Nombreux sont les auteurs de science-fiction qui pratiquent également le polar et certains, comme Fredric Brown, en avaient même fait leur principale activité. C’était aussi le cas de John D. McDonald, plus connu pour ses dizaines de romans, essentiellement traduits en France dans la fameuse Série Noire, que pour les deux excellents romans de science-fiction qui nous sont parvenus, Le bal du cosmos et Le vin des rêveurs. Mais pour un premier contact avec l’art de cet excellent romancier c’est peut-être par le cinéma qu’il conviendra de commencer, car John D. Mac Donald est l’auteur d’Un monstre à abattre, un livre qui a connu deux remrquables adaptations sur le grand écran, sous un autre titre : Les nerfs à vif, l’une avec Robert Mitchum et son remake avec Robert de Niro.
La pensée est-elle plus rapide que la lumière ?
En se basant sur la théorie révolutionnaire des trames temporelles, la construction d’un vaisseau intersidéral est secrètement menée par les Etats-Unis d’Amérique. Le docteur Bard, en charge du projet, a cependant fort à faire pour convaincre ses détracteurs que l’argent public est utilisé à bon escient. De plus, plusieurs inexplicables accès de folie temporaire ont eu lieu sur le site et le docteur Sharan Inly, une jolie psychiatre, a bien du mal à en trouver l’origine. Pour un peu, on croirait se trouver face à des cas de possession démoniaque ! A l’autre bout de l’univers, une race extra-terrestre qui se nomme les Veilleurs sans savoir d’où leur vient ce nom, manipule en rêve les habitants de trois mondes imaginaires où évoluent sages et barbares. Quelle est cette mission héritée de leurs lointains ancêtres et quelle est sa raison d’être ? L’ont-ils oubliée ou est-il encore possible d’en retrouver les directives ? Les Veilleurs ne savent plus que rêver dans leurs alvéoles connectées à l’ordinateur central, à l’abri d’un gigantesque bâtiment sur une planète que réchauffe à peine un soleil mourant.
Une mise en place un peu lente, mais finalement nécessaire…
Avec cette histoire originale et bien menée, et malgré un début un peu lent que l’on peut attribuer aux habitudes littéraires du siècle dernier, au cours duquel elle a été écrite (1951), John D. McDonald parvient à se démarquer nettement de la production de l’époque. La présence d’une psychiatre parmi les principaux personnages donne une dimension particulière à un récit qui aurait pu n’être qu’une histoire de conquête spatiale un peu datée, avec ses conflits politiques et financiers (toujours d’actualité, eux…) Mais heureusement pour le lecteur, la folie s’en mêle et entrouvre la porte du rêve et des étoiles, des espoirs déçus et des surprises que recèle l’infini. Les deux derniers tiers du roman récompenseront largement les lecteurs persévérants et les efforts d'attention fournis lors de la mise en place de l'intrigue seront largement récompensés par la richesse des développements. L’art de la lecture demande patience et persévérance…