- le  
Les Brigades du Steam par Cécile Duquenne et Etienne Barillier
Commenter

Les Brigades du Steam par Cécile Duquenne et Etienne Barillier

A l'occasion de la sortie des Brigades du Steam, Cécile Duquenne et Étienne Barillier reviennent sur l'écriture de ce roman aux éditions Actusf.

Actusf : Les Brigades du Steam paraissent le 18 octobre aux éditions Actusf. Comment ce roman est-il né ? Qu'est-ce qui vous a donné envie de l’écrire ?

"En fait je ne voulais pas écrire un roman steampunk qui tombe dans les clichés du jour. Ou plutôt que nous maîtrisions totalement les clichés que nous voulions utiliser."

Cécile Duquenne : Ce roman est né d’une rencontre au festival de l’imaginaire de Lambesc, Autres Mondes, dans les Bouches du Rhône. Une rencontre avec… Étienne ! Voilà quelques années encore, je l’avais lu pour son guide STEAMPUNK ! et, très intimidée, alors même que je dédicaçais en face de lui, je me suis approchée de la table d’Étienne pour lui demander une petite bafouille sur mon exemplaire… Étienne a acheté et lu mes romans aussi, on a sympathisé, et l’année suivante, il me demandait d’écrire un roman ensemble.
Aujourd’hui encore, je n’en reviens pas de ma chance ! Une double chance : écrire un roman avec un auteur que l’on admire, mais aussi et surtout connaître la joie de devenir son amie.

Étienne Barillier : En mars 2015, j'ai écrit un mail pour proposer un projet à Cécile. Je suivais son travail, je connaissais son talent et ses points forts. Comme je ne doutais de rien, je lui suggérais immédiatement de multiples contraintes : un duo sans histoire d'amour, un personnage féminin au cœur du récit, un steampunk low-fi, c'est-à-dire sans exubérance et ni robots géants, un cadre qui ne serait pas parisien, et enfin les brigades du Tigre ! En fait je ne voulais pas écrire un roman steampunk qui tombe dans les clichés du jour. Ou plutôt que nous maîtrisions totalement les clichés que nous voulions utiliser.
Elle m'a répondu le jour même. Et le projet venait de naître.
Je m'en souviens, le mail s'intitulait « donc ». (Oui, j'ai un talent certain pour intituler mes mails.)

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur celui-ci ? De quoi cela parle-t-il ?

Cécile Duquenne : Les Brigades du Steam, c’est un roman steampunk avant le steampunk. Ou, plus exactement, à ses balbutiements. On y suit deux membres des célèbres Brigades du Tigre, rebaptisées pour l’occasion, dont l’un d’entre eux vient d’être « augmenté » malgré lui – je n’en dirai pas plus…
C’est un roman d’aventures saupoudrées de rouages et de paillettes de cuivre. On y aborde beaucoup de thèmes : la différence, la course à l’armement, la trahison, le deuil, mais aussi l’amitié, le patriotisme d’avant-guerre, l’espionnage, etc.

Étienne Barillier : 1910. Aix-en-Provence. Solange Chardon de Tonnerre se réveille dans une clinique. Elle est un membre de la 13e Brigade mobile. Elle a perdu un bras, elle a la mémoire en vrac et on lui impose comme coéquipier un gamin, Auguste Genovesi. À eux deux ils vont devoir résoudre une enquête qui les dépasse largement.

Actusf : Deux héros pour un duo de choc avec Solange Chardon de Tonnerre et Auguste Genovesi ! Comment les avez-vous créé ? Ce sont-ils imposés d’eux-mêmes ? Sont-ils des reflets de chacun de vous ? Je veux dire, Solange est-elle un double de vous, Cécile, et Auguste, le votre Etienne ? Ou avez-vous écrit les deux en même temps ?

"Nous avons préféré oublier qui écrit quel personnage, et nous concentrer sur nos forces : nous avons réparti scènes et chapitres selon ces forces, et il n’y a donc aucune alternance régulière ou artificielle entre nous deux dans le roman."

