Né en 1972, Fabrice Colin est un auteur prolifique qui est aussi à l'aise dans la bande dessinée que dans le roman ou la nouvelle, que ses récits s'adressent aux adultes, aux ados ou aux enfants et qu'il emprunte les voies de l'Imaginaire ou qu'il se rapproche du mainstream. Parmi la quarantaine de romans publiés depuis ses débuts en 1997, on citera Vestiges d'Arcadia, Confessions d'un automate mangeur d'opium, Kathleen, La Mémoire du vautour et plus récemment Les Étranges Sœurs Wilcox, Big Fan ou Bal de Givre à New York.
Depuis quelques mois, on savait qu'il s'était lancé dans la co-rédaction d'un roman autour d'Elric, personnage clef de la bibliographie de Michael Moorcock, géant de la science fiction et de la fantasy mondiale avec des cycles comme Elric, donc, mais aussi Erekose, Hawkmoon, Les Aventures de Jerry Cornelius ou Les Danseurs de la fin des temps. Ayant dépassé les soixante-dix ans et n'écrivant plus qu'assez peu (à noter tout de même la parution l'année dernière d'un roman dans l'univers du Docteur Who), celui-ci a accepté de revenir avec Fabrice Colin sur son personnage fétiche le temps d'un roman, la dernière aventure de l'albinos datant de 2006 pour un épisode du comics à son nom.
Maudite Stormbringer !
Après la chute de son Empire, Elric erre de par le monde avec son ami Tristelune. Il porte à ses côtés Stormbringer, une épée maléfique qui lui donne sa force et sa vitalité en échange des âmes de ses victimes.
Déprimé, Elric a décidé de se passer de son épée magique, responsable de la mort de sa bien aimée. Même s'il n'a pas pu se résoudre à s'en séparer totalement, il a fait poser des attaches pour empêcher quiconque, et surtout lui-même, de la sortir de son fourreau, quitte pour lui à succomber à la faiblesse physique qui l'accable lorsqu'il ne l'a pas en main. Mais une péripétie va mettre à mal sa détermination : Tristelune est enlevé par un groupe d'inconnu... doit-il ressortir Stormbringer pour sauver son ami ?
Un peu de magie retrouvée...
Parmi les héros croisés dans les romans de fantasy, Elric a été sans doute l'un des plus marquant pour des générations de lecteurs. Sa noirceur, son désespoir et sa lutte perpétuelle contre son épée lui ont donné un parfum fascinant qui a hanté de nombreuses heures de lecture. Il sera d'ailleurs intéressant de surveiller le succès ou non de cet Elric nouveau. Les vieux fans vont-ils se réveiller en masse pour courir l'acheter et donner un second souffle commercial à cette saga ? Les fans plus jeunes de fantasy seront-ils conquis par le personnage ? En clair Moorcock et Elric ont-ils toujours la cote en 2011 ? Réponse dans quelques mois...
En attendant, c'est avec un vrai plaisir que l'on retrouve l'albinos. La recette est réalisée correctement et le cahier des charges rempli avec succès. Fabrice Colin et Michaël Moorcock ne donnent pas une dimension supplémentaire à Elric ou une autre interprétation. Ils ne se sont pas trop éloignés de l'original. On retrouve dans cette aventure tous les éléments qui ont fait le succès de la série avec un Elric balloté par le destin et arc-boutant sa volonté contre celle de son épée.
Lire ce roman, c'est retrouver un peu de la magie des premiers volumes. C'est replonger dans l'univers de Moorcock, avec ses dieux du chaos et la Loi, avec ses multiples aventures, avec ses héros si beaux dans leur noirceur. Si vous avez savouré le cycle d'Elric, laissez-vous faire le temps d'un roman. Sans être un grand livre, le plaisir de ces retrouvailles vaut amplement sa lecture.