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Swamp Thing - La créature du marais

Berni Wrightson (Dessinateur), Len Wein (Scénariste), Tom King (Scénariste)
Langue d'origine : Anglais
Aux éditions : 
Date de parution : 28/06/2019  -  bd
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Len Wein & Berni Wrightson- Swamp Thing

Des auteurs et des modes

Urban comics réédite les premiers épisodes de la créature du marais, créé en 1971 le scénariste Len Wein et le dessinateur Berni Wrightson dans le mensuel House of secrets. Il s’agit à l’époque de surfer sur la mode à la fois fantastique et gothique du début des années 70, qui voit Marvel et DC lancer conjointement des personnages de monstres, de vampires et de loups-garous. Len Wein est jeune et particulièrement prolifique, d’abord en duo avec son ami Marv Wolfman puis seul. On le voit travailler chez DC puis Marvel où il scénarisera tous les principaux personnages de la firme comme Spiderman ou Fantastic four. C’est à lui qu’on doit la relance des X-Men avec de nouveaux personnages comme Wolverine, Colossus ou Tornade. Il s’orientera ensuite vers l’édition et contribuera à « découvrir » Alan Moore. Quant à Berni Wrightson, jeune talent très prometteur du début des années 70, il est l’homme idéal pour dessiner la créature des marais tant il affectionne les ambiances gothique et fantastique et ce jusqu’à la fin de sa vie : il dessinera par exemple une adaptation de Frankenstein pour l’éditeur IDW de toute beauté. Maintenant, allons voir ce que Swamp Thing nous réserve…

Les surprises du bayou

Le docteur Alec Holland et sa femme Linda sont employés par le gouvernement afin de mettre au point une formule régénérative qui permettra de résoudre le problème de la faim dans le monde. Mais, comme leurs recherches suscitent la convoitise, on les envoie en Louisiane dans un bayou pour être plus tranquilles. Peine perdue : ils sont retrouvés par les hommes du conclave qui leur font une offre, puis des menaces. Ils avertissent leur agent traitant, Matt Cable. Le conclave réussit cependant à introduire un espion chez eux, un chien doté d’un émetteur dans son crâne. L’organisation passe ensuite à la vitesse supérieure et, voyant qu’Holland est inflexible, pose une bombe dans son laboratoire. Holland est brûlé vif par l’explosion et s’effondre dans le marais. Linda reprend ses recherches pour oublier son chagrin. Elle ignore qu’Alec n’est pas mort et que la formule régénérative a fait de lui un monstre, la créature des marais. Mais Holland arrive trop tard pour sauver sa femme, tuée elle aussi par le conclave. Cable l’en rend responsable et le monstre est obligé de fuir. Il est cependant repéré par un sorcier, Arcane, qui lui propose un marché : le faire redevenir humain tandis qu’Arcane prendra son apparence. Un marché de dupes qu’Holland va rompre pour empêcher Arcane de dominer le monde. Ce n’est que le début de ses aventures car la police, le gouvernement et même Batman le recherchent désormais.

Des dessins magnifiques

En relisant la créature du marais, on se rend compte que le scénario souffre tout de même de certaines faiblesses. Passons sur la générosité du gouvernement américain qui patronne les recherches de Holland. Wein enchaîne en fait des histoires en un épisode, suivant ainsi une logique éditoriale qui décourageait les histoires dites à rallonge. On a ainsi affaire à un catalogue où le scénariste coche toutes les cases possibles : loup-garou, robots, polar (avec Batman en guest star), fantômes, etc… Le concept de la série, un humain apparemment enfermé dans un corps végétal monstrueux, fonctionne bien mais les épisodes s’enchaînent vite, trop vite : au bout de dix numéros, le scénariste a épuisé ses cartouches.

Si la série vaut encore le coup d’être lue aujourd’hui, elle le doit au talent de Berni Wrightson. Très à l’aise pour dessiner les monstres, il excelle aussi à leur garder une trace d’humanité. Il sait également très bien découper son récit. Quant il est remplacé par Nestor Redondo, la série perd beaucoup, non que ce dernier soit mauvais mais son dessin n’est pas adapté à l’ambiance créé par Wrightson. Notons pour finir que le personnage de Swamp Thing doit beaucoup à Man-Thing, autre monstre des marais créé chez Marvel et sur lequel a travaillé un certain… Len Wein. Il en allait ainsi à une époque où les auteurs créaient des personnages voisins, au gré de leurs contrats chez les deux grands éditeurs.

Typique d’une époque, Swamp Thing doit son succès initial au talent de Berni Wrightson. Son impact ultérieur viendra ensuite de la complète redéfinition du personnage opérée au début des années 80 par un jeune scénariste anglais, Alan Moore. Mais ceci, ami lecteur, est une autre histoire…

 

Sylvain Bonnet

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