Cécile Duquenne : Au départ, nous avions l’idée de prendre chacun un personnage pour le faire évoluer dans sa direction. C’était une technique d’écriture à 4 mains assez classique : prendre 2 personnages afin de les faire avancer ensemble, à l’image des auteurs. J’avais Auguste, et Étienne, Solange. Nous voulions justement nous éloigner des clichés classiques sur l’autrice qui écrit la femme et vice versa.
Et puis, très vite… ça a déraillé ! Nous avons préféré oublier qui écrit quel personnage, et nous concentrer sur nos forces : nous avons réparti scènes et chapitres selon ces forces, et il n’y a donc aucune alternance régulière ou artificielle entre nous deux dans le roman. Tellement que, parfois, je ne sais même plus qui a écrit quoi.

Étienne Barillier : Nous avons commencé en nous répartissant les personnages. À moi Solange, Auguste pour Cécile. Mais la structure du roman a demandé rapidement plus de souplesse. Je pense que tous les deux avions hâte de prendre en main le personnage de l'autre.
Par chance, nous avons commencé très tôt les relectures et les corrections. Chaque personnage a ainsi pu évoluer au fil des versions, influençant les premiers chapitres comme ceux qui restaient à écrire.
Au fil du temps, chacun a acquis sa propre personnalité. Je pense qu'après quelques temps Cécile et moi entendions la même voix pour eux.
Bien sûr, certains de mes passages étaient plus personnels. Mais les corrections de Cécile, puis celles que nous faisions tous les deux ne cessaient d'aller vers une amélioration du texte. Une fois ou deux, sans que Cécile le sache, ses corrections allaient bien plus loin que ce que je voulais faire ou dire.

Actusf : Un roman, deux auteurs. Comment avez-vous travaillé ? Quelles ont-été les différentes étapes ? Comment vous-êtes vous répartis le travail ?

Cécile Duquenne : Nous avons toujours tenu à écrire à notre rythme. Ce roman devait être une affaire de plaisir et non de contrainte. Ainsi, parfois, nous écrivions même des chapitres très éloignés les uns des autres, mais comme nous avions un synopsis très détaillé, ce n’était pas un souci.
Au début, c’était plus mécanique : chacun un chapitre, selon le point de vue d’un personnage différent, en alternance régulière. Puis le récit a évolué, nous y avons vu plus clair sur la suite et fin. A partir de là, tout est allé très vite : nous avons fait plusieurs séances sur Skype autour du synopsis, pour l’approfondir au mieux. Nous avons choisi d’avance nos chapitres et… hop ! Chacun s’est mis à écrire à son rythme. Dès que l’un terminait un chapitre, l’autre allait le relire. On en profitait pour corriger tel ou tel détail qui ne collait pas entre nos chapitres.
La clé, pour réussir un roman à 4 mains, c’est la communication. On se laissait sans cesse des commentaires dans les chapitres, corrigés ou pas. Quand on corrigeait quelque chose, on laissait le commentaire, et on y ajoutait simplement : « FAIT LE… PAR… » Les sessions Skypes étaient plus des points d’étapes que des sessions de travail véritable.
L’autre point clé essentiel, c’est la confiance mutuelle, évidemment.

Étienne Barillier : Vive la modernité ! Des dossiers partagés, des fichiers synchronisés et Skype pour papoter ! Cécile a proposé une premier découpage, afin de calibrer les chapitres. Ensuite nous avons fait un synopsis assez serré. Nous nous en sommes éloignés par la suite, quand les personnages et l'intrigue nous le demandaient.
Nous n'avons connu aucun conflit. Travailler avec Cécile a été un plaisir de bout en bout. Si nous n'étions pas d'accord, un peu de compromis, un peu de discussion et nous parvenions à trouver une solution. Quand je pense à mon travail avec Cécile, je ne peux penser qu'à un seul mot : élégance.
Pour tout dire : pour certains passages, je ne sais plus qui a écrit quoi.

