mystère autour des origines de Jack enfin se précise et s’épaissit, et, après avoir décelé plusieurs pistes tout au long du livre, on finit l’opus sans aucune certitude : un joli coup de l’auteur, donc. Notons tout de même que mis à part ça, Melli et Jack sont malheureusement "épargnés" par la nouvelle approche des personnages, et restent aussi naïfs, prévisibles et superficiels qu’auparavant.
 
Concernant l’intrigue, c’est aussi une bonne bouffée d’oxygène. On est gratifié de parcelles d’Histoire qui mettent en perspective les vérités assénées dans le premier tome, ainsi que la prophétie qui sert de fondement à l’ensemble. On évolue de la petite histoire d’adolescents-héros au "grand jeu" diplomatique d’un monde en transition.
 
Le récit est en outre très bien mené : le principe amorcé auparavant de destinées croisées se confirme avec la séparation de Jack et de Melli, qui fait qu’en somme on suit non pas une, mais bien quatre histoires (un peu à la Tolkien en fait). Bon, l’auteur s’amuse parfois à nous perdre en ne donnant aucun nom dans les premiers paragraphes de chaque nouveau chapitre, mais peu importe, voire tant mieux : on a l’impression de jouer avec l’auteur, ce qui renforce le côté badin du livre et dynamise le rythme.
 
Pour autant, on a d’abord du mal à se replonger dans la saga : il faut se réadapter au style brut de l’auteur, et on retrouve sans trop de plaisir les grosses ficelles dont Jones use et abuse pour tisser sa trame, et faire comprendre la psychologie des personnages. Des métaphores pesantes (la grosse boule de culpabilité dans l’estomac de Jack, filée à l’extrême…), quelques touches d’un pseudo-érotisme un peu lourdaud, desservent notablement le récit. Quant au fameux comique de répétition et de l’absurde (l’archevêque, le duo La Bousille-Finaud), on se sent toujours hésiter entre irritation et amusement : soit on l’attend avec plaisir, soit on saute les pages concernées avec agacement.
 
Sérieux s’abstenir
 
Au final comme dans le premier tome, il faut faire des concessions, se replonger dedans juste pour le plaisir et sans prendre ça trop au sérieux, et on passe finalement un très bon moment. D’autant qu’au-delà des spécificités stylistiques du livre, Jones approfondit bien l’univers des Terres Connues, ce qui apporte une réelle valeur ajoutée par rapport au tome 1.

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