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Les Chroniques de Spiderwick
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Les Chroniques de Spiderwick

Quand on lit dans une interview de Mark Waters "Je crois que je suis attiré par la fantasy mais par la fantasy qui émerge d'une réalité reconnaissable. Je ne suis pas du genre à vouloir plonger dans une grande piscine de fantasy, j'ai juste envie de barboter dans la fantasy," on a envie de lui faire ingurgiter de force une tonne de sel de bains parfumé à l'eau de rose pouvant éventuellement contenir quelques traces de fantastique que Marc Lévy élabore pour les bains de siège des ménagères de moins de 50 ans, substance chimique plus qu'artistique que le dit Mark Waters a porté à l'écran en 2005.

Et puis a peine plongé dans l'obscurité au lieu de l'aimable barbotage dans un jacuzzi astiqué au Saint-Marc que l'on redoutait, on s'enfonce rapidement dans un marais trouble, dans lequel déferlent des raz-de-marée inattendus (notamment un tsunami à la sauce tomate).

Un nouveau départ ?

La famille (décomposée) Grace, une mère désemparée, son aînée mature et championne d'escrime et les deux jumeaux aux caractères opposés, s'installe dans un vieux manoir pour commencer une nouvelle vie. Mais pas sous les meilleurs auspices : les disputes vont en empirant, la maison sent le renfermé, des objets disparaissent et les murs de la vieille bicoque semblent êtres habités.

Et Jared, le jumeau taciturne, n'arrange pas les choses en exhumant un vieux grimoire rédigé 80 ans auparavant par son arrière grand-oncle, grimoire qui compile tout le savoir que Arthur Spiderwick a engrangé sur les créatures féériques toute une vie durant. En lisant cet ouvrage, Jared s'attire les foudres de Chafouin, farfadet domestique chargé par Spiderwick de garder le livre à l'abri des curiosités. La colère du farfadet n'est rien comparée à la convoitise de l'ignoble ogre Mulgarath et de ses malfaisants et serviles créatures.

Visuellement, l'univers est dense, hétéroclite et fouillé. Le grimoire rappelle les meilleures pages du Livre des fées séchées de Lady Cottington.
Les séquences liées à l'univers des sylphides se tiennent à la lisière du mièvre sans jamais verser dedans avec une grâce surannée, une mélancolie doucement souriante à l'image de la tante Lucinda.
Le manoir conçu dans la lignée des créations de William Morris arbore une dimension gothique fort adéquate pour les scènes qui vont s'y dérouler.

Une affaire de famille

Et malgré un rythme assez intense, qui s'accélère dans le vol plané à dos de griffon ou dans les scènes où les gobelins sont aux trousses des enfants, relayé par d'efficaces effets spéciaux, le film accorde une grande place à la personnalité des personnages. Et laisse opérer les particularismes de leur caractère.

Chafouin prête à rire par ses métamorphoses subites, son côté incroyable Hulk à l'échelle un millième et attendrit par sa fidélité et sa loyauté envers la famille Spidrewick.
Tête de lard est couard et glouton à souhait.
Quant aux trois héros, ils mélangent attributs des héros typiques de la fantasy et traits communs des fratries au quotidien.

Une incitation à la lecture

Waters justifie les modifications apportées à l'intrigue et l'univers par le fait que les lecteurs d'une dizaine d'années au moment de la sortie des livres sont devenus des spectateurs jeunes adultes en quête d'autres sensations. Et de fait certaines scènes me semblent un peu excessives pour les moins de 10 ans. Les touches humoristiques donnent une coloration "Bienvenue chez les ch'trolls" assez divertissante.

Et pour les spectateurs qui n'ont pas lu la saga (et dont je suis), en plus d'une séance de cinéma rondement menée, ce film apporte un sentiment d'urgence, l'urgence de découvrir l'univers original de Spiderwick, surtout les créatures écartées lors du casting.
Je m'en vais me jeter sur ces livres et les engloutir aussi goulument que Chafouin son précieux... miel.

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