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Les Chronolithes

Robert Charles Wilson ( Auteur), Manchu (Illustrateur de couverture), Gilles Goullet (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2007  -  livre
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Les Chronolithes

Robert Charles Wilson est un auteur canadien d’origine américaine. Après avoir fait ses armes en publiant des nouvelles dans des revues américaines telles que Asimov's ou The Magazine of Fantasy and Science Fiction, il écrit plusieurs romans parmi lesquels, Darwinia, BIOS et Blind Lake et reçoit entre autres les prix Aurora, Philip K. Dick, Hugo et, pour le présent roman, le John W. Campbell Memorial. Signalons également qu’il a été récompensé lors des dernières Utopiales par le Grand Prix de l’Imaginaire pour Spin. Folio SF vient de rééditer Les Chronolithes, l’occasion pour ActuSF de revenir sur cet excellent roman paru en 2003 chez Denoël Lunes d’Encres.

Entrez dans une zone de turbulences tau

Scott Warden, ressortissant américain, vit avec sa femme et sa fille de cinq ans sur une plage thaïlandaise non loin de Chumphon. Une nuit, un gigantesque monument apparaît, à quelques kilomètres de l’endroit où il vit. Impossible de le détruire ni de découvrir grâce à quelle puissance mystérieuse il a pu surgir du néant en un instant. Ce n’est que le premier d’une longue série qui surgiront au fil des mois un peu partout en Asie. Avec l’aide de son ancien professeur de physique, l’excentrique Sulamith Chopra, Scott va tenter de résoudre ce mystère. Seul indice à sa disposition, une inscription à la base de chaque monument indique qu’il commémore la victoire du Seigneur de la Guerre Kuin. Une victoire qui, d’après la date gravée, n’aura lieu que dans vingt ans et trois mois...

Demain ne meurt jamais

A de nombreux égards, le roman de Robert Charles Wilson ressemble à un classique de l’âge d’or, et rien à première vue ne vient démentir ce sentiment. Le héros est un américain de quarante ans, un peu loser, un peu paumé, qui va être confronté à un événement extraordinaire et embarqué malgré lui dans une histoire incroyable. Mais ce petit arrière-goût familier disparaît bien vite, dès que Wilson fait montre de sa capacité à manier aussi bien la vulgarisation de concepts hard science que la profondeur psychologique de ses personnages.

Que le terme hard science n’effraie pas pour autant les allergiques aux sciences dures ! Car dans Les Chronolithes, on ne fait que flirter avec la physique moderne (voire future), à l’aide de dialogues entre les protagonistes et grâce à de nombreuses métaphores aussi limpides que poétiques. Ainsi, malgré la récurrence de termes techniques entre « turbulence tau » et « feedback négatif », on n’est jamais vraiment laissé sur le côté par l’auteur. Aucun doute là-dessus, Wilson maîtrise son domaine, s'appuie dessus pour construire une intrigue solide et crédible, et pour bâtir une boucle temporelle parfaite. Parvenir à composer une variation originale n’est pas une mince affaire, et pourtant, Les Chronolithes fonctionne là où nombre de ses prédécesseurs se sont cassé les dents. Surtout lorsqu'il s'agit d'un thème aussi rebattu que celui du voyage dans le temps.

Demain, le temps sera plus vieux

Mais non content de faire un sans-faute sur le plan strictement science-fictif, Wilson se paie en plus le luxe de brosser pour chacun de ses personnages, et ce jusqu’aux plus petits rôles, un portrait d’une profondeur inattendue. Ainsi, Scott Warden, qui tente de survivre dans la société née de l’avènement des Chronolithes en s’en tenant le plus éloigné possible, lui offre l’occasion d’aborder des thèmes rarement approfondis en science-fiction et – à première vue – assez éloignés de la trame principale : l'éducation d’un adolescent, le rôle d’un parent, le divorce, etc. Et de dépeindre sur une vingtaine d’années les évolutions de la société américaine et les diverses réactions des concitoyens de Wilson face à l’avènement annoncé de Kuin avec une clairvoyance troublante. Jusqu’à cette scène où Scott passe la nuit devant son téléviseur (pardon, son panneau de divertissement) qui passe en boucle les images d’une ville détruite par l’apparition d’un Chronolithe. Ca ne vous rappelle rien ?

Seul reproche que l’on pourrait faire au roman  : son dénouement. Autant que le lecteur soit prévenu, Les Chronolithes pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Après la montée vertigineuse des cent dernières pages, nombreux sont ceux qui se sont sentis un peu frustrés par la conclusion. Mais ce n’est pas une raison pour passer à côté de ce grand roman de science-fiction, dont la force est sa narration à la première personne, empreinte d’une lucidité clairvoyante et mélancolique.

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