Actusf : Le steampunk est un genre qui vous tient particulièrement à cœur. Est-ce un genre qui vous permet de vous exprimer plus facilement ? D’aborder des sujets qui vous tiennent à cœur ou tout simplement de vous amuser et de divertir les lecteurs ?

"La capacité d’étirement et d’adaptation du steampunk est quasi infinie, et j’adore jouer avec."

Cécile Duquenne : C’est un genre dans lequel je replonge souvent, car il est à mon sens extrêmement riche et, surtout, hybride. La capacité d’étirement et d’adaptation du steampunk est quasi infinie, et j’adore jouer avec. On peut écrire de la SF steampunk, de l’historique steampunk, de la fantasy steampunk, etc. C’est comme une coloration littéraire, qui vient donner un regard nouveau sur des genres parfois figés… j’adore ça !
Par contre, je trouve que le steampunk commence peu à peu à se figer lui-même dans une forme définitive. Ce qui en faisait sa force devient peu à peu un cliché. Il faut essayer d’en sortir un peu et, avec Les Brigades, c’est aussi ce que nous avons essayé de faire.

Étienne Barillier : J'ai écrit trois livres sur le steampunk, et j'en ai lu énormément de titres. Je suis convaincu d'une chose, le steampunk doit évoluer pour ne pas disparaître en devenant la parodie de lui-même.
Quand on réfléchit aux grand mythes populaires, s'attaquer aux Brigades du Tigre d'une façon steampunk me semblait une évidence (et j'ai longtemps eu peur que quelqu'un me pique l'idée). Bien sûr ce ne sont pas les brigades de la série télévisée de Claude Desailly, ce sont bel et bien les brigades de Clemenceau !

Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ?

"Le roman se nourrit d'énormément de faits historiques, plus ou moins en arrière-plan."

Cécile Duquenne : Pas spécialement pour ma part… à l’exception de la ville d’Aix-en-Provence, qui m’a énormément inspirée pour les descriptions, notamment, et aussi l’ambiance. Et ma propre famille pour la famille d’Auguste, avec ses origines ouvrières et napolitaines !

Étienne Barillier : Les brigades ! Le roman se nourrit d'énormément de faits historiques, plus ou moins en arrière-plan. Nous sommes partis d'une base historique rigoureuse afin de nous en éloigner chaque fois que nous le désirions, ou que l'intrigue le demandait. Je me suis amusé à distiller au fil du récit quantité de références...

Actusf : Quelle est pour vous, l’œuvre de steampunk la plus incontournable ?

Cécile Duquenne : La série des Sans-Âmes, de Gail Carriger. Un OVNI d’une hybridité délicieuse !

Étienne Barillier : Question piège ! Pour moi on peut parler de La Machine à différence de Sterling et Gibson, de La Lune seule le sait de Johan Heliot ou encore des Voix d'Anubis de Tim Powers. Ce sont les textes qui m'ont définitivement fait aimer le steampunk.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Avez-vous d’autres projets en duo ?

Cécile Duquenne : Actuellement, je prends une petite pause avec l’écriture, car je sors de ma thèse et j’ai besoin de me ressourcer. Cependant, je compte reprendre prochainement, avec les corrections du tome 6 de Penny Cambriole, ma série steampunk pour les 8-12 ans, et je voudrais aussi écrire les tomes 5 et 6 des Nécrophiles Anonymes d’une traite.
Évidemment, nous avons d’autres projets en duo ! Comme la suite des Brigades du Steam… mais cela va aussi dépendre du succès en librairie. Alors, amis lecteurs… on compte sur vous !

Étienne Barillier : Je pense à d'autres aventures de Solange et Auguste, bien sûr. D'autres textes me sollicitent aussi...

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Cécile Duquenne : Avec Étienne, je serai aux Utopiales de Nantes, en dédicaces tout le week-end.
Et ensuite, on pourra me retrouver dans ma région natale le samedi 14 décembre, en dédicaces au Cultura d’Aubagne (13), cette fois-ci en solo.

Étienne Barillier : Je serai au Utopiales et au Salon de l'Imaginaire de Sèvres pour cette fin d'année.

à lire aussi

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?