L'époque gréco-romaine fait recette en ce moment dans le monde de la bande dessinée. On connaissait l'inusable Alix, la figure de proue de ce genre inspiré du péplum cinématographique. Il fut longtemps le plus connu des héros antiques avant que la jeune génération d'auteurs ne s'empare de cette époque et s'en serve comme d'un décor nouveau qui dépayse les lecteurs assidus de fantasy médiévale. Le Fléau des Dieux est une des réussites du genre en plaçant le monde antique dans le futur intergalactique. Plus classique, Chaillet offre une ambiance fantastique dans La Dernière Prophétie. Thirault, lui, choisit de confronter les codes de la fantasy au monde antique.

Héros sur le retour

VI siècle post JC, L'Empire romain a perdu de sa prestance et il ne subsiste de son vaste territoire que la partie orientale. L'Occident est maintenant dirigé par Théodoric, roi des Goths, qui a établi la capitale de son pouvoir à Varenne. Face aux Barbares se dresse encore l'Empire romain oriental chrétien et à Byzance Justinien rêve de reconquérir les anciens territoires de l'Empire. Sa femme, l'impératrice Théodora Augusta, œuvre pour lui en secret et décide de confier à une équipe de mercenaires la mission de retrouver " le Tribut des Dieux ".
Epidamnos, un guerrier-mage, se charge de reconstituer la Meute de l'Enfer qui fut une équipe de mercenaires extraordinaires mais la mort de l'un d'entre eux avait conduit à leur séparation. Chacun exerce ses talents dans différents coins du monde avant que leur pierre d'Edesse ne se remette à briller…

A regarder de plus près

Cette armée de mercenaires aussi vaillants que conquérants a eu de beaux jours, mais en ce premier tome c'est une bande ayant perdu sa fougueuse jeunesse que l'on voit se reconstituer. Des héros vieillissants et sur le retour qui se font décimer dès la première attaque contre quelques malheureux morts-vivants, voilà qui n'est pas banal dans un scénario d'heroïc fantasy. C'est suffisamment original pour que l'on ait envie d'en savoir plus.

Philippe Thirault inscrit son histoire dans ce contexte antique ce qui a pour effet de créer la surprise du lecteur car le moule traditionnel des aventures barbaresques est enfin cassé. L'auteur de Mille Visages, qui a prouvé avec cette série son goût pour le fantastique, ne nous déçoit pas avec ce premier tome. Quant à Hojgaar, son trait est énergique et s'inscrit parfaitement dans la lignée du genre. Il ne cherche pas à se démarquer ni au niveau du style ni dans l'allure physique de ses personnages et le lecteur adhère d'autant plus facilement à l'histoire. Une série à découvrir donc.